« C’est beau de pouvoir commencer l’année 2025 de cette manière! » Gaël Zulauf a le sourire et ça se comprend. Encore jamais monté sur la boîte en Coupe d’Europe, le spécialiste de vitesse (24 ans) vient d’enchaîner deux podiums en deux jours, lors des deux descentes disputées au Pass Thurn, en Autriche.

« Hier (ndlr: jeudi), c’était une longue journée car il y a eu du brouillard sur le bas de la piste », raconte le Vaudois. Le départ a d’ailleurs été repoussé de 10h15 à 13h. « Mais au final, ça s’est ouvert et il y a eu de belles conditions pour tout le monde. » De quoi lui donner des ailes. En effet, le skieur du Pays d’Enhaut n’a été battu que par son compatriote Alessio Miggiano. Ce vendredi, il a cette fois terminé meilleur Suisse, mais a dû céder la vedette aux Autrichiens Felix Hacker et Vincent Wieser. « Mais c’était vraiment bien, il y avait un grand soleil et c’était parfait. »

Sur la Stelvio pour l’expérience

Après un hiver passablement perturbé par une blessure à la cheville droite, Gaël Zulauf retrouve ses meilleures sensations. « C’est vrai qu’avant le début de saison, j’étais un peu dans le doute, je ne savais pas trop où me situer. » Heureusement pour lui, le médaillé de bronze du super-G des Championnats du monde juniors 2021 a rapidement levé les doutes. « À Santa Caterina (en Coupe d’Europe), j’ai vu que sur certains secteurs, je parvenais à rivaliser avec les meilleurs. »

Ses bons résultats en Italie (12e et 8e en descente) lui ont ouvert les portes de la Coupe du monde. Le Vaudois a en effet été retenu par le staff de Swiss-Ski pour les entraînement à Val Gardena et à Bormio. Et il a su saisir sa chance, puisqu’il a pris son premier départ en Coupe du monde sur la Stelvio (48e). « C’était très intéressant pour l’expérience et ça m’a permis de repousser quelque peu mes limites, surtout là-bas, ça m’aide bien aujourd’hui. » Au Pass Thurn, il a profité de cette expérience et d’avoir découvert la piste lors d’un super-G estampillé FIS juste avant Noël.

En salle d’attente pour la Coupe du monde

Pourtant, malgré ses résultats probants, les portes de la Coupe du monde ne devraient pas forcément s’ouvrir à nouveau tout de suite pour Gaël Zulauf. La faute à une homogénéité complètement folle en Suisse, avec de nombreux descendeurs capables de briller à chaque course. « Avec le problème de places actuellement en Suisse, on savait que la Coupe d’Europe serait privilégiée cette saison, il n’y a pas de problème. » Pour rappel, seuls huit Suisses peuvent prendre part aux descentes de Coupe du monde au maximum, en plus de Livio Hiltbrand et Lars Rösti, qualifiés grâce à leur top 3 au classement de la discipline en Coupe d’Europe la saison dernière.

Désormais, le natif de Château-d’Œx occupe la 4e place du classement de la descente et peut rêver d’un top 3 en fin d’hiver. « En Suisse, on est obligés de se fixer ces places fixes comme objectif », rappelle-t-il. « J’ai fait un pas dans la bonne direction même si la saison reste encore longue. »

Celui qui partage la majorité de son temps avec ses collègues romands Christophe Torrent et Denis Corthay ne pense donc pas être appelé pour Kitzbühel la semaine prochaine. « Le plan, c’est vraiment la Coupe d’Europe. Mais on n’en a pas parlé avec les entraîneurs. Ça dépendra aussi peut-être des résultats du premier super-G lundi au Reiteralm. » Deux super-G sont en effet programmés dans la station autrichienne lundi et mardi, alors que le premier entraînement sur la Streif est lui aussi prévu mardi. « On verra bien, de toute façon, on sera sur place, en Autriche alors tout est ouvert. »

« Continuer sur cette lancée »

Reste que la densité actuelle de la vitesse suisse impressionne même jusqu’au Vaudois. « C’est assez fou de savoir que les descendeurs sont déjà cinq à être montés sur le podium (ndlr: Marco Odermatt, Justin Murisier, Alexis Monney, Franjo von Allmen et Stephan Rogentin). C’est presque plus facile de me comparer aux Autrichiens avec qui je rivalise en Coupe d’Europe et qui ont marqué des points en Coupe du monde récemment. Ça prouve qu’on n’est pas loin. »

Certes, Gaël Zulauf est conscient que les pistes de Coupe du monde ne sont pas les mêmes qu’à l’étage inférieur, mais il voit l’avenir avec optimisme. « On sait que le pas n’est pas facile à faire, mais lorsqu’on joue devant en Coupe d’Europe, on se doit d’y croire. » Sa confiance, en tout cas, est boostée. « C’est clair que je suis libéré, ça va dans le bon sens. Je veux continuer sur cette lancée! Dans l’engagement, je sens que ça va de mieux en mieux, je parviens à tendre les lignes et à prendre les risques nécessaires », se réjouit le Vaudois, que rien ne semble pouvoir arrêter en ce moment.

Laurent Morel