« C’est une totale surprise de me retrouver aux Mondiaux juniors. Franchement, à la base, je ne savais pas du tout quand c’était. » Malorie Blanc se marre. La skieuse d’Anzère participera dès jeudi à Sankt Anton aux Championnats du monde réservé à la relève du ski mondial. « Ce n’était pas un objectif de base, mais quand j’ai su qu’il y avait des sélections, je me suis dit, on verra bien comment ça se passe. »

Ce n’est toutefois pas un hasard si la Valaisanne de 19 ans se retrouve dans la sélection helvétique. Course après course, elle progresse en Coupe d’Europe, où elle fait ses armes depuis peu. En six compétitions de vitesse dans l’antichambre de la Coupe du monde, elle a déjà inscrit trois fois des points, se classant 20e et 25e la semaine dernière lors de deux descentes disputées le même jour à Zauchensee (AUT). « Je suis déjà surprise de me retrouver dans le top 30. Mon objectif était de continuer sur ma lancée de l’an dernier, mais sans prétendre déjà avoir des gros résultats. C’est cool que ça arrive, sans chercher. »

Des premiers pas avec l’équipe de Suisse de Coupe du monde

Avec Stefanie Grob, elles ne sont que deux skieuses nées en 2004 à avoir réalisé pareil exploit la semaine dernière. Il faut préciser que la Valaisanne et l’Appenzelloise sont les têtes de proue d’une génération de skieuses suisses, tout juste majeures, mais des plus talentueuses, au sein de laquelle figurent également Janine Mächler, Isabella Pedrazzi ou encore la Fribourgeoise Julie Deschenaux. Mais quand on lui fait part qu’elle fait partie des plus grands espoirs du ski suisse, l’Ayentôte ne s’en formalise point. « Je n’ai pas de pression, car je n’arrive pas forcément à me projeter sur le long terme. J’avance pas à pas, en croisant les doigts de ne pas connaître de blessure. »

Malorie Blanc joue la carte de la sérénité. Un calme dont elle essaie de faire son leitmotiv. « Dès que j’ai trop d’attentes ou que je me projette trop, ça me fout un gros stress. Mais après cinq secondes, je me calme et je me dis que j’ai encore le temps, qu’il y a encore beaucoup de travail avant d’arriver tout en haut. » La tête sur les épaules et les skis sur terre ou sur neige, cette fan du champion Aksel Lund Svindal – « la classe à la norvégienne » – saute les étapes et apprend déjà à connaître le Cirque blanc.

Elle était ouvreuse lors des descentes de Coupe du monde de Saint-Moritz au mois de décembre, avant d’être retenue pour la première fois dans la sélection suisse pour les entraînements de la descente de Sankt Anton la semaine dernière. Hélas, ceux-ci ont été annulés. Mais elle a pu côtoyer de près des championnes olympiques telles que Lara Gut-Behrami, Corinne Suter ou Michelle Gisin. « C’est impressionnant d’être avec ces filles, et on se rend compte qu’elles sont également passées par où nous en sommes aujourd’hui les jeunes. Et en plus, elles sont très sympas. »

Entre la folie sur les skis et le calme de la pratique du crochet

« La bonne ambiance », c’est aussi l’une des raisons qui a davantage poussé Malorie Blanc à s’orienter vers la vitesse plutôt que la technique. « Je trouve les gens plus tranquille. Et ça se joue également sur une manche. C’est un format qui me plaît car il faut laisser aller les skis au feeling et avoir un brin de folie. » À l’entendre parler, on n’oserait s’imaginer que l’enjouée athlète soit une amatrice de dessin et apprécie le crochet qu’elle pratique « sans pression, comme une mamie », rigole la skieuse qui s’amuse avec les contrastes.

Plus jeune, pour assouvir sa soif de sport, elle pratiquait aussi le tennis, qu’elle a abandonné car c’est « un sport qui demande trop de patience, qui est trop lent et trop mental », ou encore le saut en hauteur et en longueur, des disciplines où elle était loin d’être mauvaise. « Au bout d’un moment, il a fallu choisir », continue Malorie Blanc qui termine, en parallèle, son collège à Brigue en économie. « J’aimerais me concentrer une année uniquement sur le ski, mais je ne suis pas certaine d’y parvenir, car j’ai besoin de me stimuler. »

Dans le coup aux entraînements

Sur la piste, Malorie Blanc n’a pas besoin d’être poussée, même s’il était parfois difficile, petite, de se lever et de quitter le cocon familial d’Ayent pour pratiquer sa passion. « Je m’ennuie beaucoup de ma famille. Mais je me rends compte que le ski est une superbe école de vie. J’ai beaucoup de chance de faire cela. »

Ces prochains jours, elle les passera d’ailleurs loin de la maison, aux Mondiaux autrichiens, avec l’espoir de performer. « Quand on se retrouve ici, avec tout « Swiss-Ski », ça donne envie de claquer des résultats. » Sans, toujours, se mettre de pression. « J’ai l’impression que c’est avec le plaisir que les bons résultats viendront. »

Et sur la piste Karl Schranz de Sankt Anton, la Valaisanne a déjà pris ses marques, signant les 7e et 10e temps des deux entraînements de descente. Même si ce n’est, encore une fois, pas forcément un objectif, le rêve d’une médaille mondiale n’est peut-être pas utopique pour Malorie Blanc. Et si elle parvenait à créer l’exploit, nul doute qu’elle serait prête à réaliser un joli tricot pour y déposer sa breloque, qu’elle aurait évidemment bien fêtée.

Johan Tachet, de retour de Sankt Anton