Lucas Pinheiro Braathen a offert au Brésil une première victoire historique en Coupe du monde à Levi. Mais son triomphe dans la nuit laponne représentait aussi une confirmation toute personnelle pour l’ancien skieur norvégien, qui a décidé de suivre son propre chemin il y a un an. Réaction.

La scène était presque cocasse lorsque l’hymne national brésilien a retenti dimanche après le slalom masculin à Levi, alors que spectateurs et athlètes grelottaient par –20 °C dans un parfait décor hivernal. La petite révolution que Lucas Pinheiro Braathen a lancée il y a un an en revenant sur le Cirque blanc sous les couleurs vert, jaune, et bleu a atteint son summum en Laponie. Mais ce moment historique était aussi immensément personnel.

Le pouvoir d’être différent

« Chaque victoire est différente, mais celle-ci est vraiment spéciale », a confié le skieur, visiblement ému après sa course. Ce n’était pas la première fois qu’il montait sur la plus haute marche du podium en Coupe du monde, mais les fois précédentes (trois fois en slalom, deux fois en géant), c’était pour la Norvège. Avant qu’il se fâche avec la fédération et annonce sa retraite. Avant qu’il ne décide de suivre son propre chemin et ne revienne sous les couleurs du Brésil, pays de sa maman.

« C’est une victoire qui est tellement plus personnelle que juste une victoire pour l’athlète que je suis. C’est une victoire pour moi-même, pour les choix que j’ai faits, pour la route que j’ai choisie », a expliqué le champion de 25 ans, qui n’a cessé depuis son retour parmi l’élite de faire valoir son individualité et d’encourager d’autres à faire de même. Il a d’ailleurs lancé un appel du podium dimanche: « Si des enfants nous regardent, votre différence est votre super-pouvoir, alors croyez-y ! »

« La boucle est bouclée »

Ayant franchi la ligne d’arrivée avec 31 centièmes d’avance sur son plus proche concurrent, le Français Clément Noël, Lucas Pinheiro Braathen n’a pas exécuté de samba comme souvent l’hiver dernier, mais est tombé à genoux. « La sensation est impossible à décrire, spéciale et unique », a expliqué le néo-Brésilien, qui a choisi d’honorer son père – « la seule personne qui a été à mes côtés depuis le début » – en nommant son renne Bjorn. “J’ai choisi une voie personnelle, une voie difficile, peut-être même différente, mais c’est cette voie qui m’a mené jusqu’ici, à Levi, aujourd’hui. »

Entendre l’hymne national brésilien sur le Cirque blanc était la cerise sur le gâteau, comme l’a montré l’énorme sourire sur le visage du champion lorsqu’il a retenti dans ce décor magique. « C’est un tel honneur et un moment qui me remplit de fierté. C’est une musique avec laquelle j‘ai grandi, que j’ai entendue lors des matchs de foot qui m’ont inspiré à me lancer dans le sport. Être la raison pour laquelle cet hymne est joué ici et représenter cette nation où j’ai découvert l’amour du sport : la boucle est bouclée. »

Des nations inattendues au top

Non seulement sa propre victoire mais les énormes performances d’autres nations inattendues ont aussi enchanté l’étincelant skieur, comme la 3e place d’Eduard Hallberg, le premier Finlandais à monter sur le podium en Coupe du monde chez les messieurs depuis 18 ans, ou les résultats bluffants des Britanniques sur la neige de Levi. « Je pense qu’on est en train de voir une transition », s’est réjoui le néo-Brésilien. « Il y a de plus en plus de diversité, plus d’inclusion dans tous les domaines, et le fait que cela touche désormais aussi le ski alpin me réjouit énormément. Je suis ravi de voir plus de nouvelles couleurs différentes au top. Ce sport a un potentiel énorme à exploiter. » Après le Brésil, quelle nation pourrait créer la prochaine sensation?

Sim Sim Wissgott, Levi