Il y a un mois et demi, le genou droit d’Alexis Pinturault était touché lors du super-G de Kitzbühel. Un nouveau coup dur pour le Français, une année après une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche à Wengen. Le skieur de Courchevel n’était alors plus certain de savoir s’il allait continuer sa carrière, mais plusieurs éléments et événements lui ont permis de retrouver la motivation pour revenir. comme il l’a expliqué vendredi lors d’une conférence de presse. « Il y a une belle perspective pour la saison prochaine avec les Jeux olympiques qui seront en Europe. » Ce serait alors sa quatrième apparition olympique après Sotchi, PyeongChang et Pékin, loin de ses racines, mais d’où il était reparti avec trois médailles autour du cou.
Le degré moindre de ses maux l’a aussi aidé. «La blessure que j’ai subie était loin d’être aussi grave que celle de l’année dernière. Là, c’était ‘uniquement’ une fracture qui ne nécessitait pas d’opération. Les douleurs sont aussi complètement différentes et moins persistantes », explique le Français. Une autre motivation l’a poussé à revenir: une fin de carrière qui approche. « Je reviens pour un an parce que je pense que j’ai fait le tour d’une certaine manière de mon sport, mais il y a tout de même l’idée d’une belle fin de carrière qui est toujours là, et surtout celle de ne pas finir sur une blessure. »
Un retour aux sources
Plein de motivation, l’athlète de bientôt 34 ans a cependant dû réfléchir à la manière dont il allait aborder cette ultime saison. Il avait fait le choix, il y a deux saisons, de se tourner vers les disciplines de vitesse, au détriment du slalom notamment. Toutefois, le Français a annoncé qu’il ne s’alignera plus qu’en géant. La raison? C’est la discipline où il possède le plus d’expérience, mais aussi celle où il a connu le plus de réussite.
Rares sont les fois où Alexis Pinturault a fini en dehors du top 30 ces dernières années. « Avant ma première blessure, je faisais partie des sept meilleurs en géant et dans le top 10 en super-G. Après ma seconde blessure, il n’y a qu’en géant où je peux bénéficier d’un dossard dans les 30 », confie-t-il. Au début de la saison prochaine, il s’élancera avec un « correct » numéro de dossard, vers le 28, avec l’espoir de l’améliorer au fil des courses.
Avec l’équipe de France
Après cinq saisons à s’être entraîné avec sa propre cellule privée, le skieur de Courchevel a également pris la décision de revenir auprès de l’équipe de France. « Ça avait peu de sens de continuer avec une équipe qui est normalement dédiée et préparée à des calendriers qui sont extrêmement exigeants. »
Un autre avantage est qu’avec les multiples profils présents dans ce groupe d’entraînement, il y aura aussi un échange qui pourra se faire entre les différentes générations. « Je pense qu’avec ce mix intergénérationnel, tout le monde va en tirer des avantages, que ce soit les plus jeunes ou les plus vieux, nous avons tous quelque chose à gagner », assure Alexis Pinturault, sans oublier de souligner les bonnes performances des jeunes en Coupe d’Europe et en Coupe du monde. Il va tout de même continuer sa préparation physique avec son entraîneur de longue date, Martin Hager.
De victime à dénonciateur
Son retour ne se limite pas à la compétition. Blessé l’an dernier lors du super-G de Wengen, Alexis Pinturault a eu le temps de peaufiner un document parlant de la sécurité sur les pistes du Cirque blanc qu’il n’a pas hésité à transmettre à la FIS. « On sait que le ski est un sport dangereux et qu’il y aura toujours des accidents. L’objectif, c’est quand même qu’au fil des années et des recherches, nous somme censés aller vers plus de sécurité et pas l’inverse. »
Le skieur de 33 ans a raison. Au cours de ces dernières années, de plus en plus d’athlètes sont victimes de chutes graves, en particulier en descente et en super-G où la vitesse ne cesse d’augmenter. « Quand il y a des mouvements de terrain sur un plat et qu’on ne va pas forcément très vite, on est rarement déséquilibré ou poussé à la faute. Alors que maintenant, on sort de certains sauts avec une vitesse astronomique et si on doit corriger notre ligne pour arriver à la prochaine porte, c’est dans ce genre de situation qu’on se fait mal. C’est ce qui m’est arrivé. »
Alexis Pinturault explique qu’il y aurait plusieurs moyens de réduire ces chutes dangereuses. En premier lieu, il faudrait cesser de construire des mouvements de terrain pour laisser ce terrain au naturel. Une autre solutions serait de réduire la vitesse par le biais des combinaisons dans le but de ralentir le skieur. « On pourrait apporter des améliorations plus techniques, typiquement, la technologie de l’airbag pourrait être reliée aux fixations des skis. Ces dernières se décrocheraient lorsque l’airbag s’ouvrirait, ce qui éviterait beaucoup de torsions au niveau des jambes lors des chutes », explique l’athlète vainqueur du grand globe de cristal en 2022. Le seul souci est que toutes ces solutions prendront cinq à dix ans avant d’être utilisées. Il faut donc en trouver d’autres au plus vite.
Lucie Morel