On espérait trois médailles d’or pour Marco Odermatt aux Mondiaux de Saalbach. Il en repart avec une. Mais c’est celle qu’il lui manquait et le champion nidwaldien était satisfait de ses performances après deux longues semaines en Autriche.
« Seulement » une médaille d’or à ces Championnats du monde. On ne peut dire ça que d’un skieur d’exception, un véritable champion, quelqu’un qui a habitué ses fans à survoler chaque course qu’il dispute. Quelqu’un comme Marco Odermatt, en fait.
Le Nidwaldien, extraterrestre du ski depuis plusieurs hivers, a fini « chocolat » du géant de Saalbach vendredi. Un résultat qui résume bien ces Mondiaux pour lui: très bon mais pas forcément autant qu’attendu. Après sa victoire en super-G vendredi dernier, nombreux étaient ceux qui fouillaient dans les archives pour trouver qui était le dernier skieur à avoir remporté l’or dans trois des disciplines principales aux mêmes Mondiaux (Jean-Claude Killy à Grenoble en 1968). Marco Odermatt semblait parti pour réaliser aussi un triplé.
Deux fois au pied du podium
« Si je pouvais répartir ma seconde d’avance lors du super-G sur les autres courses, j’aurais probablement trois médailles d’or », a résumé le double champion du monde de 2023 vendredi avec humour. Du moins, il aurait trois médailles. En descente dimanche dernier, il lui a manqué 0″35 pour finir sur la boîte. Au final, il a dû se contenter de la 5e place. Lors du géant, ce sont 0″07 qui l’ont séparé de Loïc Meillard et de la 3e place.
Avec son titre à défendre vendredi, le Nidwaldien a commis une faute en seconde manche qui lui a coûté cher et la déception était évidente après coup. « Tu n’es jamais heureux avec une 4e place, mais j’ai déjà fini sur le podium pour quelques petits centièmes. Aujourd’hui, ces centièmes étaient derrière Loïc. C’est le ski », a déclaré le champion, philosophe. La piste Schneekristall de Saalbach, assez plate, n’a jamais vraiment été à son goût. L’an dernier, le seul géant qu’il n’a pas remporté sur toute la saison était celui disputé dans la station autrichienne.
Et ce vendredi, c’est la première fois depuis mars 2021 qu’il n’est pas monté sur le podium d’un géant qu’il a terminé. Presque logique tant on sentait la tension dans le clan Odermatt. Son père Walti était stressé comme rarement à mâcher son chewing gum sous son capuchon loin de son épouse en suivant la course de son protégé. Même le meilleur skieur du monde ne semblait pas dans son assiette au départ, réalisant plusieurs grands gestes parasites inhabituels avant de s’élancer dans sa deuxième manche.
Un bilan positif
Le champion quitte tout de même ces Mondiaux avec de la satisfaction et des belles émotions – quoiqu’avec moins de cheveux, à la suite de la folle célébration des descendeurs helvétiques le week-end dernier. « Je suis champion du monde, et cela dans une discipline qui me manquait encore, alors je suis très satisfait », a déclaré celui qui s’était déjà paré d’or en descente et en géant à Courchevel il y a deux ans. « C’était deux semaines très cool, j’ai montré du bon ski. »
Le skieur de Buochs regrettera peut-être de ne pas avoir disputé la nouvelle épreuve du combiné par équipe qui s’est soldé par un triomphe total pour les Suisses. Mais il a savouré l’ambiance dans l’équipe, qui a conquis le monde du sport bien au-delà des frontières helvétiques. « C’est génial, surtout avec les garçons en vitesse, avec Alexis (Monney) et Franjo (von Allmen), et aussi Rogi (Stefan Rogentin) et Justin (Murisier). C’était une super semaine. »
Après avoir déjà enchaîné un mois de janvier chargé – avec les classiques d’Adelboden, Wengen et Kitzbühel – avec les Championnats du monde, Marco Odermatt n’aura pourtant pas vraiment le temps de se reposer. Les spécialistes de vitesse s’élanceront de nouveau en Coupe du monde dans une semaine à Crans-Montana. Où les attentes seront de nouveau très hautes pour Marco Odermatt, sur la piste Nationale qui accueillera les prochains Championnats du monde.
Sim Sim Wissgott/LMO, Saalbach-Hinterglemm