Février 2019. Alors qu’elle venait de s’adjuger le bronze de la descente des Mondiaux d’Åre, Lindsey Vonn prenait congé du Cirque blanc après une carrière de tous les superlatifs. Nul ne pensait alors revoir la skieuse américaine enfiler un dossard. Pourtant, après un retour plus que prometteur sur le front de la Coupe du monde à 40 ans passé, la « Speed Queen » sera belle et bien présente aux Mondiaux de Saalbach. Et elle n’entend pas y faire de la figuration même si ses ambitions sont mesurées. « Contrairement aux autres filles, je n’ai aucune pression. Être ici, c’est la cerise sur le gâteau. Quand on a commencé à discuter avec mon équipe d’un possible retour à la compétition, mon plan était de participer aux Mondiaux en tant qu’ouvreuse. Puis, au fil de la saison, je me suis rendu compte que je pouvais être rapide et qu’un départ était envisageable. » 

Une progression au-delà de ses espérances qui a fait naître les espoirs les plus fous. Surtout que l’ancienne reine de la vitesse se trouve dans une excellente forme. « Après Garmisch, j’ai pu prendre quelques jours de repos chez moi en Floride pour me ressourcer. Physiquement, je me sens très bien et mon genou est en parfaite condition. » De quoi rêver d’accrocher une neuvième breloque mondiale à son tableau de chasse?  « Aux Mondiaux, la seule chose qui compte, ce sont les médailles. J’espère bien sûr monter sur le podium mais je pourrais très bien vivre avec une 10e place », assure-t-elle.

Si elle rêve de monter sur la boîte, l’américaine n’en fait pas une fixation. Sûre de ses capacités, elle sait que ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle puisse regoûter aux joies du podium. « Aujourd’hui, je skie techniquement beaucoup mieux qu’au cours de mes 18 premières années de compétition. Je n’ai pas perdu mes aptitudes sur les skis. Je sais que je peux gagner, mais il faut que toutes les pièces du puzzle s’assemblent et cela prend du temps. »

Un retour semé d’embûches

Si la descendeuse la plus titrée de l’histoire se montre satisfaite de son niveau actuel, elle n’oublie pas que tout n’a pas été facile depuis son retour. L’américaine a notamment dû s’adapter à l’évolution du matériel. « Le matériau des chaussures est très différent de celui que j’utilisais lorsque j’ai arrêté ma carrière il y a six ans. J’ai vraiment eu du mal à m’adapter. Il faut dire que depuis mon opération au mois d’avril, j’ai eu très peu de temps pour faire des tests au niveau du matériel. »

En dehors des pistes, Lindsey Vonn a également dû faire face à de nombreuses critiques ayant trait notamment à sa santé mentale ou sa vie personnelle. « Certaines critiques étaient complètement inappropriées et irrespectueuses. Personne n’a demandé à Marcel Hirscher si sa vie était épanouie en dehors du ski de compétition. Ces questions m’étaient exclusivement réservées », s’agace-t-elle. Elle l’assure pourtant, sa vie au quotidien n’a jamais été aussi heureuse. Son opération au genou n’y est pas étrangère. « Cette prothèse a totalement changé ma vie. Elle a aussi eu un effet bénéfique sur ma santé mentale. Avant mon opération, j’étais coincée dans une routine de douleurs. Aujourd’hui, ma qualité de vie s’est beaucoup améliorée et j’en suis très reconnaissante », confie-t-elle. 

Une dream team pour le combiné avec Mikaela Shiffrin?

À Saalbach, Lindsey Vonn est assurée de prendre part aux deux courses de vitesse. Outre la descente et le super-G, l’Américaine devrait également disputer le combiné par équipes agendé au 11 février. Reste à savoir avec qui la skieuse du Minnesota fera la paire. La principale intéressée a en tout cas réitéré ses appels du pied à Mikaela Shiffrin. « Je ne sais pas comment Mikaela se porte physiquement. Mais si elle décide de participer au combiné et que nous avons l’occasion de faire équipe, j’en serai absolument ravie. Je pense que ce serait l’une des choses les plus cool dans l’histoire du ski de compétition d’avoir deux filles qui comptent 181 victoires en Coupe du Monde réunies dans une même équipe. » Si le format a encore ses détracteurs, nul doute qu’une telle association serait à coup sûr l’un des moments forts de la quinzaine autrichienne.

Quentin Hiroz