Décidément, il est compliqué de se réjouir après une victoire cette année à Wengen. Au lendemain du premier succès en descente au goût amer de Marco Odermatt, très touché par la chute de son pote Marco Kohler, Cyprien Sarrazin a connu le même sort ce vendredi. Pourtant, le Français a réussi une super-G d’anthologie, en maîtrisant une prise de risque extrême et en trouvant des lignes que personne n’a pu approcher, pas même le roi Marco Odermatt, repoussé à 0″58. Pourtant, « Cyp » n’avait pas totalement le coeur à la fête puisqu’il avait une grosse pensée pour Alexis Pinturault, qui a gravement chuté quelques minutes après la descente de son compatriote.
« Cette victoire, elle est pour Alexis et sa famille, s’est empressé de précisé le héros du jour. J’ai du mal à vraiment célébrer, à avoir des sentiments vraiment positifs avec sa chute. Je n’ai pas eu trop d’informations mais j’espère qu’il va bien. Mais je sais qu’il voudrait que je profite et que je célèbre ça donc voilà, cette victoire elle est pour lui… Je pense beaucoup à lui. »
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Cyprien Sarrazin connaît la situation qui touche actuellement son ami, puisqu’il a subi de nombreuses blessures durant sa carrière. Il y a un an, sur ce même Lauberhorn, le skieur du Dévoluy s’était par ailleurs fait une immense frayeur en chutant dans le Bruggli-S, heureusement sans gravité. « On sait tous ce que c’est, ça fait partie de notre sport, malheureusement, reconnaît-il. C’est un côté qu’on n’aime évidemment pas mais il faut l’accepter. Et si on est au départ, c’est qu’on accepte ça. Après, c’est jamais plaisant de voir ça. »
Toujours est-il que l’athlète des Hautes-Alpes a réussi une prestation de très haut vol lors du super-G ce vendredi. « C’était une course presque parfaite. J’ai réussi à gérer ma manche et je savais que je pouvais faire la différence sur certaines portions, a-t-il décrypté. Je me suis fait confiance et ça a fonctionné. Je me suis vraiment amusé. »
Et son rival Marco Odermatt, qui s’est élancé de longues minutes plus tard en raison de l’interruption due à la chute d’Alexis Pinturault, n’a peut-être pas osé prendre tous les risques. « C’est sûr que ce n’était pas idéal après la chute d’Alexis Pinturault que je connais bien. Ça prend beaucoup d’énergie d’attendre, puis de s’échauffer à nouveau. Ça m’a aussi fait comprendre qu’il ne faut peut-être pas prendre tous les risques tous les jours. » Et la performance de son adversaire l’a impressionné. « J’ai regardé la course de Cyprien Sarrazin qui était parfaite, a avoué le Nidwaldien. Je savais donc qu’aujourd’hui ce serait difficile de le battre, surtout après la longue interruption. Vu le contexte, je suis très content avec mon résultat. »
Alors que Marco Odermatt a remporté la première étape jeudi, Cyprien Sarrazin s’est donc offert la revanche ce vendredi, avant… la belle samedi lors de la mythique descente. « Oui, c’est pas mal de dire ça, en effet », sourit le Français, qui va tout faire pour aller une nouvelle fois chatouiller le meilleur skieur du monde.
Laurent Morel, Wengen