Le Martignerain a encore impressionné dans sa deuxième saison sur le Freeride World Tour et pourrait créer la sensation à l’Xtreme de Verbier devant son public et sur un terrain qu’il connaît bien. Rencontre.
Il y a un peu du lapin Duracell chez Martin Bender. Et de Taz, le personnage des dessins animés Looney Tunes qui se transforme en tourbillon. « Foufou » et « déjanté », disent ses coéquipiers. Mais quand il fait un « face check », qu’il étudie la ligne qu’il voudra prendre sur une pente escarpée et ensuite quand il s’exécute, il n’y a pas plus sérieux que le Martignerain.
Le rider de 21 ans a débuté sur le Freeride World Tour l’hiver dernier, mais il a vraiment explosé cette saison, remportant l’étape de Val Thorens et finissant 2e en Géorgie. Il arrive maintenant à Verbier deuxième du classement chez les skieurs. Une victoire à l’Xtreme, le rêve de chaque rider, pourrait le catapulter au sommet de son sport. Surtout qu’il s’élancera sur un terrain qu’il connaît comme sa poche.
Sur son terrain de jeu
Depuis toujours, Martin Bender a skié dans la station valaisanne. Inscrit par ses parents au club de freeride de Verbier quand il est enfant, il s’épanouit sous l’encadrement de Robin Darbellay et passe aujourd’hui encore chaque moment de libre en hiver à y skier avec ses potes.
Une vraie boule de feu, Martin Bender n’est pas quelqu’un qui tient en place très longtemps. Contraint à être spectateur à Fieberbrunn lorsque son épreuve a été repoussée, il s’est défoulé avec des bâtons gonflables sur tout ce qu’il voyait pour faire du bruit et encourager ses coéquipiers. À Mestia, les autres riders n’étaient jamais à l’abri d’une vanne ou d’une pichenette. « Oui j’ai beaucoup d’énergie », admet en rigolant le skieur.
De 0 à 100
Mais sous cet extérieur fougueux, on trouve un rider qui prend son sport très au sérieux. « Il y a pas mal de situations où on doit quand même avoir les pieds sur terre et ne pas prendre des décisions trop bêtes en montagne. Quand je suis sur les skis, je n’ai pas ce côté fou. C’est juste quand il n’y a pas d’enjeu qu’on se marre. Il y a bien la part des choses », dit celui qui reconnaît pouvoir passer « de 0 à 100 ou de 100 à 0 » très rapidement.
À 21 ans, le Martignerain est encore un des plus jeunes riders du Tour. Mais sa première saison en tant que rookie l’hiver dernier lui a bien servi. « J’ai un peu plus de recul, moins d’appréhension. Je gère mieux le stress, le fait qu’il y ait le live, que ce soit LE World Tour, qu’il y ait des grosses faces. » Ses résultats le prouvent: bon 10e du classement final l’année dernière avec un podium en Géorgie, il s’est vite classé parmi les meilleurs de sa catégorie cet hiver avec son énorme performance à Val Thorens.
« Je me pose plein de questions«
Son secret est peut-être qu’il refuse de se mettre la barre trop haut. « J’ai des objectifs, mais pas des objectifs très précis. Je ne me dis pas forcément: ‘L’année prochaine je veux être champion du monde’. Ce sont plus des objectifs par rapport à mon ski. Essayer de faire toujours un peu mieux. » Côté résultats, « je n’y pense pas trop, je pense surtout à ma ligne et au ski que je veux faire. »
On le voit en compétition. Alors qu’il admet étudier les vidéos des autres riders et s’inspirer de leurs runs, lorsqu’arrive le jour J, il se concentre sur sa propre ligne sans trop regarder à gauche ou à droite. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas ses doutes. « Je stresse quand même pas mal! Je me pose plein de questions. Avant un run, je me dis: ‘Est-ce que cette cliff est vraiment bien, est-ce que la ligne que j’ai choisi va rapporter des points, est-ce que ce sont les bons axes?' » C’est là que Robin Darbellay joue un rôle important. « Mon coach m’aide pas mal pour ça, à ne pas me poser 150’000 questions et tergiverser beaucoup trop », admet-il en rigolant.
Priorité: avoir du fun
Questions ou pas, le jeune Valaisan n’a cessé d’impressionner depuis son arrivée sur le Tour, livrant à chaque étape des runs audacieux, des lignes originales, et des sauts et des tricks à couper le souffle. Sa méthode d’entraînement est simple: « Aller skier avec les potes, essayer plein de trucs différents, tomber plein de fois et varier. »
Non seulement champion du monde junior en freeride, Martin Bender a aussi été champion suisse en VTT descente. En été, s’il n’est pas en Nouvelle-Zélande à s’entraîner sur la poudreuse, on le trouve sur deux roues. Une activité qui l’aide aussi sur les lattes, l’air de rien. « C’est complémentaire: toute la musculature, la vitesse, les sauts, gérer la prise de risque. Et de rester en action tout l’été au lieu de rien faire, ça aide beaucoup. Surtout, on se marre bien, du coup je le fais pour le fun. »
« Fun » est le mot clé. Avant chaque run, Martin Bender se frappe la poitrine avec ses poings – un clin d’œil à sa troupe les « Gorilles ». Ce jeudi, il pourra se défoncer de nouveau devant ses potes et sur un terrain de jeu qui n’a plus de secrets pour lui.
Sim Sim Wissgott, de retour de Mestia