Treize ans après la dernière course masculine de Coupe du monde à Crans-Montana, et notamment le succès de Didier Cuche lors de l’un des deux super-G organisés sur le Haut-Plateau, les meilleurs skieurs de la planète ont redécouvert ce jeudi la mythique piste de la Nationale lors du premier entraînement en vue de la descente de samedi. « C’est une piste vraiment sympa, avec beaucoup de mouvements de terrain, ce qui rend les choses intéressantes », apprécie Stefan Rogentin, auteur du meilleur temps du jour. « Il y a un peu de Wengen, un peu de Val Gardena, mais cette piste reste unique », ajoute l’Américain Ryan Cochran Siegle, enthousiaste après sa première reconnaissance du parcours.
Si certains skieurs, comme l’Allemand Romed Baumann ou les Italiens Mattia Casse et Christof Innerhofer, avaient déjà eu l’occasion de skier ici en 2012, tous ont dû reprendre leurs marques sur ce tracé où chaque détail compte. « C’est comme si on découvrait une nouvelle piste », confie le vétéran de la Coupe du monde, Adrien Théaux, excellent 2e sur la Nationale à l’époque. « On doit prendre nos repères, comprendre le tracé pour emmagasiner de la vitesse de haut en bas », souligne le Canadien James Crawford, récent vainqueur de la mythique descente de Kitzbühel.
Manque de vitesse
Mais les retours ne sont pas tous unanimes. Le manque de parties raides, de passages techniques et de vitesse a fait tiquer certains des meilleurs skieurs du monde. « La piste est lente et facile », a-t-on passablement entendu dans les travées du stade d’arrivée. «Je ne sais pas comment la décrire. Franchement, elle ne me plaît pas vraiment cette piste, je ne sais pas où je dois aller», peste Dominik Paris, qui lui aussi fait partie des rares skieurs à avoir déjà dévalé la Nationale en compétition. Le leader de la Coupe du Marco Odermatt tempère les propos de l’Italien, même s’il avoue que « la piste est simple » à skier. « Ce n’est pas très pentu et donc difficile d’aller vite. Le plus gros challenge est de trouver les bons réglages pour aller vite. »
L’Autrichien Vincent Kriechmayr acquiesce en ce sens: «C’est peut-être un peu moins spectaculaire que ce que l’on a normalement, mais ce n’est encore que l’entrainement. On verra lors de la course avec les sauts et les mouvements de terrain. Je crois que ce ne sera pas si facile.» Il est suivi dans son raisonnement par Adrien Théaux. « Ce n’est pas la plus raide ou la plus engagée des pistes, mais elle a sa particularité et c’est très sympa à skier. Il ne faut pas oublier que, peu importe le tracé, c’est toujours difficile d’aller vite.»
Pour Justin Murisier, la Nationale « a du potentiel, même si ce ne sera jamais Bormio ou Kitzbühel », toutefois le Valaisan souhaiterait que le tracé soit peut-être revu. « Les organisateurs et la FIS, avec les mouvements de terrain, ont préféré freiner la course pour éviter les sorties de piste. Mais il faut quand même du spectacle. Les gens ne viennent pas pour nous voir skier à 60 km/h. » D’autant plus que la piste, exposée plein sud, pourrait encore pâtir des hautes températures annoncées ce week-end.
Un gros effort de deux minutes
Mais avant tout, les skieurs devront maîtriser l’exigence physique d’un tracé de 3 800 mètres de longueur pour un dénivelé de 969 mètres. La Nationale s’impose comme l’un des tracés les plus longs et éprouvants du circuit. Avec deux minutes de course, l’effort est comparable à celui des descentes de Kitzbühel ou de Val Gardena. «C’est une piste exigeante et complète qui va mettre les cuisses des athlètes à rude épreuve », assure Didier Défago, le directeur général des compétitions sur le Haut-Plateau.
C’est d’ailleurs la première fois depuis les Championnats du monde 1987 que le départ sera donné du sommet historique de Bella Lui, perché à 2 514 mètres d’altitude. Il y a près de 40 ans, Peter Müller, Pirmin Zurbriggen et Karl Alpiger avaient fait lever les foules en réalisant un triplé historique lors de la descente mondiale. Et si Marco Odermatt, Franjo von Allmen, Alexis Monney et consorts nous réservaient un pareil exploit ce samedi?
Johan Tachet/ LMO/ LUM, Crans-Montana