Ce n’était pas un hasard si le Freeride World Tour (FWT) fêtait son retour en France après une absence de huit ans. Ce n’est pas non plus une coïncidence si son circuit mondial faisait étape à Val Thorens. « Nous sommes allés les chercher », explique Thibault Combre, le directeur général du club des sports de Val Thorens. « Cette démarche s’inscrit dans l’objectif de remettre en avant l’un des sports phares de l’hiver, qui possède une large audience, un peu à la manière du skicross, dont la Coupe du monde s’arrête chez nous depuis dix ans maintenant. » Mais ce n’est pas l’unique raison.
Avec le temps, le freeride s’est construit une jolie place au sein des sports d’hiver. Le nombre de spectateurs présents sur place ou connectés pour regarder les compétitions ne fait qu’augmenter, un point qui n’a pas échappé aux organisateurs français. « C’est un sport qui nous a séduits. On peut assez facilement le comparer au surf. Il fait partie de ces disciplines un peu plus respectueuses, moins critiquées et qui correspondent à notre clientèle. Il faut avoir une vision d’avenir. » Le respect de l’environnement est un point fort de ce sport toujours plus émergent. Lorsque l’on parle de freeride, il n’est pas nécessaire de construire des infrastructures particulières pour une discipline qui se pratique en harmonie avec la nature et la montagne.
Un long processus olympique
La station de la Tarentaise n’en est pas à son premier coup d’essai pour organiser de gros événements, à l’image du skicross, mais aussi des Summit Games ou encore des concours de patinage artistique. De par son altitude, à plus de 2300 mètres, ce qui en fait la plus haute station d’Europe, Val Thorens possède l’assurance d’avoir de la neige en suffisance, notamment sur les faces de Cime Caron et du Lac Noir.
Et l’organisation d’une première étape du FWT fut une réussite. « On essaie de prouver une nouvelle fois que même sur un événement en première année, sans être passé par les Challengers ou les Juniors, nous sommes à la hauteur. Cela nous permet de nous mettre en valeur », poursuit Thibault Combre. Et en effet, l’organisation a été impeccable. Avec la quantité de neige tombée durant les derniers jours précédant la compétition, la poudreuse était au rendez-vous, ce qui a ravi plus d’un rider. « La neige était incroyable, ça fait plaisir d’avoir de la poudreuse. Ça montre notre sport à sa juste valeur », s’est réjoui Elisabeth Gerritzen, qui a déjà écumé de nombreux spots durant sa longue carrière.
La proximité avec Méribel, Courchevel et Brides-les-Bains
Les athlètes seront heureux d’apprendre que Val Thorens a signé un accord de quatre ans avec le FWT et espère, surtout, pouvoir accueillir le freeride lors des JO 2030. Maintenant que la station des 3 Vallée a fait ses preuves, c’est sur le COJO (le comité des Jeux Olympiques français) que tout repose. Ou presque. Dans un premier temps, le COJO va pouvoir proposer l’intégration de nouvelles disciplines au programme olympique pour 2030. Ensuite, c’est le CIO qui tranchera. Tout ce processus se déroulera l’été et l’automne prochains.
Mais depuis que le FWT à rejoint la FIS, les chances de devenir olympique ont considérablement augmenté pour la discipline. « Et après, il y a la destination. Il faut prouver qu’on a la capacité d’organiser et d’accueillir un grand nombre de personnes. Par exemple, le village olympique de Brides-les-Bains pourrait complètement être un point de ralliement pour les riders », explique le directeur du club des sports, sachant que les stations voisines de Courchevel et Méribel devraient accueillir des épreuves de ski alpin, mais également le saut à ski. Val Thorens bénéficie aussi d’une liaison télécabine qui, en 25 minutes, relie directement un grand parking à la station, et dispose également d’une connexion avec la vallée via un transport par câble,
Les riders en rêvent
La perspective pour le freeride de devenir olympique motive naturellement les riders. Pour Maxime Chabloz, champion du monde de freeride et de kitesurf, cette nouveauté pourrait changer sa manière d’aborder ses deux sports. « Si le freeride venait à devenir un sport olympique en 2030, peut-être que je me concentrerais davantage dessus en me préparant encore plus. Viser les JO pourrait devenir un de mes objectifs. » Martin Bender lorgne également cette perspective. Il ne serait alors âgé que de 25 ans. « C’est sûr que ça deviendrait un but en soi. Pour l’instant ça reste assez lointain, donc je ne me projette pas beaucoup, mais si ça vient, ce serait un peu un rêve. »
Pour l’ancienne retraitée, Elisabeth Gerritzen, il est moins certain de la retrouver encore en compétition d’ici là. «En 2030, j’aurai 34 ans. Je pense que ça pourrait se faire, mais les qualifications seront dures. Avec peu de filles par nation, on privilégiera sûrement les jeunes au top de leur forme.» Pour le moment c’est une question que la Vaudois de Verbier ne se pose pas, mais peut-être que dans le futur, le sujet reviendra.
En attendant, tous les acteurs du freeride attendent impatiemment le verdict. L’automne prochain, le freeride sera fixé sur son sort olympique.
Lucie Morel, de retour de Val Thorens