Aux Diablerets, le ski alpin jouit d’un très glorieux passé, puisque la Coupe du monde y a fait étape à de nombreuses reprises durant dix ans entre 1974 et 1983. Le temps pour l’enfant du pays Lise-Marie Morerod mais également pour Annemarie Moser-Pröll, Erika Hess, Doris De Agostini, Hanni Wenzel (la maman de Tina Weirather pour les plus jeunes), Nina Quario (celle de Federica Brignone) ou encore Max Julen (devant Pirmin Zurbriggen) d’y écrire certaines de leurs lettre de noblesse puisqu’ils ont tous gagné. Certes, avec le succès grandissant du Cirque blanc, la station des Préalpes vaudoises n’a pas pu suivre le rythme, mais le ski est toujours resté dans le coeur de ses habitants.
Surtout, un tournant a été pris juste avant la décennie actuelle, avec la remise aux normes d’une piste de très haut niveau, grâce à l’accueil des épreuves alpines des Jeux olympiques de la Jeunesse de Lausanne en 2020. Des courses de Coupe d’Europe pré-olympiques avaient ailleurs eu lieu sur la piste Willy Favre de la Jorasse en 2019. Restait à laisser un héritage, ce que s’attellent à faire quelques passionnés au Meilleret. Depuis, de nombreuses équipes viennent s’y entraîner (on y a notamment vu Petra Vlhová, Alice Robinson et Erik Read) et plusieurs courses FIS (lors desquelles sont montés sur le podium Alexis Monney, Gaël Zulauf et Marco Kohler entre autres) s’y sont déroulées.
Une organisation motivée
Mais le staff local voit plus grand et espérait depuis quelque temps accueillir une compétition de très haut niveau. C’est le cas cette année avec deux slaloms de Coupe d’Europe féminine mardi et mercredi. Une bonne occasion pour les jeunes Suissesses de marquer des points tôt dans la saison dans une discipline qui n’avait plus eu les honneurs du territoire helvétique depuis trois ans, que ce soit en Coupe d’Europe ou en Coupe du monde. « Ça fait vraiment plaisir », se réjouit la Valaisanne Elena Stoffel, qui écume les deux circuits. « On sent que les gens sont très motivés dans l’organisation. Ils ont montré qu’ils sont prêts à tout. C’est cool de voir qu’une station est motivée comme ça, c’est rare en Coupe d’Europe. »
Lorsque Swiss-Ski s’est mis en tête de mettre en place des slaloms de Coupe d’Europe, le « Diablerets Alpine Center » s’est immédiatement positionné malgré un cahier des charges assez élevé. « Notre piste est toujours prête et on peut d’ailleurs reprendre des courses de décembre au mois de mars », décrit Martin Thoule, chef de course et responsable de la gestion de la piste. « On sait qu’ici, ils sont toujours prêts à travailler et à préparer la piste », confirme Laurent Donato, chef du Centre national de performance Ouest. « C’est une piste qui est excellente, en slalom et en géant. L’organisation a montré qu’elle était à la hauteur aujourd’hui (ndlr: mardi). »
Les Mondiaux juniors dans le viseur
Car les conditions météo ne les ont pas épargnés pour le retour du haut niveau dans le canton de Vaud. Si l’or blanc leur a permis de préparer la piste dès le mois de décembre, les fortes chutes de neige et de pluie de ce début d’année ont rendu leur tâche particulièrement difficile. « Les Diablerets ont mis le paquet et c’est un exploit de sortir une course », affirme ainsi Laurent Donato. « Le travail a été bien fait », confirme Jordi Pujol, coordinateur de la Coupe d’Europe féminine pour la FIS. « C’est positif et au final, c’est une belle Coupe d’Europe. » Et dire que les remontées avaient pourtant été fermées lundi en raison des conditions catastrophiques…
De quoi voir l’avenir avec optimisme, même si l’aire d’arrivée du slalom a été remontée par rapport à ce qui était prévu initialement et que de nombreux points peuvent évidemment être encore améliorés. « J’aimerais bien revenir », glisse Elena Stoffel. « C’était en quelque sorte une année test », relate Martin Thoule, par ailleurs ancien préparateur de skis de grands skieurs français. Jordi Pujol valide: « Ce n’est pas que moi qui décide, Swiss-Ski doit le vouloir mais personnellement, j’aimerais bien revenir, c’est une magnifique piste. » Et ça tombe bien, les organisateurs ont de l’ambition.
« On voulait reprendre les gros événements », rappelle Martin Thoule, qui a le regard tourné vers l’avenir. « Pourquoi pas accueillir les Championnats du monde juniors, les Championnats de Suisse ou des projets de ce type. On n’est fermés à rien! » Difficile d’imaginer le retour de la Coupe du monde pour autant. « On a une belle piste, on bénéficie de l’aide de Swiss-Ski qui amène souvent ses athlètes pour s’entraîner ici. On y va étape par étape, mais l’idée, c’est de continuer sur cette lancée et d’avoir régulièrement de belles courses. »
Laurent Morel, Les Diablerets