Récompensés par la médaille de bronze, Lina Kozomara, Noé Roth et Pirmin Werner étaient très heureux dans l’aire d’arrivée de la piste Corviglia, celle qui accueille actuellement les spécialistes de ski alpin. Cette fois, le site était bien réservé aux aerials, et cela a réussi aussi bien aux protégés de Michel Roth qu’à Lara Gut-Behrami et Cie. « On n’attendait pas vraiment cette médaille. On savait qu’on avait une petite chance mais on avait besoin de l’aide des autres nations », a détaillé l’entraîneur helvétique Michel Roth, tout sourire.
Les Suisses ont d’ailleurs notamment profité du saut raté de l’Australien Reilly Flanagan qui a repoussé les bondissants Océaniens au 4e rang final. Si le trio helvétique n’était pas vraiment en confiance à Saint-Moritz, c’est qu’il devait composer avec la très inexpérimentée Lina Kozomara, qui n’a encore jamais participé à une épreuve de Coupe du monde. « Il ne faut pas oublier d’où elle vient », a d’ailleurs insisté le coach suisse. « Elle a fait un saut avec un petit degré de difficulté mais elle l’a vraiment bien fait. »
Les Jeux olympiques dans le viseur
La Zurichoise de 19 ans est montée sur ses premiers podiums de Coupe d’Europe au début du mois de mars, à Airolo. De quoi faire le plein de confiance. « C’est incroyable, je ne sais pas quoi dire, je dois encore réaliser », a-t-elle avoué avec un visage rayonnant. « Je suis très reconnaissante d’avoir cette chance. Il fait beau, ma famille est là, c’est génial. » L’héroïne du jour était toutefois consciente que la différence est venue de ses deux solides compatriotes « J’ai une chance incroyable de pouvoir sauter avec ces gars. »
Et cette chance pourrait bien se reproduire, puisque la relève se fait attendre côté féminin en Suisse, après les retraites de Carol Bouvard et Alexandra Bär, entre autres, qui avaient permis au ski acrobatique de tenir la rampe ces derniers années. « On n’était pas prêts à se retrouver dans cette situation », reconnaît Michel Roth. On a besoin de plus de monde, c’est clair. Mais on va essayer d’arriver aux Jeux olympiques avec un autre niveau. » Car les Jeux revêtissent une importance primordiale pour la discipline.
Le plein de confiance
« On sait que ça peut aller très vite et que les adversaires seront aussi très forts, mais tout sera possible », insiste Pirmin Werner, qui a concouru avec un message en hommage à la regrettée Sophie Hediger sur le cœur. « On n’aurait pas imaginé être sur le podium ici alors on veut y croire dans un an », ajoute Noé Roth, récent vainqueur en Coupe du monde sur le tremplin de Livigno qui accueillera les épreuves olympiques en 2026. « En plus, Lina sera peut-être encore un petit peu meilleure l’année prochaine et nous aussi, j’espère. »
D’ici là, Pirmin Werner et Noé Roth espèrent encore briller lors de l’épreuve individuelle ce dimanche en Engadine. « Cette médaille enlève un peu de pression », lâche le premier nommé. « On est à la maison et les gens attendent une médaille de notre part. C’est bien d’en avoir déjà une. » Son compatriote abonde. « C’est clair qu’une part de pression s’est envolée », déclare le Zougois. « C’est déjà un rêve qui se réalise de remporter une médaille à la maison! » Et comme on le dit souvent, les médailles en appelle d’autres…
Laurent Morel, Saint-Moritz