La Vaudoise de Verbier est revenue à la compétition in extremis cette saison, un an après avoir annoncé sa retraite. Les résultats ne sont pas encore tout à fait là, mais la championne prend du plaisir comme jamais sur le Freeride World Tour. Et elle ne serait pas contre continuer jusqu’aux Jeux olympiques en 2030. Entretien.
Il y a un an et demi, Elisabeth Gerritzen était sûre qu’elle en avait fini avec la compétition. Elle a annoncé son retrait du Freeride World Tour, prête à se réinventer. Revenue cet hiver avec une wildcard suivant la blessure de Sybille Blanjean, elle n’a pas encore retrouvé les sommets où elle a longtemps évolué. Mais la motivation est de nouveau là. Et elle a bien l’intention d’en profiter aussi longtemps que possible.
« À la base, j’avais vraiment pris ma retraite des compétitions », a affirmé la Vaudoise lors d’un jour off à Mestia, où les riders attendaient que la météo se dégage pour pouvoir disputer la 4e étape de l’hiver en Géorgie. « Mais ça m’a manqué de voyager, de faire partie d’un collectif, d’avoir une motivation de pousser mon ski aussi. En vrai, l’année passée sans World Tour a été une saison assez difficile où j’avais de la peine à donner du sens aux choses que je faisais. »
Un timing parfait
Celle qui a été sacrée championne du FWT en 2021 était encore en train de se chercher lorsqu’elle a reçu le coup de fil de Laurent « Lolo » Besse, commissaire de course du Tour, qui lui a offert une wildcard pour revenir à trois jours du début de la compétition à Baqueira Beret. Une surprise mais, au final, aussi une réponse à ses questions.
« J’étais à fond dans des réflexions de comment je pourrais recréer l’environnement que j’avais sur le World Tour dans un autre pan de ma vie, un environnement qui m’a beaucoup plu et m’a beaucoup portée. Cette intensité, faire partie d’un truc très collectif, c’est quelque chose dont j’ai besoin dans ma vie. » La décision de revenir était donc facile. « Ma tête a dit: ‘Ben non, t’as commencé ce travail de réflexion, tu devrais aller jusqu’au bout’, mais mon cœur était hyper au clair. Je n’ai pas hésité très longtemps. »
« Comme un processus de deuil«
Sa brève absence du circuit a eu du bon: Elisabeth Gerritzen sait mieux apprécier maintenant ce petit monde dont elle a fait partie pendant sept saisons et 30 compétitions. « C’est comme un processus de deuil, t’as besoin de perdre quelque chose pour te rendre compte de la valeur que ça avait pour toi. Pour moi c’était un truc donné que je faisais partie du World Tour, c’était ça mon identité. Maintenant de revivre tout ça, de manière tout à fait surprenante et sans m’y attendre, il y a quelque chose d’hyper beau. »
À 29 ans, celle que ses coéquipiers décrivent en plaisantant comme la « maman » du groupe n’est plus la même que lorsqu’elle a fait ses débuts sur le Freeride World Tour. Ayant toujours cherché à équilibrer sa carrière sportive avec d’autres occupations, elle a terminé ses études de droit et est maintenant juriste. Mais ses yeux brillent à la perspective des premiers Championnats du monde l’an prochain.
Si le freeride devient une discipline olympique, pourrait-on voir Elisabeth Gerritzen continuer jusqu’en 2030? « À voir! », dit-elle en rigolant. « C’est quelque chose qui me motive dans la théorie en tout cas. Après, le point d’interrogation, c’est mon niveau de ski. Je me sens bien sur le ski mais le niveau évolue très vite et les runs gagnants de mon époque sont des runs de top 5 maintenant. Donc la motivation est là mais la question va être est-ce que j’arrive à me mettre à niveau, et surtout à rester à niveau. »
« L’année où je profite le plus »
Quatrième à Val Thorens, la championne a moins bien performé sur les autres étapes cet hiver et devra plaquer le genre de run qui l’a vue triompher deux fois à l’Xtreme de Verbier si elle veut survivre au Cut à Fieberbrunn ce week-end.
Mais la Lausannoise prend du plaisir comme jamais sur le Tour. « Après cette pause, je crois que c’est l’année où je profite le plus, alors que j’ai fait ça pendant sept ans. De ne plus avoir eu ça pendant un moment et tout d’un coup de revenir, j’ai un peu les yeux d’un enfant qui découvre les choses. Aussi de par mon âge et le niveau qu’il y a sur le World Tour, je sais que ça ne va pas durer pour toujours. C’est de l’ordre de ‘Profite tant que ça dure, c’est trop beau ce que tu vis, tu crées des souvenirs pour toujours’. »
Du coup, Elisabeth Gerritzen a de nouveau mis de côté ses réflexions sur l’après-carrière. « Je n’ai toujours pas de réponse. Mais affaire à suivre! »
Sim Sim Wissgott, de retour de Mestia