Le ski-alpinisme a couronné ses premiers champions olympiques lors des JOJ de Lausanne. La discipline entend poursuivre son développement pour s’inscrire durablement dans le programme du CIO et être présent aux Jeux d’hiver de Milan/Cortina en 2026. Le Président de l’ISMF, l’Argovien Thomas Kähr, présente les enjeux de l’intégration olympique de son sport.

Thomas Kähr, comment avez-vous vécu cette première olympique du ski-alpinisme, ici, à Villars?

C’est une belle réussite. On a retrouvé ici des conditions idéales, très professionnelles, et on a bénéficié d’une collaboration parfaite avec le CIO et Lausanne 2020.

Avec, dans un coin de la tête que votre sport soit intégré au programme olympique pour les Jeux de Milan/Cortina en 2026?

Totalement, le but est d’entrer dans la famille olympique. Je suis convaincu que le ski-alpinisme peut enrichir la communauté olympique avec l’esprit de montagne. Pour le CIO, c’est quelque chose de nouveau. D’un point de vue personnel, je suis certain que l’on sera aux JO en 2026.

Les bonnes performances des athlètes suisses participent à offrir une belle image de ce sport.

Comme Suisse, je suis bien évidemment très content avec toutes ces médailles. Mais je regarde plus loin, je vois des athlètes d’outre-mer, des autres continents, des Américains, des Chinois, qui sont performants et cela fait plaisir. Notre sport fait des progrès dans son niveau global.

Et on le voit lors de ces JOJ, le public répond présent.

Il faut savoir que notre sport est en pleine croissance et à la mode. Nous devons en profiter en faisant de la communication pour attirer des jeunes dans les clubs de ski pour pratiquer ce sport magnifique. A long terme, nous avons encore besoin de plus de public. Et dans cet ordre d’idée, c’est à nous de choisir les bonnes stations dans ce secteur, comme Villars et Verbier en Suisse, qui misent sur cet aspect-là. On se doit de montrer au monde la fascination de ce sport et cela ne va pas sans le public.

Comment doit se développer le ski-alpinisme ces prochaines années?

Il faut poursuivre notre programme de professionnalisation de notre sport, mais également développer le marketing pour attirer davantage de gens et un public plus grand. L’objectif est de globaliser le sport qui est jusqu’ici très européen. Il y a du boulot à faire en Asie, en Amérique. C’est notre travail d’aider au développement de structures professionnelles dans ces pays pour attirer des jeunes. Il y a un potentiel de développement énorme dans notre discipline. 

En Europe également, lorsque l’on songe que trois pays, l’Italie, la France et la Suisse sont majoritairement représentés dans les compétitions?

Effectivement. On remarque que les pays latins sont des pays de tradition qui possèdent des structures professionnelles, mais il y a tous les autres. Et même en Suisse. En Romandie, le ski-alpinisme est très populaire, ce qui n’est pas forcément le cas de la partie alémanique. Donc, il existe partout un gros potentiel de développement. Mais nous sommes sur le bon chemin.

Au ski alpinisme, on grimpe les skis aux pieds et sur le dos et non pas en télécabine. (OIS Photos)

Beaucoup de personnes, et même des athlètes,  s’interrogent sur la perte d’identité du ski-alpinisme en intégrant le programme olympique. Comment voyez-vous cette problématique?

C’est une bonne question. Nous ne devons pas oublier la tradition et d’où vient notre sport. C’est également une chance de montrer au monde quelles sont les valeurs des gens de montagne, des alpinistes. Et si nous trouvons la bonne formule, je crois que ce ne sera pas une contradiction, mais plutôt un enrichissement pour tout le monde.

Pourtant, on remarque que les athlètes portent dans leur sac à dos, une pelle, une sonde, un DVA, alors que les courses se déroulent à proximité, voire sur les pistes balisées. N’est-ce pas folklorique?

Non, je ne le pense pas. En montagne, le danger existe toujours. L’année dernière, lors des Mondiaux, ici, à Villars, il y avait un danger d’avalanches. Nous ne sommes jamais à l’abri. Après, il faut trouver le bon compromis entre les courses alpines et les autres, de vitesse, et avoir une cohabitation intéressante entre les différentes épreuves.

Aujourd’hui, on parle beaucoup d’écologie et de développement durable au sein même du CIO et de la pratique sportive. Au final, le ski-alpinisme est la bonne idéale, non?

Exactement. Lorsque je parle aux gens du CIO, ils reconnaissent que notre sport est durable car il se pratique dans la nature, il n’y a pas besoin de grandes infrastructures et il est sain. Le ski-alpinisme représente l’avenir.

Johan Tachet, Villars