À 33 ans, Justin Murisier va participer à ses sixièmes Championnats du monde. Le Valaisan ferait presque office de visage paternel entouré par la nouvelle génération de descendeurs. « C’est toujours moi qui fais le plus de gags nuls », rigole celui qui est le doyen de l’équipe de Suisse de vitesse et qui n’a jamais semblé aussi affûté qu’actuellement. « Je n’ai jamais pris autant de plaisir à faire partie de cette équipe et cela se ressent sur les skis. »
Le skieur bagnard a toujours le mot juste pour aider ses coéquipiers, que ce soit Marco Odermatt, mais également les jeunes qui poussent derrière comme Franjo von Allmen et Alexis Monney. « Cela fait bizarre d’en voir autant débarquer, je me dis que j’aurais pu skier avec leurs pères. Mais il y a du respect et surtout beaucoup de sympathie entre nous. Et ces jeunes me poussent également. » Justin Murisier se rappelle que lui aussi avait bénéficié des conseils avisés des anciens, comme Marc Gini en slalom ou des deux Didier, Cuche et Défago, en géant au commencement d’une carrière débutée il y a plus de quatorze ans. « Ils m’ont beaucoup aidé, mais j’étais jeune et fougueux et je n’arrivais pas à me canaliser », se marre-t-il.
Un genou à protéger
Il est loin le tout jeune slalomeur qui faisait ses débuts dans un grand rendez-vous à Garmisch-Partenkirchen en 2011. Le skieur de Prarrayer est désormais un spécialiste de vitesse aguerri qui se pose, peut-être pour la première fois, en véritable prétendant aux médailles lors de la descente dimanche. « Je peux enfin m’exprimer comme je le veux en descente. J’ai été très régulier dans cette discipline cette saison et il y a moyen de faire quelque chose. Mais après, tout le top 15 de la discipline pense comme moi », souligne celui qui a remporté sa première victoire en Coupe du monde lors de la descente de Beaver Creek début décembre.
La déception de ne pas avoir été retenu pour le super-G de vendredi – « Quand tu t’entraînes 300 jours par an, que tu es 12e mondiale et que tu ne peux pas participer à la course, il y a de la frustration » -, est compensée par le sentiment de débarquer frais dans le portillon de départ de la descente ce week-end. Le Bagnard n’a pas eu besoin non plus de passer par la case qualification comme son compère Stefan Rogentin. « Si j’arrive à conserver ma forme jusqu’à dimanche, ça peut bien s’annoncer », explique-t-il en faisant référence à ses genoux, parfois douloureux. « L’annulation de Garmisch-Partenkirchen la semaine passée m’a permis de me reposer et de prendre soin de moi. »
Être compétitif à Crans-Montana en 2027
Outre la descente, le programme mondial de Justin Murisier dépendra de la vitesse de récupération de ses genoux. S’il figure parmi les quatre meilleurs descendeurs suisses dimanche, il sera automatiquement sélectionné pour le combiné par équipes mercredi. « Et le géant est également une option », mentionne l’homme aux 11 départs dans des Championnats du monde. D’ailleurs, il l’assure: Saalbach ne sera pas son dernier rendez-vous mondial. « J’espère être compétitif non seulement ici en Autriche, mais également dans deux ans à Crans-Montana. Lorsque je vois Christof Innerhofer skier actuellement et qui avait remporté l’or en super-G en 2011, je me dis qu’il y a de la marge. Tout n’est pas perdu pour moi », rigole le Valaisan en songeant à l’Italien de 40 ans qui vit ses neuvièmes Mondiaux.
S’il est peu probable de voir Justin Murisier skier encore à Val Gardena en 2031, le Bagnard pourrait bien écrire encore quelques belles pages de l’histoire du ski suisse. Et si c’était ce dimanche sur la piste Schneekristall? « Je me suis bien reposé, j’ai beaucoup d’énergie. »
Johan Tachet/LMO, Hinterglemm