“Phénoménal”, Hans-Peter Bichler, le chef du télémark suisse, enlace Amélie Wenger-Reymond et Stefan Matter. Les deux Suisses, auteurs d’une démonstration sur le sprint, ont été sacrés champions du monde ce vendredi à Rjukan pour une nouvelle domination helvétique en terres norvégiennes, là où a été inventé le télémark

C’est l’incontournable Amélie Wenger-Reymond qui a ouvert le feu d’artifices. Toutefois, la Valaisanne a dû se battre pour aller chercher une troisième médaille d’or en autant de jours de compétitions dans ces Mondiaux après la classic et le Team Event. “J’ai connu une première manche pénible, je n’avais aucun bon sentiment, aucun retour sous le ski”, confie la Valaisanne qui n’était que 3esur le premier tracé après avoir notamment reçu trois secondes de pénalité en manquant de longueur sur son saut. 

Mais en grande championne, la skieuse de Sion a réagi lors de la seconde manche, faisant preuve d’une agressivité et d’une fluidité retrouvées. “Je voulais montrer autre chose. C’était tout ou rien. J’ai alors attaqué, car au final seuls les titres comptent.” En s’imposant lors de ce sprint, devant la Française Argeline Tan Bouquet et l’Allemande Johanna Holzmann, Amélie Wenger-Reymond cueille sa 20emédaille mondiale en individuelle, la 13een or.

Béatrice Zimmermann et Simone Oehrli encore aux plus mauvais rangs.

Comme lors de la classic, Béatrice Zimmermann et Simone Oehrli échouent au pied du podium, mais dans l’ordre inversé par rapport à la course de mercredi. “Cinquième lors de la classic, quatrième aujourd’hui, cela veut dire que je serai sur le podium demain pour la parallèle”, sourit Béatrice Zimmermann qui a manqué sa première manche. “Je me suis loupée sur le saut et j’ai pris trop de pénalités.” C’est le contraire qui s’est déroulé pour Simone Oerhli. Après une bonne première manche, la skieuse de Gstaad a commis trop d’erreurs lors de la seconde pour espérer grimper sur la boîte. “C’est vraiment dommage d’être une nouvelle fois si proche du podium.” Médaillée de bronze en classic, Martina Wyss est partie à la faute sur le premier tracé.

La manche parfaite de Stefan Matter

Une heure après le sacre d’Amélie Wenger-Reymond, la fête suisse se poursuivait avec le triomphe de Stefan Matter. L’Obwaldien a littéralement découpé la première manche pour prendre un avantage confortable de près de deux secondes sur toute concurrence pour ensuite parfaitement gérer son second parcours. “J’ai eu un excellent sentiment. C’était vraiment d’enfer. Je réalise une superbe performance, sûrement la plus belle de la saison”. 

Pourtant, le skieur d’Engelberg a dû s’élancer avec un dossard numéro 1 qu’il n’affectionne pas particulièrement. “Je préfère partir plus tard afin d’avoir des feedbacks sur les sauts et les conditions, mais tout s’est bien passé”, poursuit Stefan Matter qui a su gérer la pression inhérente entre les deux manches. “Bien évidemment j’étais nerveux, car lorsque l’on est devant il y a tout à perdre.” Finalement, Stefan Matter s’impose devant le Français Philippe Lau et le Slovène Jure Ales pour accrocher, à 31 ans, son second titre mondial après son succès en Classic il y a deux ans à La Plagne.

Trop d’erreurs pour Bastien Dayer

Récent vainqueur du Globe de cristal du sprint, Bastien Dayer a dû se contenter de la 5eplace. “J’ai fait une bonne 2emanche malgré une faute au saut qui m’a coûté trois secondes de pénalité (ndlr: il a le meilleur temps de ski sur le 2etracé). Mais pour monter sur le podium, il faut faire deux bonnes descentes”, analyse-t-il en faisant référence à son premier parcours où il a fini couché dans la neige avant de se reprendre. “J’ai ainsi concédé des pénalités et perdu de la vitesse. Du coup, remonter de la 9eplace au podium avec les écarts conséquents qui s’étaient créés, c’était mission impossible.”

Le pied anesthésié de Nicolas Michel

Juste derrière le skieur d’Hérémence, on retrouve son compatriote de Vex Nicolas Michel. Touché à la cheville dimanche dernier, le Valaisan s’est rassuré avant le parallèle de samedi qui clôturera les Championnats du monde. “En première manche encore j’avais mal à mon pied lorsque je skiais. Mais nous avons fait les choses différemment pour la seconde. On a trouvé un spray qui m’a anesthésié localement et j’ai enfin pu montrer mon vrai ski. Pour moi c’est un sentiment de victoire après avoir passé toute la semaine à chercher des solutions afin de bien pouvoir skier.”

Enfin, Romain Beney et Gaëtan Procureur n’ont pas réussi à sortir leur course souhaitée. Le Valaisan prend la 15eplace et le Vaudois la 19e.

Johan Tachet, Rjukan