C’est un marathon de cinq courses que vient de terminer Justin Murisier. Le Valaisan conclut son gros week-end italien avec une 25e place et des points lors du second géant d’Alta Badia, remporté par Marco Odermatt. Une performance qui le rassure sur ses capacités à encore être compétitif dans la discipline. Si son regard se tourne naturellement davantage vers les disciplines de vitesse, le skieur bagnard n’entend pas encore délaisser sa discipline de coeur. Interview.
Justin Murisier, quelle analyse tirez-vous des deux géants que vous venez disputer, compte tenu que vous avez également disputé auparavant trois épreuves de vitesse?
Hier (dimanche), j’ai eu un peu de peine à me remettre au géant après ces journées de vitesse et je rate la qualification pour pas grand-chose. J’ai fait une faute au départ (ndlr: il ripe avec son bâton gauche à la poussée et manque la 30e place pour un dixième). Aujourd’hui, je partais un peu sur la réserve et je n’ai pas réussi à vraiment skier la première manche comme je le voulais sur le haut. Mais j’avais espoir de faire une belle remontée en deuxième, parce que c’était une manche qui me plaisait. Depuis le 2e intermédiaire jusqu’en bas, ils ont vraiment laissé aller. Déjà à l’époque, quand j’étais rapide en géant, c’était quelque chose qui me plaisait beaucoup. Donc j’ai bien pu skier dans le mur, par contre je n’ai pas réussi à emmener de la vitesse sur le bas. Je n’ai pas eu les “cojones” pour tirer l’avant-dernière bosse et c’est là que tu prends de la vitesse. C’est un peu dommage. Mais il y a beaucoup de positif pour la suite parce que je fais quand même des bons virages dans le mur.
Les écarts sont monstrueux entre les athlètes sur les trois premiers géants de la saison, comment l’expliquez-vous?
Sincèrement, c’est quand même une surprise, il n’y a pas cet écart là en réalité. Gino (Caviezel) se bat tous les entraînements avec Marco Odermatt, ils se retrouvent à 1 ou 10 centièmes près, là il prend 2”50 en première manche. Le truc, c’est que la piste, comme ils l’ont préparée, elle donne un avantage aux huit premiers dossards, ce que j’ai eu lors de la seconde manche. Par contre, après, ça marque vraiment fort aux entrées. Quand tu essaies de mettre ton ski en courbe, tu arrives en plein dans ce trou. Tu conserves la vitesse que tu as sans parvenir à en créer. Tu perds donc du temps du début à l’arrivée uniquement à cause de ça. Avec un parcours tournant en première manche, cela avait tendance à faire des gros escaliers. Marco (Odermatt), lui, arrive à lever ses hanches, il se retrouve un peu en l’air et il ne prend pas ce trou. Lors de sa deuxième manche dimanche, on avait l’impression qu’il descendait sur une piste lisse. Lui arrive à ne pas choper ces trous, alors que nous, nous nous faisons secouer les puces. Mais c’est une technique que lui possède et que nous n’arrivons pas à copier.
Vous aviez annoncé en début de saison, faire le point sur votre avenir en géant après ces courses d’Alta Badia. Est-il trop tôt, quelques minutes après la course, pour tirer déjà des conclusions?
Effectivement, cela fait cinq minutes que j’ai franchi la ligne, je n’ai pas fait de bilan sur ma carrière de géantiste. Il y a vraiment encore des bons passages, on le voit en première manche, je fais des secteurs où je suis 15e. Dans le mur je dois être parmi les 4 ou 5 meilleurs (ndlr: 6e chrono). Je suis sûr que ce n’est pas tout perdu. Mais après, pour jouer le podium, les mecs devant ont un sacré niveau, ce sont des extraterrestres. Il y vraiment un gros trou avec eux et pour le combler il faudrait que j’investisse tout mon temps pour le géant. Et ça, je ne pense pas que je vais le faire. Je vais miser sur la vitesse en gardant de temps à autre des courses de géant pour garder la technique. C’est un avantage que je peux en tirer sur les parties techniques en vitesse.
Vous allez donc prendre les géants à la carte?
Tout à fait, il y a des géants qui font du sens, comme ceux de la tournée américaine (Palisades et Aspen) où il y a plus de vitesse. Adelboden aussi. Par contre, Schladming et Bansko sont placés au milieu du programme de vitesse, donc je vais plutôt prendre du temps pour me reposer. Il faut calmer un peu la bête et essayer de revenir fort pour les épreuves de vitesse.
Vous êtes l’un des rares athlètes à avoir skié cinq courses en cinq jours. Comment va la machine?
Je suis étonné en bien. On a quand même bien bossé cet été pour cela. Le seul problème, c’est un peu les sauts à Val Gardena qui m’ont vraiment fait mal aux genoux et au dos, c’était dur. J’ai dû tourner aux anti-inflammatoires ici, mais je suis content car physiquement j’ai les jambes, je ne craque jamais. C’est hyper positif.
LoÏc Meillard (8e du second géant d’Alta Badia): “Je ne me sentais pas à l’aise”
“Alors, oui le résultat est meilleur que hier (ndlr: 16e), oui je perds moins de temps que hier, mais à la fin je n’ai pas réussi à me battre avec les meilleurs et n’ai pas réussi à produire le ski que j’aurais voulu. Je n’étais pas à l’aise en descendant. Il y a toujours des choses à apprendre, c’est souvent dans les moins bons moments qu’on apprend d’ailleurs, et non pas uniquement quand tout fonctionne. En général, ça n’a jamais bien fonctionné Val d’Isère et à Alta Badia, mais j’aimerais bien que ça change. Il faut mettre ça de côté et se concentrer sur la suite avec le slalom de Madonna di Campiglio. Ça va faire du bien de remettre les skis courts.”
Johan Tachet, La Villa