La réaction de Malorie Blanc ne s’est pas fait attendre, mardi: un bref coup d’oeil au panneau d’affichage une fois la ligne d’arrivée franchie, et l’Ayentôte levait un poing triomphant en l’air. « J’ai tout de suite senti que j’avais fait moins de fautes qu’hier (ndlr: lorsqu’elle avait terminé 4e), même si la manche parfaite n’existe pas », lâchait la championne du monde juniors en titre de super-G à peine sortie de l’aire d’arrivée, mardi à Zinal.

Partie avec le dossard numéro 8, la skieuse de 20 ans aura cependant dû prendre son mal en patience pour avoir la confirmation de son pressentiment, elle qui est allée cueillir sa première victoire en Coupe d’Europe après avoir échoué au pied du podium pour trois petits centièmes la veille. « J’étais soulagée de voir que j’étais première au moment de passer la ligne. Je ne me fais pas assez confiance, alors que techniquement, cela fonctionne pour moi. J’ai vraiment pu construire sur mon résultat de lundi, me dire qu’aujourd’hui j’allais pousser un peu plus, mettre les gaz, et j’ai pu skier relâchée. C’est vraiment la progression qu’il fallait. »

« Repartir d’une feuille blanche »

Sévèrement touchée au genou gauche en février dernier, la Valaisanne s’efforce de ne pas trop se livrer au jeu des comparaisons depuis son retour. « J’essaie de ne pas trop tirer de parallèles avec les années précédentes. Je redémarre avec un nouveau physique, un nouveau genou, donc je tente de repartir d’une feuille blanche. Mais je retrouve les sensations, le plaisir, et je me rends compte que, contrairement à ce que je craignais, je n’ai pas perdu l’instinct ni la fraîcheur que j’avais la saison passée avant ma blessure. Il faut dire que, de façon générale, j’ai eu beaucoup de chance, la rééducation s’est très bien passée. »

Les deux super-G de Zinal devaient aussi servir à Malorie Blanc à franchir le dernier pas qui la séparait d’un premier départ en Coupe du monde, en achevant de convaincre le staff de l’équipe de Suisse de la sélectionner pour les deux super-G de Saint-Moritz du week-end à venir. De quoi lui mettre un petit coup de pression? « Ce n’est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain, j’ai obtenu deux très bons résultats à Copper Mountain (ndlr: lors des deux super-G FIS au début du mois de décembre), ce qui m’a confortée sur le fait que je suis sur le bon chemin. Donc cela m’a évité de me mettre trop de pression pour les courses de Zinal, car tout ne se jouait pas là-dessus, même si cela me tenait à coeur de bien faire, de skier comme je m’en sais capable. Je n’arrive en outre pas trop à performer lorsque je suis sous pression. Mais j’ai de la chance, parce que les entraîneurs sont sur la même longueur d’onde que moi, le but est vraiment de se projeter sur ces prochaines années. »

Reste qu’elle devrait faire ses débuts parmi l’élite ce week-end en Engadine. Elle a été retenue et décidera au dernier moment, selon les conditions, si elle participe à deux, un ou aucun des super-G au programme.

Muriel Ambühl, Zinal