C’est l’histoire d’un rêve, celui de Myriam Alizon. La Parisienne a lancé il y a quatre ans “À Fond”, magazine de sport inédit, conçu pour les enfants. De quoi ravir aujourd’hui plus de 2000 têtes blondes et 800 classes et bibliothèques abonnées. Le premier numéro était imprimé à 600 exemplaires et le tirage augmente continuellement depuis. “Et je suis en rupture de stock pour le numéro spécial consacré aux Jeux olympiques de Paris”, sourit celle qui a réalisé son rêve en créant sa maison d’édition pour lancer le bimestriel.

De l’aire d’arrivée des pistes de Coupe du monde de ski alpin à la tribune de presse de l’incroyable park de BMX de la Place de la Concorde, Myriam Alizon a parcouru du chemin. La native de Paris n’était pourtant pas forcément destinée à finir journaliste. “Comme beaucoup, je ne savais pas très bien ce que je voulais faire”, raconte-t-elle. J’ai d’abord étudié le sport puis bifurqué vers une école de journalisme.” Mais alors comment s’est-elle retrouvée à lancer un magazine pour enfants? “Déjà, j’étais une enfant très sportive et j’aurais adoré avoir un magazine de sport comme À Fond!. Et hasard, à l’école de journalisme j’ai découvert la presse jeunesse lors d’un stage et ça m’avait bien plu de raconter et d’expliquer l’actualité aux enfants.”

Le Globe de cristal de “Pintu” comme meilleur souvenir

L’idée d’un magazine de sport est venue plus tard. Alors qu’elle était à L’Équipe. Elle était d’ailleurs entré dans le groupe lors d’un mandat pour les Jeux olympiques de Pékin en 2008. “Ils cherchaient quelqu’un pour faire des vidéos et des articles pour les enfants sur le site L’Equipe junior, c’était une belle expérience”, se souvient-elle. Certes, le site a fermé quelques mois plus tard, mais la petite graine était semée. Le parcours de la journaliste était lui aussi largement lancé.

Passée par “L’Équipe Mag” et le quotidien, cette mère de deux enfants s’y est créé un solide réseau, couvrant notamment le ski freestyle et le ski alpin, de 2014 à 2021. “J’ai de très bons souvenirs”, répète-t-elle à l’envi. Un de meilleurs, son dernier reportage ski: le Globe de cristal remporté au bout du suspense par Alexis Pinturault face à Marco Odermatt à Lenzerheide en 2021. Au printemps de cette année-là, son son employeur a décidé d’un plan social pour plusieurs journalistes, dont elle a “profité”.

Se muer en cheffe d’entreprise

“C’était une belle occasion de lancer mon projet, cela fait plusieurs années que je le murissais”, insiste-t-elle. “C’est une incongruité de penser qu’une telle publication n’existait pas en France! Il y a 300 titres de presse jeunesse et rien pour les enfants qui aiment le sport. Et pourtant, j’avais proposé l’idée à “L’Équipe” de nombreuses fois.” Mais Myriam Alizon a finalement dû tout créer de A à Z, par ses propres moyens, mettant notamment en place sa propre maison d’édition. “C’était un vrai challenge et il m’a fallu près d’un an avant de lancer véritablement le magazine”, décrit-elle. Il fallait trouver un titre, une maquettiste, une illustratrice, etc. Et au début, je faisais tout moi-même, jusqu’à envoyer les magazines.” 

Aujourd’hui, “À Fond” a trouvé sa place dans le paysage médiatique francophone, même si la publication n’est qu’au début de son développement. “Cela reste très dur de se transformer en cheffe d’entreprise, commerciale. Se faire connaître, se vendre, ce n’est pas forcément mon point fort.” Mais si la directrice et rédactrice en chef apprend au fur et à mesure les ficelles du métier, son magazine parle pour elle. Il compte 60 pages tous les 60 jours et met en valeur autant les sportives que les sportifs. “Un vrai point important pour moi”, souligne-t-elle. Il est par ailleurs à noter qu’il est possible de s’abonner également depuis la Suisse et plusieurs lecteurs existent déjà en Romandie.

Enfants et sportifs conquis

Dans la publication, qui raconte dans chaque édition une grande histoire sur le parcours d’un champion, plusieurs rubriques et de belles photos viennent embellir un rendu ludique. Le tout alors que les pages ne sont pas “polluées” par de la publicité. “À Fond” a souvent déjà été salué par la critique et récompensé par plusieurs prix. “Et mes enfants sont fans”, rigole encore Myriam Alizon. “Parfois le soir, ils me demandent de leur lire la grande histoire d’À Fond!, histoire que j’ai écrite. C’est assez drôle et touchant parce que je vois directement le plaisir que prennent les enfants à lire ce magazine. “

Et si les enfants répondent présents, c’est également le cas des sportifs à l’image de Julian Alaphilippe, Tessa Worley, Marine Johannès ou même Léon Marchand. “Ils jouent tous le jeu, ça fait plaisir”, ajoute celle qui a par ailleurs écrit plusieurs livres jeunesse pour les Éditions Milan pour faire découvrir des sports à travers des champions. “Je suis très fière et heureuse d’avoir obtenu l’accréditation pour les Jeux olympiques de Paris. Quand on fait un magazine de sport, c’est là qu’il faut être” Outre des rubriques sur RTL dans le cadre de ces joutes de folie, elle prépare un numéro souvenir des JO qui sortira en septembre. Histoire de continuer à faire à croître ce joli projet qui ne demande que ça.

Laurent Morel/JT, Paris