Mardi, la vie de skieuse de Charlotte Chable a une nouvelle fois basculé. Sous le soleil de Saas-Fee, sur le glacier de l’Allalin, la Villardoue a senti son genou droit lâcher, comme cela a déjà été le cas à plusieurs reprises au fil de sa carrière. Un appui un peu fort, un ski qui « mord » dans la mauvaise direction et une jambe déséquilibrée. Verdict: rupture totale du ligament latéral interne et récidive de rupture du ligament croisé antérieur. La poisse colle au spatules de la talentueuse skieuse de 25 ans, qui retrouvait d’excellente sensations sur ses nouveaux skis (Salomon), après de longs mois à douter. Après avoir passé de longues heures à sangloter, Charlotte Chable a réagi avec énergie, comme elle le fait toujours, pour se projeter sur la suite. Interview.

Charlotte Chable, déjà, comment allez-vous?

Physiquement, ça va mieux. J’ai moins mal au genou depuis hier et je marche sans béquilles, simplement avec une attelle. L’opération est prévue vendredi prochain à Martigny. J’appréhende car je connais ça et j’avais passablement souffert la dernière fois.

Et mentalement?

Cette blessure est évidemment très dure à encaisser. En effet, je me sentais très bien physiquement, j’étais en forme comme jamais. Je prenais du plaisir sur les skis comme je n’en avais pas pris depuis longtemps. J’étais sur une nouvelle marque avec une nouvelle motivation qui m’a permis de retrouver cette légèreté qui me permet de bien skier.

Lorsque c’est arrivé, j’ai tout de suite compris. Cependant, je ne voulais pas y croire. Je me disais que ce n’était pas possible. Les deux premiers jours après ma blessure, je me suis posé beaucoup de questions, je me demandais ce que j’avais fait faux. J’avais tout pour bien faire et j’avais énormément travaillé pour renforcer mon genou.

Je me suis toujours accrochée, en me disant qu’il fallait continuer d’y croire. J’étais réellement persuadée que ça allait finir par marcher, que j’allais revenir au premier plan. C’est vraiment très difficile à accepter.

Vous vous dites que le sort s’acharne contre vous?

Je ne sais pas si mon corps accepte les charges que demande le ski de haut niveau. Lors de mes précédentes opérations, le chirurgien a certes observé une morphologie qui peut faire que le ligament « pète » à la moindre torsion, mais il avait vraiment renforcé cette zone. Les os avaient même été poncés afin d’éviter que cela se reproduise à cause du frottement. J’avais en outre effectué un travail physique conséquent pour éviter tout problème.

Du coup, on imagine que c’est compliqué de se projeter sur un éventuel retour sur les pistes.

En effet, pour l’instant, c’est dur. J’aime la vie de skieuse, vraiment, mais je sais aussi tout ce que je dois refaire pour revenir à mon meilleur niveau. Je ne veux pas me précipiter alors je vais effectuer ma rééducation au mieux, pour retrouver l’ensemble de mes capacités et être prête à skier à nouveau. Ensuite, j’aurai le choix de revenir ou alors de mener ma vie en dehors du sport de haut niveau. Je veux avoir toutes les cartes en main pour prendre ma décision dans 6 ou 7 mois lorsque je serai bien physiquement, mais actuellement, il n’est pas certain que je reprenne.

Du coup, vous imaginez une vie sans ski?

Je vais essayer de faire d’autres expériences durant ma rééducation, de découvrir de nouveaux domaines. Je suis actuellement des cours par correspondance pour obtenir un Bachelor en communication et c’est un domaine qui me plaît. Par ailleurs, je reste intéressée par l’école de physiothérapie. Les idées et les projets, ce n’est pas ce qui manque. J’ai besoin de voir ce qu’il possible de faire en dehors du ski.

Laurent Morel