Jenna Keller est l’une des dernières arrivées sur le front du Freeride World Tour (FWT). Mais à 30 ans, l’Argovienne, désormais exilée en Valais, possède une solide expérience de la poudreuse. C’est en 2019 qu’elle a participé à sa première épreuve. Son beau-frère, qui participait déjà à des compétitions, l’a poussée à s’inscrire. Et il avait vu juste puisque Jenna Keller s’est imposée pour entrer de plain-pied dans le monde du freeride. Parmi les personnes qui l’ont poussée à se lancer sur les faces enneigées, il y a également la rideuse néo-zélandaise Jessica Hotter, une véritable source d’identification et d’inspiration.

Toutefois, le freeride à un niveau professionnel n’a pas toujours été une évidence pour celle qui habite Morgins. «J’avais une carrière d’enseignante de ski à côté et du coup ces compétitions, c’était pour l’atmosphère, pour l’ambiance, pour pousser mon niveau de ski.» Ce n’est que la saison dernière, en décrochant son ticket pour le FWT, qu’elle a réellement envisagé de faire de sa passion une carrière à part entière.

Remises en question et doutes

Avant cela, le parcours de Jenna Keller n’a pas toujours été simple. Participer au circuit des qualifications du FWT tout en travaillant pour subvenir à ses besoins a représenté un véritable défi colossal. «Ce n’était pas évident de combiner entraînements, compétitions et travail», se souvient-elle. Les doutes ont souvent envahi son esprit, au point qu’elle a sérieusement envisagé tout abandonner. Mais sa qualification pour le FWT lui a redonné confiance en elle et en son potentiel. Malgré ce grand pas en avant, la Valaisanno-Argovienne garde les pieds sur terre.  « J’essaye de garder un peu le même état d’esprit que la saison dernière, dans le sens où ça m’a bien réussi de me dire que je suis arrivée jusque là, c’est déjà une énorme fierté. »

Naturellement, la rookie espère que sa première saison sera réussie, sans se mettre de pression. Son but? Éviter les grosses chutes, comme lors de la première étape à Baqueira Beret, et donc les blessures. Dans cette optique, elle a fait appel à une coach mentale afin de pouvoir mieux gérer la pression avant de droper. «Cela me permet aussi d’être plus posée au moment de choisir ma ligne, de trouver un équilibre entre me challenger et rester en sécurité», explique-t-elle.

Se faire plaisir

À la veille de s’élancer à Val Thorens, pour la deuxième étape de l’hiver, Jenna Keller affiche un mélange de sérénité et d’enthousiasme. «Je me réjouis, en fait. On a skié aujourd’hui et la neige était excellente. Si on a les mêmes conditions demain, on va vraiment prendre un monstre plaisir à skier», confie-t-elle.

Son plan est clair: skier vite et bien, sortir de sa zone de confort tout en prenant un maximum de plaisir. Cette philosophie, Jenna Keller espère l’appliquer tout au long de la saison, avec comme priorité de rester fidèle à elle-même et de savourer chaque instant sur les pentes enneigées.

Lucie Morel, Val Thorens