Sur son front, ses joues, ses bras et tout son corps en fait, perle la sueur de l’effort intense qu’il vient de fournir dans la moiteur parisienne. Adrien Briffod a été au bout de lui même pour terminer le triathlon olympique. « J’ai essayé d’apprécier le moment et de faire avec les cartes que j’avais en mains. Mais ce n’était pas ma meilleure course », regrette le Veveysan qui s’est classé 49e de l’épreuve. Il a manqué le coche au moment d’accrocher le premier groupe à la sortie de la nage, puis a essayer de colmater son retard à vélo, avant de profiter de sa première olympique dans l’ultime partie de course.

Le futur trentenaire – il fêtera ses 30 ans vendredi – a vécu l’aboutissement d’une carrière avec un baptême aux Jeux, après avoir été réserviste en 2021 à Tokyo. « On se rend compte de l’importance de l’événement avec ce public qui encourage tous les athlètes, peu importe la nation. C’était impressionnant. » Au bord du tracé parisien, Adrien Briffod pouvait notamment compter sur le soutien de 35 supporters. Ils devaient être une centaine initialement mardi, avant que la course ne soit décalée en raison de la qualité de la Seine, le car des fans rentrant en Suisse. « J’ai imaginé tout ce monde, même ceux qui n’étaient pas là, au bord du parcours pour me donner de la force. »

Entre le ski alpinisme et le triathlon, son coeur balance

Dans le public, ses fans étaient dispersés tout au long du parcours. Au bord de la Seine, à quelques encablures du Pont Alexandre III où était jugée l’arrivée, sa maman, ses deux soeurs, sa copine et plusieurs amis affichaient fièrement une pancarte « Brifformidable » et le drapeau suisse, arborant également un t-shirt à l’effigie de leur héros du jour. « On a toujours dit qu’Adrien participerait un jour aux JO », sourit sa soeur Jeanne. « Bon, au départ, on pensait à ‘l’athlé’ avant qu’il bifurque sur le triathlon. »

La famille et les amis d’Adrien Briffod ont donné de la voix au bord du parcours. (JT/SkiActu)¨

Petit, le Vaudois excellait déjà en endurance, à défaut des autres disciplines. « Il n’était pas très bon dans les sports de balle et lorsqu’il testait son équilibre, il avait tendance à tomber. Par contre, il courait très vite », se remémore sa maman Valérie en rigolant, se rappelant l’inscrire à toutes les courses qu’il y avait le samedi matin dans la région de Vevey. Ce n’est qu’à ses 10 ans qu’Adrien Briffod s’est lancé dans le triathlon avec sa soeur Camille, dans l’idée de faire comme son papa Charles. En parallèle, il exerçait le ski alpinisme où il performait également. À 14 ans, il a définitivement choisi les sports estivaux, même s’il base toujours aujourd’hui sa préparation hivernale skis aux pieds, ce qui est logique lorsque l’on songe qu’il est le cousin d’Ursina Badilatti, qui a longtemps fréquenté le circuit de Coupe du monde de ski de fond.

Une volonté à toute épreuve

Les prédispositions de cet étudiant à l’EPFL en génie civil l’ont amené en Coupe du monde en 2014. Il a remporté sa première course dans l’élite mondiale en 2017 à Calgary. « Au départ, je ne voulais pas qu’il fasse du triathlon », mentionne sa maman. Je trouvais que c’était trop de contraintes, d’entraînements. Il ne m’a pas écouté, et ensuite je l’ai toujours soutenu. »

Le médaillé de bronze des Jeux européens 2023 à Cracovie. également médaillé de bronze aux Championnats d’Europe de Madrid il y a douze mois, possède un caractère bien trempé. Il a toujours su où il voulait aller. « Il a une très grande volonté. Je suis impressionnée par sa manière d’aller au bout des choses », poursuit Valérie qui a toutefois toujours peur que son fils « se noie ou tombe à vélo ». À la maison, chacun a d’ailleurs l’habitude de suivre la course d’Adrien dans son coin. « On s’écrit sur WhatsApp et c’est la panique si on ne le voit plus à l’écran. »

Une dernière pour la route?

Pour être certains de le voir, tout ce petit monde a entrepris le voyage à Paris. Sur la chaussée, entourés par des fans polonais et anglais, la famille Briffod a donné de la voix à chaque passage d’Adrien, que ce soit sur son vélo ou baskets aux pieds. Elle en donnera encore lundi lors du relais mixte, où la Suisse fait figure d’outsider. « On sait que l’on a la possibilité de jouer une médaille, mais nous devrons tous être à notre meilleur niveau », reprend l’athlète. Il a désormais cinq jours pour récupérer avant ce qui pourrait être la dernière grosse course de sa carrière. « Je ne sais pas encore de quoi mon avenir sera fait après les Jeux. Je vais devoir digérer l’ambiance, l’expérience et voir si j’ai encore la motivation. »

Johan Tachet, Paris