Le Norvégien vise un retour à la compétition à Beaver Creek, presque deux ans après son horrible crash à Wengen. Plus motivé que jamais, il veut retrouver sa forme d’antan, et peut-être même aller chercher de nouvelles médailles olympiques en février.

Si tout va bien, Aleksander Aamodt Kilde sera au départ des épreuves de vitesse à Beaver Creek dans moins d’un mois. Après presque deux ans de dur labeur, le champion norvégien est plein d’optimisme. Mais il n’est encore sûr de rien.

Ce n’est pas seulement la jambe droite, qu’il a horriblement entaillée lors de son crash à Wengen en janvier 2024, mais aussi l’épaule gauche, opérée plusieurs fois, qui a nécessité de recommencer à zéro. « La jambe ne reviendra jamais à 100 %. C’est comme quand tu as un accident de voiture : tu peux réparer la voiture, mais elle ne sera jamais pareille. C’est la même chose avec moi », a plaisanté le skieur lors d’une rencontre avec les journalistes chez son équipementier Atomic. « Mais je peux faire en sorte que la voiture soit super rapide : il faut juste faire quelques ajustements. »

Aleksander Aamodt Kilde est près de son but, un retour en Coupe du monde – un but qui semblait quasi impossible il n’y a pas si longtemps. Le camp d’entraînement au Chili cet été avec l’équipe norvégienne était « un énorme pas dans la bonne direction » et une grande source de motivation. Ces prochaines semaines, il s’entraînera avec ses compatriotes à Copper Mountain avant son comeback prévu à Beaver Creek début décembre. Ayant surtout travaillé de son côté jusqu’à présent, « je dois juste m’accrocher et réussir à suivre l’équipe ». Mais « dans un mois, ça pourrait se faire… c’est fou » dit-il, abasourdi.

Une période noire

Le sourire et la bonne humeur sont de retour. Mais le Norvégien, gagnant du gros Globe en 2020 et de quatre petits Globes, a connu bien des gouffres après son accident. « J’ai traversé les moments les plus sombres de ma vie ces 20 derniers mois », a-t-il confié lors d’un autre point de presse avant de partir aux États-Unis. « Tu ne perds pas seulement ton job, mais aussi ta raison d’être. » L’idée qu’il ne pourrait plus jamais remonter sur les skis a pendant un temps travaillé le double médaillé d’argent de Pékin 2022.

Le moment clé est venu après sa dernière opération à l’épaule au printemps. « J’ai réalisé que je voulais tout faire pour revenir, parce que cela me manquait énormément : pas seulement la compétition, mais le train de vie, le fait d’être sur la route, d’avoir un objectif, de suivre ma passion. Je n’en ai pas fini avec cette vie. »

Ce qui manque

On se souvient des affreuses photos que le skieur a partagées sur ses réseaux sociaux à l’époque de son accident. Au mollet droit, ce n’étaient pas seulement les muscles mais aussi les nerfs qui étaient touchés, ce qui a pris beaucoup plus de temps à guérir. Aujourd’hui, il lui manque toujours un peu de tension et de contrôle dans le mollet sur certains sauts, même si le tonus musculaire revient lentement. « Je pense que jusqu’à ce que je décide de prendre ma retraite, ce sera un travail en cours. »

Ses mouvements sont aussi limités par son épaule, qui est à 80 % de sa capacité, selon lui. Même si les jambes font le gros du travail sur une piste de descente, c’est tout le corps qui aide à propulser un skieur en avant, et il a encore des difficultés à lever le bras gauche au-dessus d’un certain point. Mais la rapidité avec laquelle il a progressé ces derniers mois l’a énormément motivé. « Au Chili au début, j’avais de la peine à me mettre en position de schuss, et à la fin c’était possible. C’est incroyable comment le corps s’adapte, et c’est pourquoi je me vois revenir à la compétition, parce que je sais que je peux m’adapter. C’est probablement plus important qu’être à 100 %. »

Redevenir indestructible

Si Aleksander Aamodt Kilde a appris une chose ces 22 derniers mois, c’est la patience. « J’étais indestructible avant. Puis j’ai été brisé. Maintenant j’essaie de redevenir indestructible, c’est juste un peu plus difficile. » L’épaule va continuer à demander du travail pour rebâtir sa force, sa mobilité et sa confiance, et il faudra adapter l’entraînement pour prendre cela en compte. « Il reste encore des points d’interrogation, je ne suis pas sûr à 100 % de pouvoir revenir… mais j’ai un bon pressentiment. On peut au moins tenter le coup et on verra ensuite. »

En vrai champion, le Norvégien ne peut s’empêcher de viser haut. « Si tout se passe bien, je serai aux Jeux olympiques et je pourrai lutter pour des médailles », note-t-il, même s’il reconnaît qu’il ne sera pas cette fois-ci parmi les favoris. En même temps, il se réjouit de plus petites victoires : « Revenir dans le portillon du départ serait déjà un grand succès. »

Une chose est sûre, le quadruple vainqueur de Beaver Creek a choisi le parfait décor pour marquer son retour sur le Cirque blanc, lui qui a signé le doublé en descente et super-G en 2021 et 2022. « J’ai une bonne histoire dans cette station: j’ai gagné les quatre dernières courses que j’y ai disputées, j’ai de très bons souvenirs, la neige est bonne et je connais cette piste comme ma poche. Pourquoi ne pas commencer là ? » demande-t-il, les yeux déjà pétillants. Pourquoi pas, en effet.

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