C’est sur la piste Emile Allais qui possède une signification spéciale que Mikaela Shiffrin a fait hier son grand retour à la compétition jeudi soir lors du slalom de Courchevel. En effet, c’est là où elle avait gagné sa première course après le décès de son papa en 2020. Une victoire marquante qui lui avait permis de comprendre que, même si «ce ne sera jamais comme avant, ça en valait la peine». Alors revenir après son accident de Killington sur cette piste chargée de souvenirs a été, pour elle, un moment fort en émotion.

« C’était important pour moi de skier à nouveau avant les Championnats du monde », confie la skieuse du Colorado. Prévu dès mardi en Autriche, l’événement approche à grands pas et l’épreuve française représentait sa dernière chance de se tester en conditions de course.

Un gros travail physique

Les chutes de neige massives de la semaine précédente – jusqu’à 1,5 mètres – avaient rendu le travail des organisateurs titanesque, et les conditions de piste étaient loin d’être idéales. Peu entraînée ces deux derniers mois, Mikaela Shiffrin a dû puiser dans ses ressources. « C’était un vrai défi », souligne-t-elle après sa 10e place.

Une performance qui valide le processus de rééducation qu’elle a suivi avec rigueur. « J’ai dû accentuer mon travail de récupération et renforcer certaines parties de mon corps que je ne sollicite pas d’ordinaire. Mais ce renforcement m’a permis de revenir plus forte sur des points essentiels. » Convaincue que son travail physique portera ses fruits, elle voit son retour comme une étape décisive vers la pleine possession de ses moyens.

Un soutien général

Durant sa convalescence forcée aux États-Unis, Mikaela Shiffrin a démontré posséder un mental d’acier et ne pensait qu’à revenir concourir en Coupe du Monde.. « Si j’ai une chance de revenir vite, je dois tout essayer, car c’est ici que je veux être, donner tout ce que je peux. » Pourtant, comme toute blessure, cette période a été ponctuée de moments difficiles. Heureusement, elle a pu compter sur le soutien indéfectible de sa maman, de son équipe et même de l’ensemble du Cirque blanc.

« Je me sentais isolée, si loin de là où je voulais être. Mais j’ai eu la chance de recevoir des messages de tout le monde. Chacun d’entre eux rendait ma journée plus heureuse. » Pour tromper l’ennui des premières semaines sans sport, la skieuse aux 99 victoires en Coupe du monde suivait assidûment les performances de ses compatriotes, et vibrait à chaque exploit. « Quand mes coéquipières s’approchaient ou battaient leur meilleur résultat ou qu’elles montaient sur le podium, c’était le highlight de ma journée. » Et il y en a eu: entre la victoire de Lauren Macuga en super-G à Sankt Anton et la 3e place de Paula Moltzan en géant à Kronplatz, la skieuse de Vail n’a pas manqué d’occasions de se réjouir pour ses amies.

« Les 100 victoires? Ce n’est plus un objectif »

Maintenant que Mikaela Shiffrin a pu à nouveau dévaler une piste de Coupe du Monde sans ressentir de douleur. Ses objectifs sont clairs: retrouver son meilleur niveau, donner son maximum quelles que soient les conditions et se préparer intensément pour les épreuve techniques à venir.

Et la 100e victoire dans tout ça? « Ce n’est plus un objectif», tranche-t-elle. L’Américaine refuse de se focaliser sur ce chiffre symbolique. « Je veux me concentrer sur le présent. » La priorité est désormais la récupération pour arriver dans les meilleures dispositions à Saalbach avec l’espoir d’accrocher un huitième titre mondial.

Lucie Morel, de retour de Courchevel