Dans 45 jours, Marco Odermatt, Justin Murisier, Alexis Monney et tout le gratin de la vitesse mondiale se donnent rendez-vous à Crans-Montana pour une descente et un super-G. Treize ans après les exploits de Didier Cuche et Cie, la Coupe du monde masculine fait son retour sur la mythique Nationale. « La piste est prête. La couche de neige est suffisante sur toute la largeur et la longueur de la piste », assure Didier Défago, le nouveau patron des compétitions sur le Haut-Plateau.
Cependant, au moment où les dirigeants des courses de Crans-Montana ont pris la parole mercredi en début d’après-midi pour parler de l’avancement du projet, l’essentiel était ailleurs. Une question qui se trouvait sur toutes les lèvres: où en sont les préparatifs pour les Championnats du monde 2027? Car la problématique des différentes constructions dans l’aire d’arrivée inquiète.
Pour rappel, plusieurs oppositions empêchent encore d’entreprendre les premiers coups de pioche aux Barzettes. À l’heure actuelle, les travaux prévus comprennent la construction d’un hangar en sous-sol et la rénovation du bâtiment de chronométrage à l’arrivée. « Il existe un stress pour tout le monde, c’est clair », reconnaît Nicolas Féraud, président de la commune de Crans-Montana et vice-président du comité d’organisation des Championnats du monde 2027. Sans ces travaux, la mise sur pied des Mondiaux dans la station valaisanne pourrait être remise en cause et se transformerait en véritable défi, puisque la FIS attend que Crans-Montana assure un minimum des promesses de son dossier de candidature afin de remplir le cahier des charges nécessaires pour un tel événement.
Dix-sept revendications des opposants
« La CCC (ndlr: Commission cantonale des constructions) nous a donné le permis de construire, mais des gens s’y sont opposés et ont demandé l’effet suspensif », rappelle encore Nicolas Féraud. Rien ne peut être entrepris tant que les oppositions ne sont pas levées. À ce jour, le Tribunal cantonal a débouté les opposants qui peuvent encore se tourner vers le Tribunal fédéral. En attendant, les négociations continuent entre les différentes parties. « Les opposants nous ont soumis 17 revendications auxquelles nous avons répondu favorablement. On attend désormais leur décision quant à la poursuite de leur entreprise juridique. Cela dit, je ne peux qu’être confiant. » La problématique concerne notamment l’entrée du futur hangar souterrain, qui pourra être modifiée. « Il y a des solutions à chaque problème », reprend Didier Défago. « Mais j’ai besoin d’un nouveau bâtiment à l’arrivée puisque l’actuel date de 1987. » Dans un monde idéal, les organisateurs espèrent pouvoir lancer les travaux ce printemps. Une nécessité, en fait.
En parallèle, la FIS suit naturellement le dossier mais ne semble pas s’inquiéter outre mesure même si certaines dents grincent du côté de l’instance internationale. « Nous nous entretenons deux à trois fois par année », rassure Didier Défago. « Aujourd’hui, le point principal est d’offrir une piste impeccable, c’est ce qui compte pour la FIS », lance Nicolas Féraud. Ce n’est qu’en dernier recours, dans des circonstances graves, que la FIS déciderait de retirer cette attribution.

Daniel Bollinger, Nicolas Féraud, Didier Défago et Sophie Clivaz présentent les contours des nouveautés pour les courses de Coupe du monde de Crans-Montana (JT/SkiActu)
Une zone d’arrivée revue, davantage de transports et des investissements matériels
Au total, 10 millions de francs ont été investis ces derniers mois pour améliorer les infrastructures et la logistique des compétitions. Les courses de Coupe du monde de cet hiver serviront ainsi de test grandeur nature pour la nouvelle configuration de l’accueil des spectateurs. Deux tribunes payantes de 2700 places chacune seront érigées au bas de la Nationale. La principale nouveauté réside dans la mise sur pied de deux zones spectateurs pour 2000 personnes au total le long du parcours. La première sera placée à Vermala et la seconde, gratuite pour les fans en possession d’un abonnement de ski, à Houlès.
Les transports passeront aussi au révélateur à deux ans des Championnats du monde. « La mobilité est un défi majeur, surtout dans une région de montagnes », explique Daniel Bollinger, le directeur des opérations. La ville de Sierre fera office de hub pour les spectateurs. Depuis la plaine, les transports en funiculaire seront notamment gratuits et augmentés en fréquence. « Des bus supplémentaires seront également mis en service. » Logique.
Enfin, le dernier point important de cette première répétition générale concerne l’aspect sportif sur une piste Nationale qui a été remodelée ces dernières années par l’ancien comité d’organisation dirigé par Marius Robyr. L’été dernier, l’enneigement technique et une station de pompage ont été installés sur le secteur de Bella Lui, ainsi que de nouveaux mâts tout au long de la piste afin d’assurer la pose des filets de sécurité et du câblage pour la fibre optique notamment. La piste fera 3,8 km pour environ deux minutes de course. « C’est une piste engagée », analyse Didier Défago. « Elle demande d’être actif tout le temps. Il n’y a pas de portion de glisse pour se reposer, on y retrouvera des sauts (quatre), de nombreuses portes cachées. L’équipe de Suisse doit pouvoir exceller sur ce genre de parcours. »
Le rendez-vous est donc pris les 22 et 23 février prochains à Crans-Montana, juste après les Championnats du monde de Saalbach. Malgré un accès désormais payant à l’aire d’arrivée, le public est attendu en nombre sur le Haut-Plateau.
Johan Tachet & Laurent Morel, Crans-Montana