C’est dans un rôle de consultant pour SRF que Beat Feuz arpente désormais les pistes du Cirque blanc. Retraité du sport de haut niveau depuis deux ans, le Bernois s’éclate dans son nouveau rôle, même si la compétition lui manque parfois. « C’était très cool, mais c’est aussi cool de regarder les autres descendre ces pistes. »

Présent sur les plus grandes classiques du circuit, il a notamment réalisé une descente filmée avec Felix Neureuther et Marc Berthod à Wengen. « Je me plais dans mon rôle, je prends du plaisir à être là, à pouvoir encore côtoyer les athlètes tout en ayant moins de stress et en passant plus de temps à la maison. » « Kugelblitz » sera présent à Saalbach pour la première semaine des Championnats du monde et suivra ainsi les épreuves de vitesse.

Mais c’est bien à Kitzbühel, où il a remporté trois descentes, qu’il est cette semaine afin de suivre les exploits des Suisses sur la Streif. Rencontre, alors qu’il a suivi avec attention la fantastique descente de samedi d’Alexis Monney, deuxième derrière le Canadien James Crawford. Rencontre.

Beat Feuz, que retenez-vous de cette descente d’Alexis Monney?

C’était une course fantastique. On s’y attendait un petit peu car la piste et les conditions sont un petit peu similaires à Bormio, ça tapait beaucoup en haut et en bas. Il avait des super bons réglages et a parfaitement géré. D’ailleurs, il rate la victoire pour 0″08 et il aurait pu aller les chercher. Le saut d’arrivée n’était pas parfait de sa part notamment… On ne doit pas chercher longtemps où il a laissé passer la victoire. Reste que gagner Bormio et faire 2e à Kitzbühel, c’est déjà une saison extraordinaire.

Alexis Monney n’a que 25 ans. De votre côté, vous avez dû attendre vos 33 ans pour fêter un premier succès sur la Streif. Peut-il devenir le roi de Kitzbühel?

Oui, bien sûr! Après, on est dans une situation où beaucoup de Suisses peuvent le devenir. Je pense évidemment à (Marco) Odermatt mais aussi à Franjo (von Allmen) et Alexis (Monney), donc. Il y a aussi Justin Murisier évidemment, qui est le plus âgé. Ils ont tous le potentiel pour gagner ici. En tant que Suisses, on doit se réjouir des prochaines années, surtout que la plupart sont encore très jeunes.

Vous attendiez-vous à retrouver Alexis si fort cet hiver?

Oui. On a déjà vu son potentiel il y a deux ans. C’était déjà fort d’intégrer le top 10 en Coupe du monde, mais il commettait encore des fautes. La saison dernière, il a peut-être été plus lent à jouer les premiers rôles, mais il a beaucoup gagné en constance. Il faisait moins de fautes, ses manches étaient plus constantes, meilleures. C’était pour moi un développement positif. Et maintenant, il arrive à prendre des risques tout en étant constant. Il est fort comme il y a deux ans, mais beaucoup plus stable. Désormais, il appartient aux favoris. Il peut encore progresser surtout sur certaines pistes, mais il fait partie des meilleurs.

Pour Marco Odermatt en revanche, samedi était une journée difficile. Courir après cette descente mythique peut-il devenir un problème pour lui?

Non! Il a gagné le super-G cette année. C’est déjà une première importante pour lui. Il voulait la victoire en descente, bien sûr, ça lui manque encore. Mais il fait désormais partie des vainqueurs à Kitzbühel. C’est déjà très bien. Et au moins, il lui reste encore un objectif pour le futur. On peut se réjouir de la saison prochaine car il devra essayer de gagner la descente de Kitzbühel mais aussi l’or de la descente olympique. Ça parle pour lui dans un sens, il ne va pas se relâcher pour rester tout devant.

Kitzbühel est-elle la descente la plus difficile à gagner?

Je ne sais pas si c’est la plus difficile à gagner, mais un descendeur doit la gagner logiquement. C’est la course avec le plus de prestige, la plus grande. Wengen est aussi très importante, mais il ne faut pas les mêmes qualités pour s’y imposer.

Laurent Morel, Kitzbühel