Sur le parcours, ça joue des coudes pour prendre la meilleure ligne sur l’une des trois voies de la raide montée du tracé des Brassus avant une descente scabreuse où un gros saut met les fondeurs en difficulté. D’ailleurs, les chutes ne sont pas rares à quelques encablures de la ligne d’arrivée et le spectacle est au rendez-vous. Le cross offre un sacré show aux nombreux spectateurs qui ont fait le déplacement dans la Vallée de Joux. 

C’est que la discipline en ski de fond est encore bien méconnue du grand public, elle qui a fait sa première apparition lors des Jeux olympiques de la Jeunesse en 2016 à Lillehammer. « Le feedback des athlètes avait été extrêmement positif et c’est pour cela que nous avons décidé de reprogrammer le cross ici ä Lausanne », explique Andrew Cholinski, coordinateur médias pour la FIS. 

Tout frais encore, le cross possède tous les arguments pour plaire aussi bien aux athlètes qu’aux spectateurs. Le parcours vaudois comprend à cet effet de nombreux modules comme des bosses, des sauts, un slalom, des montées sèches, des descentes vertigineuses ou encore des vagues qui diffèrent sous les pieds gauche et droit des athlètes. « C’est le parcours le plus difficile que j’ai eu à skier en compétition », assure Antonin Savary, 7ede l’épreuve masculine. 

La technique des athlètes mise en exergue

L’attrait de cette discipline hybride augmente également par la présence de dix fondeurs qui s’élancent simultanément sur un tracé qui ne dépasse pas les deux kilomètres, pour des courses ultra rapides entre quatre et cinq minutes. « Il y a du challenge tout du long et les gars les plus costauds ne sont pas forcément favorisés. Mais les gens filous, comme moi, peuvent en profiter, car il y a divers modules dont les descentes qui permettent des dépassements », sourit le fondeur gruyérien. « Ces différents éléments ont été instaurés pour tester la qualité technique des athlètes », reprend Andrew Cholinski. « Dans cette discipline. Ce n’est pas parce que tu es bon en sprint que tu vas automatiquement performer. Beaucoup de fondeurs ont été surpris de découvrir quelque chose de nouveau, mais au final, tous apprécient  » 

Dix athlètes s’élancent simultanément dans le parcours de cross. (OIS Photos)

Au sein de la communauté des jeunes athlètes, le cross recueille en effet tous les suffrages. « J’adore cette discipline et je ne suis pas le seul », poursuit Antonin Savary qui se plaît, chez lui, à faire des sauts périlleux, skis de fond aux pieds, pour s’entraîner. « C’est en cross que je m’épanouis le plus. J’adore notamment les sauts, s’ils pouvaient en rajouter des plus gros, ce serait magnifique », se marre le Fribourgeois qui ne serait pas contre « l’intégration de bonus pour réaliser des figures ». « Je serais alors champion olympique. »

Bientôt en Coupe du monde?

« La course est toujours intéressante. Ce serait bien si nous avions davantage de cross au calendrier », assure pour sa part la toute nouvelle championne olympique des JOJ, la Zurichoise Siri Wigger. Toujours est-il que la discipline est uniquement concourue en juniors. « Des discussions sont actuellement menées pour qu’elle soit intégrée dans un futur plus ou moins proche à la Coupe du monde », explique Andrew Cholinski. « Mais il faudrait davantage de procédures, des règles et des formats clairs, et surtout trouver de la place dans un planning déjà surchargé. »

En quête de rajeunir son image, la FIS tient une discipline qui offre une véritable cure de jouvence au ski de fond. Avec l’espoir que la Fédération internationale de ski ne prenne pas trop de temps à intégrer la discipline à son programme, car les amateurs de fond rêvent certainement de voir s’affronter les Cologna, Klaebo ou autres Bolshunov sur ce format.

Johan Tachet, Le Brassus