Kitzbühel, la Streif, les courses de la Hahnenkamm. Les mots “mythique” et “légendaire” y sont souvent associés. Côté sport, c’est un weekend de fortes émotions, des images mémorables, de gloire mais aussi souvent de drame. C’est aussi une énorme fête, une occasion qui rassemble le gratin du ski et de la société, avec des noms comme Arnold Schwarzenegger ou le chanteur de Schlager Andreas Gabalier, et des soirées telles la Weisswurstparty. 

Et Kitzbühel, c’est un festival populaire, avec des fans venus de partout. En tout, 85’000 spectateurs sont attendus sur les trois jours de courses, dont 45’000 samedi seulement. C’est sans compter les nombreux fans qui font le déplacement juste pour l’ambiance, cannette de bière à la main, drapeau au bout du bras et trompette aux lèvres. 

Mais pour vraiment comprendre ce que c’est que de vivre le weekend de la Hahnenkamm à Kitzbühel, nous avons demandé à quelques vrais habitués de s’exprimer, pour apprendre de leur bouche ce que ces courses représentent pour eux. 

Johan Clarey – Engouement et ferveur

Véteran du Cirque blanc, le Français participe pour la 14e fois aux courses de la Hahnenkamm. Et il ne s’en lasse toujours pas. “On reste toujours fasciné par le mythe de Kitzbühel. Je suis même fasciné par le nombre de gens qu’il y a. Rien qu’à l’entraînement, il y avait pas mal de personnes. On a beaucoup de courses où il y a moins de monde que ça! Donc rien que ça, c’est super. Samedi, ça va être une super fête. Il y a un engouement, une ferveur qu’il n’y a pas ailleurs. L’organisation est démentielle, il y a des écrans partout. Pour les spectateurs, c’est super à suivre. Tout est fois dix partout!”

Beat Feuz – Un statut énorme

“Kugelblitz” a décidé de disputer sa dernière course dans la station autrichienne, où il a trois fois été vainqueur. Un signe du respect qu’il porte à cette piste. “Kitzbühel est une des courses les plus importantes, si ce n’est la plus importante sur le Cirque blanc. Pour nous, Suisses, Wengen fait aussi partie de cette catégorie. Elle a un statut énorme pour les athlètes. Même à l’entraînement, plus de gens viennent nous voir probablement qu’à bien des courses de Coupe du monde. C’est là qu’on voit l’importance que Kitzbühel a.”

Dominik Paris – Une foule d’émotions

Comme Beat Feuz, l’Italien a trois fois remporté la descente de Kitzbühel. Mais c’est l’ambiance ici dont il se rappelle tout autant que de ses victoires. “Kitzbühel, c’est toujours très spécial. Le ski a une telle importance ici, c’est vraiment un énorme événement. Et pour pouvoir dompter une piste si difficile, ça demande beaucoup de chaque athlète.Tout ça fait que cette compétition est vraiment exceptionnelle. Nous autres athlètes, nous vivons de ces émotions. Plus il y a de foule, plus on ressent ces émotions. Moi, la foule me motive. Je sais que quand il y a foule, c’est un jour de compétition. Et je vais tout donner pour montrer ce dont je suis capable.”

Didier Cuche – Une piste qui fait peur

Il est le roi incontesté de la Streif avec cinq victoires sur cette piste. Mais cela fait qu’il connaît les dangers peut-être mieux que quiconque. Et après toutes ces années, il se montre toujours aussi impressionné. “La piste peut paraître simple, elle peut paraître plus facile qu’une autre année. Mais finalement, sans crier gare, une erreur se passe. Il y a des grands champions qui se sont fait très peur ici, c’est la preuve que personne n’est à l’abri sur cette piste, et le passé a montré aussi que les grands champions sont tombés ici. Ça me fait un peu froid dans le dos quand je réfléchis comment c’est possible d’avoir eu autant de succès ici: je ne suis jamais tombé et je n’ai pratiquement jamais été à la limite de tomber. J’ai eu juste deux fois des frayeurs en 35 passages sur cette montagne. Je ne m’explique pas toujours. Mais je suis content d’être ici en bas pour ne pas devoir remettre le couvert!”

Arnaud Boisset – Une parfaite préparation

Le Valaisan a pu faire l’expérience de la Streif pour la première fois cette semaine à l’ entraînement. Le denivelé de la pente l’a évidemment impressionné, mais aussi l’excellente préparation de la piste et le professionalisme des organisateurs. “Déjà, quand on met les bâtons par-dessus le portillon et on voit l’écart qu’il y a entre la pointe des skis et la pente, ça nous donne une idée. Après, on regarde devant et on voit la deuxième porte qui est déjà tellement à droite, on a l’impression qu’elle est à 100 mètres et qu’elle est impossible à prendre. Mais on sent qu’il y a de l’expérience au niveau des traceurs et qu’ils ont trouvé le parcours le plus optimal possible pour que ce soit le plus beau à skier sur la piste même s’il n’y a pas beaucoup de place. Le parcours est vraiment bien adapté avec la piste.”

Sim Sim Wissgott, Kitzbühel