Huit centièmes. À l’échelle de la Streif, c’est rien. Un souffle, quelques mètres à peine, 2,33 en l’occurence. C’est surtout ce qui a empêché Alexis Monney de fêter une victoire sur la plus belle piste du circuit lors de la légendaire descente de Kitzbühel. Parti avec le dossard 4, le Fribourgeois y a cru, longtemps, avant de se faire souffler la politesse par le champion du monde de super-G James Crawford, qui s’élançait pour sa part avec le 20 sur les épaules.

« J’étais nerveux à chaque passage mais je commençais presque à imaginer la cabine à mon nom », imageait le vainqueur de la descente de Kitzbühel à l’arrivée. « C’est un peu arrogant et je n’ai pas envie de l’être, mais je pensais que ça allait suffire. J’ai pu faire mon plan comme prévu d’en haut en bas sur cette piste. Je sentais que j’avais de la vitesse un peu partout. » Finalement, une manche de rêve du Canadien, aidé par des conditions idéales, l’ont empêché de fêter cette première victoire dont rêve tout le Cirque blanc, à commencer par Marco Odermatt.

Si le chamois que va recevoir samedi soir Alexis Monney ne sera pas en or mais bien en argent, le skieur de Châtel-Saint-Denis va retenir une immense dose de positif avant d’aller finir sa soirée au Londoner, passage obligé pour tous les héros de Kitzbühel. « Au début, il y avait une pointe de déception », admet-il. « Mais maintenant, ce n’est plus le cas. Faire deuxième ici, c’est génial, je suis hyper content. C’est assez fou d’avoir pu allumer du vert ici. Les sensations sont assez spéciales. »

« Je reviendrais encore plus fort pour le chamois en or »

Le champion du monde juniors de descente en 2020 a tenu à féliciter le vainqueur du jour. « Il a super bien skié, il faut le reconnaître. » Et surtout, l’athlète de la Veveyse vit un rêve éveillé cette saison. « J’aurais évidemment signé en début de saison pour un tel résultat. »

Toujours est-il qu’une histoire d’amour est en train de naître entre Kitzbühel et Alexis Monney, du haut de ses 25 ans seulement. « Depuis un an, je commence à trouver les clés pour skier vite sur cette piste. Je reviendrai l’année prochaine encore plus fort pour avoir le chamois en or. » Son entraîneur Valentin Crettaz, qui l’a rejoint en équipe de Suisse l’été dernier, confirme: « Ça peut devenir sa piste avec la Stelvio à Bormio clairement. C’est son rêve d’enfant de gagner ici, il a tout pour y parvenir. On peut d’ailleurs encore améliorer certains détails et aller chercher les centièmes qui manquent. »

Le Fribourgeois pourra en tout cas compter sur le soutien de ses coéquipiers. « C’est exceptionnel ce qu’il fait, je suis trop heureux pour lui », sourit Arnaud Boisset. « J’aurais vraiment aimé qu’il gagne, il ne lui a pas manqué grand-chose », ajoute Marco Odermatt. « On est une équipe bien soudée », décrit Justin Murisier. « Alexis est un gars super cool, qui garde toujours les pieds sur terre. Il n’a jamais un mot plus haut que l’autre. Il gagne la descente la plus difficile à Bormio et finit 2e de la 2e plus difficile. Respect à lui. »Laurent Morel, Kitzbühel