Loïc Meillard peut lever les bras. Le Valaisan est aussi insatiable que déconcertant de facilité en cette fin d’hiver. Il vient une nouvelle fois de triompher, avec brio, lors du dernier géant de l’hiver sous le soleil printanier de Sun Valley, qui porte bien son nom. «Je profite que tout roule en ma faveur», sourit le lauréat du jour. «Cela n’a pas toujours été le cas et c’est un plaisir d’avoir le ski pour jouer tout devant.»
Sur une neige américaine, qu’il affectionne tant, le skieur d’Hérémence a fait parler sa classe, son aisance technique et tactique. «Mais c’était des conditions très difficiles, je n’arrivais pas à avoir un feeling parfait, notamment en première manche», analyse-t-il. «Après j’ai essayé de suivre mon plan, d’avancer, de continuer à travailler et au final, je suis vraiment content de mon ski.»
Les louanges de Marco Odermatt
Et il le peut, en reléguant à près d’une seconde son rival et ami Marco Odermatt. «Cette victoire est amplement méritée pour Loïc», apprécie le Nidwaldien qui vient de remporter son quatrième Globe de cristal de suite dans la discipline. «Quand il est à ce niveau, il est très difficile à battre.»
Loïc Meillard vient d’accrocher une septième victoire en Coupe du monde, la troisième de suite dans les disciplines techniques. En cette fin de saison, il semble totalement décomplexé. Débarrassé désormais de ses douleurs dorsales qui l’ont perturbé en début d’hiver, l’Hérensard a su encore hausser son niveau de performance. «Il fallait juste un peu de temps en géant pour me remettre dedans après la blessure au dos, le temps de reprendre confiance et attaquer pleinement sur deux manches», reprend le Valaisan.
Un déclic en deux temps
Pour ses coaches, le déclic a dans un premier temps eu lieu juste avant les Championnats du monde de Saalbach où Loïc Meillard a été l’homme fort en amassant trois médailles dont deux en or. «On s’est très bien entraînés juste avant les Mondiaux, Loïc a ressenti des nouvelles sensations sur les skis et son corps allait justement mieux», mentionne son coach Julien Vuignier. La victoire lors du géant d’Hafjell, la première à la régulière devant Marco Odermatt, a très certainement également pesé positivement dans l’approche de cette dernière semaine de course.
«En fin de compte, depuis fin janvier, il y a peu de fausses notes en géant», se réjouit Loïc Meillard au moment d’analyser son hiver dans une discipline où il termine sur le podium final pour la deuxième saison consécutive. «C’est beau, cela démontre que le ski est là, que l’on travaille juste et que chaque année, je parviens à réaliser des petits progrès.»
Un Globe en slalom, 57 ans après Giovanoli?
Et le Valaisan s’offre une dose de confiance supplémentaire avant le slalom final de jeudi. Deuxième du classement de la spécialité derrière le Norvégien Henrik Kristoffersen, le champion du monde des virages courts doit effacer un déficit de 47 points pour s’adjuger son tout premier Globe de cristal. «Henrik a également terminé sur le podium aujourd’hui et c’est un bagarreur qui ne lâche jamais rien», rappelle-t-il. «Nous sommes tous les deux prêts à partir au combat et se donner à fond. Je vais en tout cas partir dans le même état d’esprit que lors de ce géant.»
Avec la perspective pour Loïc Meillard de devenir seulement le deuxième skieur suisse de l’histoire à remporter le classement du slalom après le Grison Dumeng Giovanoli en 1968. Plus d’un demi-siècle plus tard, l’histoire est peut-être en marche.
Johan Tachet, Warm Springs