Aux côtés de ses parents, Lara Gut-Behrami n’a pas souhaité prendre la lumière et a donc suivi discrètement la manche de slalom de Wendy Holdener lors du tout nouveau combiné par équipes des Championnats du monde de Saalbach. Mais la Tessinoise, « seulement » 12e de la descente disputée dans la matinée, s’est elle aussi prise au jeu. Au fil du passage de sa coéquipière, elle a serré les poings, jusqu’à exploser de joie lorsque la Schwytzoise a franchi la ligne. « Quand elle est arrivée, je ne voulais pas la laisser toute seule alors oui, j’ai courue vers elle. » Un sprint plus tard, le duo star du ski suisse était réuni pour fêter finalement la médaille d’argent décrochée de haute lutte.
Un total de 25 médailles!
À elles deux, les deux stars comptent désormais 25 médailles olympiques ou mondiales. Douze pour Lara Gut-Behrami (dont une donc en équipe) et 13 pour Wendy Holdener (4 en équipe). Excusez du peu… « J’aime toutes mes médailles mais aujourd’hui, c’est spécial car Lara a atteint tellement de choses jusqu’à maintenant et il lui reste encore beaucoup », a rappelé la skieuse d’Unteriberg à l’heure de l’interview, tout sourire aux côtés de sa compatriote. « Je suis fière d’être avec toi ici aujourd’hui et qu’on partage cette médaille. Je vais garder ces souvenirs pour la vie. »
Pour Lara Gut-Behrami, l’expérience de ce tout nouveau combiné par équipes, disputé pour la première fois par l’élite, était largement concluante. « C’était cool, une journée particulière à vivre. On est habituées à faire un sport individuel et là je pense que ce format fait vraiment plaisir, il est réussi. Aujourd’hui, Wendy a fait une manche exceptionnelle en slalom. » Wendy Holdener a abondé: « C’était très spécial. À l’arrivée, j’étais très nerveuse alors j’étais contente d’avoir Lara à côté de moi pour patienter. »
« C’était un cool duo »
Pourtant, ce duo assez improbable n’était pas formé de longue date. C’est après la descente que Lara Gut-Behrami a validé sa participation à sa compère. « Elle attendait sa réponse avec impatience », a glissé le papa de Wendy Holdener. « J’ai demandé à Lara la semaine dernière si elle voulait faire le combiné avec moi », a confirmé la skieuse de Unteriberg. « Je lui ai dit que ça me réjouirait beaucoup si elle participait avec moi. » La Tessinoise explique pourquoi elle n’a assuré sa participation à sa coéquipière que samedi. « C’était prévu comme ça. Ça aurait été complètement déplacé de prévoir de faire une course ensemble et que quelque chose se passe avant, que je doive plus m’entraîner en géant ou que j’aie besoin de repos et que je doive finalement dire non. » Mais au final, tout a parfaitement fonctionné. « C’était un cool duo aujourd’hui », confirme Wendy Holdener.
Au-delà des émotions, cette médaille permet à l’équipe de Suisse féminine de ne pas entrer dans une mini-crise. Pour la première fois depuis 2011, les spécialistes de vitesse n’avaient rapporté aucune médaille au pays et il n’existe aucune certitude pour la technique. « Qu’on le veuille ou non, l’ambiance n’était pas totalement au beau fixe », glisse-t-on dans l’entourage de l’équipe. « Mais désormais, les techniciennes entament leurs joutes dans une atmosphère bien meilleure alors que les spécialistes de vitesse vont quitter l’Autriche. »
Mélanie Meillard et Camille Rast ont pris leurs marques
Jörg Roten, entraîneur de Wendy Holdener et des slalomeuses, confirme que la machine est lancée: « Elles sont prêtes à briller sur cette piste et ont pris leurs repères. » C’est le cas de Mélanie Meillard alignée avec Malorie Blanc et qui a réussi le 5e temps sur la piste Ulli Maier, malgré une grosse faute juste avant le plat. « Il n’y a pas meilleure préparation que ça. Ça ne peut qu’être positif », a affirmé la Valaisanne, la plus rapide dans deux secteurs. « C’est super important d’avoir skié sur cette piste, de voir la neige… C’est quand même différent de l’an passé. Puisque j’ai réussi des bons secteurs, je sais sur quoi je vais pouvoir travailler. Je regarderai la vidéo pour m’améliorer. »
Même constat pour Camille Rast, qui ne s’est toutefois pas aussi bien sentie ce mardi, sur une piste qu’elle n’affectionne pas vraiment. « Disons que c’est moins pire que ce que je pensais. Il y a moyen de faire quelque chose. Après, c’est clair que ce n’est pas forcément mon profil, mais ça reste une course de Championnats du monde. Si ça se passe bien, tant mieux. Si ça ne se passe pas, tant pis, la saison continue. »
La skieuse de Vétroz, qui disputait l’épreuve en compagnie de Corinne Suter, a apprécié la compétition, même s’il n’a finalement manqué que 0″23 au duo pour s’offrir une médaille. « Je pense que c’était une première expérience vraiment chouette à faire ensemble », a rigolé la leader du classement de la Coupe du monde de slalom. « Moi, j’ai adoré courir avec Corinne et je crois qu’elle aussi. Au final, il manque pas grand-chose mais on sera de retour l’année prochaine, peut-être. »
La bonne formule, enfin?
La FIS, qui cherche une nouvelle manière de ne pas perdre sa cinquième discipline aux Jeux olympiques, semble avoir finalement trouvé la bonne formule. Le parallèle et le combiné individuel ne plaisaient plus et ne faisaient plus recette avec l’hyper spécialisation des athlètes, mais cette nouvelle solution semble avoir déjà fait ses preuve.
« On voit que ce format fonctionne », confirme Michel Vion, secrétaire général de l’instance internationale. « Le suspense était présent jusqu’au bout et les écarts sont serrés. » Sauf rebondissement, la compétition sera renouvelée l’an prochain à Cortina d’Ampezzo (pour les dames) et à Bormio (pour les messieurs) et dans deux ans à Crans-Montana, avec si possible un écart encore réduit entre les deux manches. Mais avant cela, les Suisses partiront grands favoris de la compétition masculine mercredi avec quatre duos de choc.
Laurent Morel, Saalbach-Hinterglemm