C’est les championnats de Suisse en Coupe du monde de descente! Après Beaver Creek, Val Gardena et Bormio, les spécialistes de la vitesse helvétique ont encore réalisé un magnifique doublé sur la descente de Wengen avec le nouveau triomphe de Marco Odermatt sur le Lauberhorn devant Franjo von Allmen. Totalement fou, surtout lorsque l’on songe que les skieurs rouge à croix blanche étaient bien plus attendus que lors des dernières sorties, devant un public acquis à leur cause.
Les résultats fantastiques des derniers mois ont décuplé l’engouement autour de nos athlètes. Dans la station oberlandaise, ce sont 40’000 fans – un record d’affluence -, affublés de drapeaux, de cloches et bien d’autres artifices, qui se sont pressés pour encourager « Odi » et se coéquipiers. La ferveur populaire se mesurait par la longue file d’attente pour prendre le train à crémaillère qui relie Lauterbrunnen à Wengen, puisqu’il fallait s’armer de patience pendant deux heures avant de trouver place dans un wagon. « C’est totalement fou, tous ces fans pour soutenir notre belle équipe », lance dans un grand sourire Marco Odermatt qui a une nouvelle fois fait étalage de tout son talent. « Cela ressemble à un rêve », poursuit le Nidwaldien, conscient de marquer l’histoire de son sport.
La revanche de Marco Odermatt
La pression, le prodige d’Hergiswil ne la subit que très rarement. Même lorsque la course est repoussée de quinze minutes à cause du vent ou longuement interrompu après la chute de l’Autrichien Vincent Kriechmayr. Au contraire, Marco Odermatt était déterminé à se venger d’une performance en demi-teinte la veille en super-G (7e). « Pour moi, c’était important de montrer une réaction », poursuit l’homme qui a triomphé pour la 43e fois en Coupe du monde, la quatrième en descente. « Je voulais vraiment gagner aujourd’hui et les émotions sont folles. » Son énorme cri au moment de franchir la ligne d’arrivée en première position témoignait de la rage du champion, revanchard.
Car le leader de la Coupe du monde a dû s’employer pour aller déloger Franjo von Allmen de son siège de leader et qui, comme la veille en super-G, skiait à nouveau sur un nuage. « C’est magnifique ce que réalise Franjo. Ce qu’il fait à son jeune âge en vitesse, c’est extraordinaire », applaudissait Marco Odermatt, fier de « faire partie de la meilleure équipe de ski du monde ». Quelques instants plus tard, Franjo von Allmen rendait la pareille à son leader. « Marco est une magnifique locomotive pour tout le monde. Il nous montre que tout est possible et, nous les jeunes, on peut en profiter pour faire de belles performances. »
Franjo von Allmen, comme un vieux routinier
Avec Alexis Monney, Franjo von Allmen fait partie des plus jeunes skieurs membres du top 30 de la descente, une discipline qui requiert normalement de l’expérience. Mais pour le Bernois de 23 ans, le talent n’attend pas le nombre des années. « Les jeunes de l’équipe ont vraiment bénéficié de l’apport de Franz Heinzer », analyse Justin Murisier. « Swiss-Ski a fait tout juste en laissant un entraîneur de cette qualité, qui plus est ancien coureur, en Coupe d’Europe. Des gars comme Franjo ont ainsi pu apprendre la vitesse, sans se stresser. Et là, il débarque en Coupe du monde avec déjà une certaine expérience. » À le voir dévaler la mytique piste du Lauberhorn, le skieur de Boltigen ressemble davantage un routinier qu’à un jeune premier.
Et pourtant, le triple médaillé d’argent des Mondiaux juniors de 2022 ne dispute que sa deuxième véritable saison sur la Coupe du monde, et sa fiche de statistiques recense déjà 5 podiums en 23 courses. « C’est difficile d’exprimer ce que je ressens. Je vais réaliser ces prochains jours ce que je suis parvenu à accomplir », sourit Franjo von Allmen au moment de décrire ses émotions après un week-end de folie qui l’a vu remporter sa première victoire en Coupe du monde en super-G vendredi avant de monter sur son cinquième podium en Coupe du monde dans la discipline reine.
La fête avant Kitzbühel
Mais une chose est certaine, le Bernois et Marco Odermatt promettent d’enflammer ce soir la station de Wengen aussi brillamment que la piste ce midi. « Franjo est un très bon partenaire pour faire la fête », se marre Marco Odermatt. La soirée s’annonce animée avant de prendre la direction de Kitzbühel en début de semaine prochaine avec, pour les skieurs suisses l’objectif de faire aussi bien qu’en 2022 lorsque Beat Feuz et Marco Odermatt avaient réalisé le doublé. Et ça tombe bien, car remporter la descente sur la Streif est le plus grand objectif de l’hiver du Nidwaldien qui rêve enfin d’inscrire son nom au palmarès de la mythique épreuve autrichienne.
Johan Tachet/LMO, Wengen