Si le nom du vainqueur du super-G de Bormio n’avait rien d’une surprise vendredi, tant Marco Odermatt survole la discipline depuis de longs mois, Justin Murisier aurait bien voulu accompagner son compère sur la boîte ce vendredi. Mais ce n’est pas encore en 2023 que le Bagnard montera sur un premier podium dans une discipline de vitesse. Pourtant, et malgré quelques imprécisions, il a confirmé son excellente 4e place de la veille en descente en terminant cette fois 5e, à 1″76 du vainqueur.

“Je suis très content de mes deux jours en Lombardie, relevait d’ailleurs le skieur de Bruson. Mais quand même, j’ai un petit goût amer. C’était une piste qui me plaisait, bien verglacée et je savais que je pouvais bien faire. Il y avait moyen de monter sur le podium aujourd’hui. Avec mon potentiel, je pouvais réussir quelque chose de plus. C’est pour ça que je ne veux pas me contenter d’une 5e place à 31 ans.”

C’est sur le haut de la Stelvio que Justin Murisier a concédé trop de temps pour assouvir son rêve. Pourtant, après un début de saison délicat à Val Gardena et à Alta Badia, le Valaisan peut désormais se projeter avec optimisme sur la suite. “Ça reste un bon pas en avant, tient-il à relativiser. D’ailleurs, j’espère encore progresser d’ici Wengen et Kitzbühel et aller jouer tout devant.” Dans l’Oberland bernois, il disputera d’ailleurs également le géant d’Adelboden, avant de tenter de briller sur le Lauberhorn, notamment lors de la descente sprint, puis de disputer les descentes du Hahnenkamm, avec de grandes ambitions sur une Streif qui convient parfaitement à ses qualités techniques.

Loïc Meillard se cherche encore

De son côté Loïc Meillard cherchera à accrocher un premier podium cet hiver lors du week-end de reprise à Adelboden. Troisième l’an passé du super-G de Bormio, l’Hérensard a cette fois pris la 8e place, à seulement 0″06 de Justin Murisier. “J’ai réussi une manche solide même si je n’ai pas réussi à mettre en place mon plan du début à la fin, soulignait-il. Je peux toutefois rester satisfait.”

Le pari de ne pas disputer la descente pour s’entraîner en super-G n’aura donc pas entièrement payé. “J’ai pris une décision et on ne sait pas si ça aurait été mieux autrement, rappelle-t-il. Au moins je suis arrivé frais.” Reste que le skieur de 27 ans est lui aussi attiré par la vitesse. “C’est sûr que ça me titille de faire plus de descente, j’ai du plaisir à skier dans cette discipline, sourit-il. Mais tant que je fais du slalom, c’est impossible de faire toutes les descentes, il faut être intelligent dans mes choix.”

Arnaud Boisset accuse le coup

Car l’accumulation des courses n’est pas forcément la solution. C’est d’ailleurs ce dont est en train de se rendre compte Arnaud Boisset, qui découvre la Coupe du monde à 25 ans. Malgré sa 28e place, qui lui a permis de marquer des points pour la troisième fois en quatre départs au plus haut niveau, le Martignerain n’était pas satisfait de sa prestation: “C’est dommage, j’ai commis trop de fautes. J’avais de la vitesse mais mes erreurs me coûtent cher”. Passé par les qualifications internes mercredi, avant sa belle descente jeudi (22e), il a accusé le coup. “Je dois encore apprendre à cumuler les performances et travailler sur la constance”, souligne-t-il.

Toujours est-il que d’avoir des regrets au pied de la Stelvio alors qu’il y a moins d’un an, il ramait encore en Coupe d’Europe, peut faire sourire. “Là, j’arrive à prendre le train de la Coupe du monde depuis le début de la saison. Du coup, j’espère que 2024 sera encore meilleure.” Pour cela, il souhaite compter sur un coup de pouce de ses entraîneurs. “J’ai montré que quand on me donne ma chance, je la saisis, j’espère donc ne plus avoir à passer par les qualifications en descente le plus vite possible afin d’économiser de l’énergie.”

De l’énergie, toute l’équipe de Suisse va tout faire pour en emmagasiner un maximum en passant le cap de la nouvelle année, en espérant réussir de nouveaux cartons, comme celui qui a permis à sept skieurs helvétiques d’intégrer le top 15 ce vendredi.

Laurent Morel, Bormio