Thomas Tumler a patienté. Longtemps. Resté dans l’ombre des Beat Feuz, Carlo Janka, Mauro Caviezel ou autres Justin Murisier, le Grison s’est révélé dimanche dernier lors du géant de Beaver Creek. A 29 ans, il est monté dans le Colorado sur le tout premier podium de sa carrière, lui dont le meilleur résultat en Coupe du monde restait une 8e place lors du super-G de Saint-Moritz en 2016. Malgré la trentaine approchante, Thomas Tumler veut regarder de l’avant et surtout vers le haut du classement désormais. Et ce dès le géant de Val d’Isère samedi.

Thomas Tumler, votre 3e place lors du géant de Beaver Creek a constitué une surprise pour tous les suiveurs de la Coupe du monde. Le sentiment était-il le même pour vous?

Naturellement, j’ai été très étonné de ma performance. Je me suis toutefois montré très rapide aux entraînements durant tout l’été. Mais de là à remonter du 21e au 3e rang lors de la seconde manche… C’est totalement incroyable.

Vous avez toujours eu un rapport particulier avec la piste Birds of Prey de Beaver Creek.

Je m’y suis toujours bien senti c’est vrai. (ndlr: il s’est classé trois fois dans le top 15 ces trois dernières saisons en super-G dans le Colorado). Cette année, je suis passé complètement au travers de mon super-G (44e) et j’avais une revanche à prendre lors du géant. Je savais que je pouvais réaliser quelque chose, d’autant plus que je me sentais en confiance par rapport à mes entraînements.

Qu’est ce qu’il se passe dans votre tête au moment où vous vous rendez compte que vous montez sur le podium?

C’est un sentiment incroyable. Un mélange d’émotions fortes après tout ce qu’il s’est passé ces dernières années. Je me suis battu pour pouvoir vivre ce moment.

Vous avez passablement galéré lors des saisons précédentes.

Effectivement. J’ai toujours eu le souhait de m’établir en géant. J’avais connu quelques qualifications, mais depuis quatre ans, je n’y arrivais plus. Je perdais des points FIS et mes dossards reculaient: 42, 53, 70. Ce n’était pas évident à gérer surtout que je prenais également de l’âge. Mais je n’ai pas perdu mon objectif de vue, celui d’intégrer le top 30 en géant. J’ai alors revu mes plans. J’ai abandonné un peu la Coupe du monde pour me concentrer sur la Coupe d’Europe et améliorer mes dossards. Et cela a été la bonne décision (ndlr: Tumler a terminé 7e de la Coupe d’Europe de géant l’hiver dernier avec notamment deux podiums).

C’est aussi ce manque de résultats en géant qui vous a poussé à vous tourner davantage vers le super-G?

Non, c’est du 50-50 entre les deux disciplines. En super-G, j’ai toujours pu avoir de bons numéros de dossard et c’est ce qui me permettait de réaliser des résultats corrects. En géant, j’ai aussi connu des problèmes avec le rayon des skis. Depuis que la FIS a réduit le rayon de courbure l’année dernière, je me sens plus à l’aise et mon corps accepte mieux les charges.

Avec ce podium, vous avez également mis fin à une disette de sept ans sans podium suisse en Coupe du monde de géant.

C’est un chiffre assez fou quand je pense à la magnifique équipe que l’on possède avec notamment Gino Caviezel, Justin Murisier et Loïc Meillard qui sont d’incroyables géantistes. C’est aussi grâce à eux que je suis parvenu à dépasser mes limites aux entraînements cet été et obtenir ce résultat.

Avec cette performance probante, vos objectifs ont-ils évolué?

Non, je vais continuer à donner mon maximum. A Val d’Isère, je vais m’atteler à réaliser une bonne première manche pour être classé puis tenter le tout pour le tout en seconde et pourquoi pas remonter une nouvelle fois au classement. Mais je ne peux évoquer un top 10 ou un top 5. Je veux simplement démontrer que ma performance de Beaver Creek n’était pas un exploit isolé.

Johan Tachet, Val d’Isère