Le clocher de Schliersee sonne 8 heures. Le village de Bavière se réveille sous dix centimètres de neige fraîche. Dans la salle de sport des thermes de Schliersee, qui bordent le charmant petit lac du même nom, Justin Murisier est déjà à pied d’œuvre. Une nouvelle journée intensive attend le Valaisan de 26 ans en rééducation pour une troisième grave blessure au genou droit subie au début du mois de septembre.

Si le Bagnard a choisi l’Allemagne, à plus de 600 kilomètres de sa maison, pour parfaire la réhabilitation de son genou meurtri, ce n’est pas un hasard. L’établissement est prisé par les coureurs de Coupe du monde: des Autrichiens, comme Marcel Hirscher qui a engagé l’ostéopathe en chef du centre Martin Auracher, aux Allemands Viktoria Rebsenburg et Felix Neureuther. C’est d’ailleurs ce dernier qui avait conseillé au géantiste suisse de découvrir les lieux pour soigner ses problèmes de dos il y a deux ans.

Désormais, Justin Murisier prend son temps pour réhabiliter son genou et son dos avec la perspective d’être en pleine possession de ses moyens et de son ski dans dix mois sur le glacier de Sölden. Et réussir, qui sait, un retour aussi probant qu’un ancien pensionnaire de l’établissement bavarois: Stefan Luitz. Il y a un mois, l’Allemand avait remporté le géant de Beaver Creek pour sa première compétition après avoir contracté une blessure similaire à celle du Valaisan.

Notre reportage vidéo à Schliersee sur la rééducation de Justin Murisier est à découvrir ici:

    

   

Quatre questions à Florian Lorimier – préparateur physique de Justin Murisier

“Nous allons construire un physique que Justin n’a jamais connu”

Florian Lorimier. (Facebook/Florian Lorimier)

Quelle analyse portez-vous sur le choix de Justin Murisier de suivre une partie de sa rééducation en Allemagne?

C’était une très bonne solution. Tout d’abord, le centre assure un suivi régulier à travers plusieurs disciplines thérapeutiques. Ensuite, Justin peut poursuivre sa rééducation sur plusieurs sites et ainsi se changer les idées en ne restant pas toujours au même endroit. Enfin, c’est une expérience enrichissante car elle permet de découvrir autre chose.

Comment gérez-vous la réhabilitation physique d’un athlète de pointe qui vient de se blesser aussi gravement pour la troisième fois?

Le point positif de cette blessure, intervenue fin août, est qu’elle nous laisse le temps de reconstruire des bases solides et intéressantes sans être contraints par le calendrier. Le premier trimestre de l’année 2019 sera consacré à la reconstruction physique globale de tous les paramètres. Puis, nous travaillerons plus spécifiquement en mai, juin et juillet.

A vous entendre, Justin Murisier devrait retrouver les skis dans une meilleure forme physique qu’il ne l’était avant sa blessure?

L’objectif avec le temps que nous avons à disposition est de construire un physique que Justin n’a jamais connu. Comme un ordinateur, nous profitons de le reformater.  Nous allons nous appliquer à travailler des éléments sur lesquels que nous n’avions pas forcément le temps auparavant. Nous sommes d’ailleurs déjà très contents car son genou semble bien plus fonctionnel que ces dernières années. Il possède notamment plus d’amplitude. Avant sa blessure, on savait qu’il y avait un petit souci avec ce genou même si nous n’espérions aucunement une telle blessure.

Quand Justin Murisier pourra-t-il rechausser les skis?

En juillet comme tout le monde. Après, selon le déroulement de la rééducation, il n’est pas impossible qu’il puisse aller sur la neige au mois d’avril pour le plaisir. Mais le travail le plus important sera de retrouver la confiance et oser s’engager lorsqu’il entamera le travail entre les piquets durant l’été.

Johan Tachet, de Schliersee