« Deux ans que je l’attendais celui-là. » Christophe Torrent a su se montrer patient avant de monter samedi sur le podium du super-G de Coupe d’Europe d’Orcières Merlette. Deuxième en France, le skieur d’Arbaz n’avait plus connu cet honneur depuis deux ans et une 3e place à Garmisch-Partenkirchen. Ce n’est toutefois de loin pas une surprise de retrouver le Valaisan aux avant-postes sur le circuit continental. « Depuis le début de la saison, je sentais que j’étais dans le coup, que je tournais autour. Le ski était là, mais les centièmes n’étaient pas de mon côté. » À l’image de la descente vendredi, où Christophe Torrent a manqué la boîte pour trois dixièmes. « J’étais frustré, je me suis élancé sur le super-G avec la volonté de faire tourner la roue. »
Pari réussi pour le skieur de 25 ans qui jongle cet hiver entre la Coupe d’Europe et la Coupe du monde, sans garantie de pouvoir prendre un départ dans l’élite. Cette saison, le Valaisan a eu l’occasion de s’élancer en descente sur la Saslong de Val Gardena et la Streif de Kitzbühel, sans parvenir à s’offrir une place lors des qualifications internes, contrairement à Bormio où il a pu prendre son deuxième départ en Coupe du monde sur la terrible Stelvio, pour une 45e place. « Je suis obligé de passer par les qualifications, ce qui est normal avec le nombre d’excellents skieurs que l’on a en Suisse, tu perds rapidement de l’influx nerveux et cela devient difficile d’aller marquer des points. »
Un top 3 dans le viseur
Toujours est-il que l’Arbazien se plaît à dévaler les plus mythiques et exigeantes pistes du Cirque blanc. « Elles me plaisent, car il faut être agressif, mettre dans l’angle sur les skis. J’ai plus de peine à revenir ensuite en Coupe d’Europe, car c’est un autre ski, tu dois être plus doux sur tes appuis. J’ai encore des difficultés à changer de mode, même si je commence à avoir de l’expérience. » La Coupe du monde reste un bonus pour Christophe Torrent qui lorgne une place dans le top 3 en descente ou en super-G en fin de saison, ce qui lui ouvrirait les portes de l’élite pour l’ensemble du prochain hiver. « En Suisse, pour te faire une place en Coupe du monde, tu est obligé d’en passer par là. »Le Valaisan accuse 103 points en descente et 63 points en super-G de retard sur le podium des spécialités avant les épreuves de Crans-Montana dans une semaine.
Celles-ci conditionneront sa fin de saison. En cas de bonnes performances, il s’envolera pour Sarajevo et les deux super-G continentaux au programme, même s’il devra faire une croix sur les courses de Coupe du monde de Crans-Montana la même semaine. « Je ne vais pas commencer à faire des choix. Je ne vais pas me priver d’aller chercher une place fixe en performant sur la Coupe d’Europe si j’en ai l’opportunité », sourit-il.
La fête à la maison
Mais avant d’éventuellement prendre la direction de la Bosnie ce sont un super-G et deux descentes qui l’attendent à une quinzaine de kilomètres de son lieu de résidence. « Je me réjouis de concourir presque à la maison. Une cinquantaine de membres de mon fan club seront présents », lance-t-il en rappelant que la station voisine de Crans-Montana lui avait déjà porté bonheur par le passé, même si cela commence à dater. « J’avais été sacré champion de Suisse U16 devant ma famille. » Christophe Torrent possède toutes les qualités pour briller sur la mythique Nationale. « Ce sera la piste la plus exigeante de la saison, avec une neige compacte comme je l’aime. Il y a tout pour bien faire. » Le rendez-vous est pris dimanche prochain pour le super-G.
Johan Tachet