Dans une salle exiguë au 2e étage du centre des Congrès de Kitzbühel, une vingtaine de journalistes font face à Patick Küng (35 ans). Les yeux mouillés, les joues rougies, le Glaronais annonce la fin de sa carrière. “C’est difficile de mettre vingt années de ski de compétitions derrière moi. D’un coup. Ce n’est pas comme au football où, lorsque l’on quitte le haut niveau, on peut encore évoluer dans les ligues inférieures”, a annoncé le skieur helvétique qui n’étais plus prêt à prendre des risques inconsidérés à plus de 130 km/h sur les pistes verglacées de Coupe du monde. “Quand tu fais de la descente, tu dois avoir la tête libre afin de pouvoir repousser tes limites.”

Décision prise après Wengen

Sa décision, le Suisse ne l’a pas prise à la légère. “Elle (la décision) me trottait dans la tête depuis quelque temps.” Ce n’est toutefois que le week-end dernier sur le chemin du retour de Wengen, où il a été victime d’une commotion cérébrale à l’entraînement, que “Pädi” a fait le choix de ranger ses lattes pour de bon. “Ces derniers jours ont été très émotionnels pour moi et mon entourage. Mais au fond, j’ai 35 ans, je suis en bonne santé et j’ai eu une belle carrière.”

Une carrière qui a porté “King Küng” au couronnement mondial en 2015 à Beaver Creek, dans la discipline reine, la descente. “Mon plus beau souvenir”, assure-t-il en se remémorant également son premier podium à Garmisch en 2010, sa première victoire en super-G également à Beaver Creek en 2013, son triomphe à domicile sur le mythique Lauberhorn de Wengen quelques mois plus tard ou encore les Mondiaux de Saint-Moritz conclus au pied du podium en descente il y a deux ans.

De nombreuses années de galère

En tout et pour tout, Patrick Küng dénombre cinq podiums sur le Cirque blanc. Mais le Glaronais a aussi énomémement galéré. Avant son titre mondial déjà. Le Suisse, qui a perdu très tôt son meilleur ami lors d’une course FIS, a longtemps été rongé par le doute, lorsqu’il n’était pas freiné par les blessures. En février 2006, son tibia et son péroné explosent. Mais il croche. Et ce n’est qu’en 2009, à 25 ans, qu’il effectue son baptême en Coupe du monde.

Après son couronnement dans le Colorado en 2015, Patrick Küng a connu déception sur déception. Quatre mois après son sacre, le Glaronais est touché au tendon rotulien du genou gauche, une blessure qui le contraindra à tirer un trait sur la saison 2015-2016 après seulement une demi-douzaine de courses.

Il n’a par la suite jamais retrouvé son meilleur niveau, entre problèmes de matériel, pépins physiques et perte de confiance. Depuis cette blessure au genou, Küng n’est parvenu à entrer dans le top 10 qu’à trois reprises en Coupe du monde. “Même si je n’étais pas fatigué de me battre pour retrouver mon niveau, il était toutefois difficile de se faire plaisir lorsque l’on termine à la 30e place.”

C’est le coeur lourd que Patrick Küng quitte le Cirque blanc. S’il ne sait pas encore de quoi son avenir sera fait, il entend désormais profiter de son hiver et savourer ses succès. Car quoi qu’il advienne, “King Küng” restera toujours champion du monde.

Johan Tachet, Kitzbühel