Des Alpes aux Pyrénées, de Verbier à Ordino-Arcalís, le voyage peut être éreintant. Alors quand la plupart choisissent de voler entre la Suisse et la Catalogne avant de monter en Andorre, Maude Besse et Elisabeth Gerritzen préfèrent co-voiturer, ensemble. Les onze heures de voyage ne perturbent nullement les deux skieuses romandes qui s’amusent à chanter sur les playlists musicales fournies par leurs abonnés sur les réseaux sociaux. “C’est trop cool d’être avec Maude sur le Tour, se réjouit Elisabeth Gerritzen. Mais ça me met de la pression car objectivement, Maude est l’une de mes principales concurrentes.” 

Sur le Freeride World Tour, dont la première étape aura lieu vendredi dans la Principauté, les deux skieuses de Verbier se posent en grandes outsiders. Le feu de Maude Besse, qui renoue avec le tour mondial après une grosse blessure au genou, et la sagesse d’Elisabeth Gerritzen, qui prend part pour le cinquième hiver de suite au FWT, doivent faire mouche.

Elisabeth Gerritzen: “Je suis bien dans ma tête et sur mes skis”

“Je suis abonnée aux 3es places mais ce n’est pas le rang le plus plaisant, car c’est la dernière des premières places comme j’ai coutume de le dire”, rigole la Lausannoise, exilée sur les hauteurs bagnardes, qui a travaillé dans le but de prendre davantage de risques au moment de droper. “J’aimerais montrer ce que je sais faire en me mettant moins de pression”, confie celle qui a remporté l’Xtreme de Verbier en 2019 et qui fait désormais partie des “meubles” sur le Tour. 

Après une troisième place au classement général en 2019, ainsi que deux cinquièmes en 2018 et l’an passé lors d’une saison tronquée par la crise sanitaire, la Vaudoise fait partie des candidates au titre mondial de la discipline, sans pour autant en faire son objectif principal. “J’ai envie de skier davantage dans la spontanéité et de ne plus calculer”, poursuit la skieuse qui se dit “bien dans la tête et sur les skis”, avant de lancer un hiver plutôt tardif compte tenu de l’annulation des étapes d’Hakuba (JPN) et de Kicking Horse (CAN).

Maude Besse: “Une blessure qui m’a permis d’apprendre beaucoup de choses”

Ce sont d’ailleurs deux compétitions qui attendent les riders à Ordino-Arcalís pour lancer une saison express qui se terminera dans un mois avec l’Xtreme de Verbier. “Mon objectif est de me qualifier pour la finale sur le Bec des Rosses, lance Maude Besse. Mais j’espère surtout prendre du plaisir, car je reviens après deux ans de pause”. La Valaisanne retrouve la compétition après avoir été victime d’une déchirure du ligament croisé antérieur du genou droit en janvier 2019, quelques jours seulement après avoir pris la 2e place de l’épreuve d’Hakuba pour ses débuts sur le FWT. “Je n’ai plus aucune trace de ma blessure”, assure la skieuse de Bruson pour qui cet accident a été “une bonne expérience personnelle”. “J’ai appris durant cette période que notre corps est véhiculé par notre esprit et que c’est grâce à notre esprit qu’on se sent bien sur nos skis et qu’on se sent bien tout court.”

Un pas en arrière pour mieux sauter, en quelque sorte. Car Maude Besse possède une nouvelle approche de la montagne. “Cela m’a fait plus réaliser à quel point notre discipline est liée à notre personnalité, à notre plaisir et à notre liberté. Le but est de pouvoir créer une ligne qui nous fait plaisir, pour vivre le moment présent et profiter de ces sensations qu’on retrouve difficilement ailleurs.”

Mission accomplie, dès vendredi, dans la poudreuse andorrane?


Yann Rausis: “Je suis plus serein et détendu avec l’expérience”

“Nous avons longtemps cru qu’il n’y allait pas avoir de saison, nous sommes donc bien contents que celle-ci puisse avoir lieu. Avec le temps, j’aborde les compétitions de manière différente, plus détendu, je suis plus serein. Je sais mieux comment je fonctionne, j’ai davantage d’expérience pour les reconnaissances des faces notamment. J’ai travaillé l’été dernier, hors ski. Pour moi c’est nécessaire de me changer les idées en faisant autre chose, car je vois ma pratique du ski plus comme une passion que mon métier. C’est important de garder une forme d’indépendance personnelle. Mais je me réjouis de commencer la compétition sur une face où j’étais monté pour la première fois sur le podium en 2017.”

Carl Renvall: “C’est excitant de retrouver la compétition”

“C’est toujours excitant de retrouver la compétition. J’aime bien le fait que tout soit condensé sur un mois. Pendant ce laps de temps, on a vraiment la tête uniquement à ça. Le but sera bien évidemment de me qualifier pour le Bec, car c’est une face où on peut réellement montrer ce que l’on vaut. Personnellement, j’ai aussi évolué ces dernières saisons. Sur mes skis, je suis un peu plus intelligent, un peu moins fou-fou. Mais la motivation est toujours identique.”

Johan Tachet