Parée de son indéfectible sourire, Fanny Smith débarque en territoire conquis sur les hauteurs de Veysonnaz. La station valaisanne lui a en effet particulièrement bien convenu par le passé, puisqu’elle y totalise déjà trois podiums, dont une victoire en 2023. « C’est clair qu’être ici, ça rappelle de bons souvenirs. En plus, c’est la course la plus proche de la maison », s’enthousiasme-t-elle.

Cette année encore, l’athlète de Villars compte parmi les principales favorites à la victoire ce week-end sur la piste de l’Ours, devenue classique de la Coupe du monde de skicross. Jeudi, elle s’est d’ailleurs classée à la 4e place de la première manche de qualification, un bon indicateur de forme, même si, de son propre aveu, la course obéit à des lois totalement différentes des runs qualificatifs. « Les qualifications c’est une chose, la course en est une autre. Ce n’est pas si important que cela même si, avec mon bon temps, je vais pouvoir choisir ma porte de départ « .

Un avantage non négligeable quand on connaît l’importance de la sortie du portillon en skicross. Pourtant, la piste valaisanne devrait favoriser les possibilités de dépassements. Fine technicienne, Fanny Smith se réjouit d’ailleurs de retrouver un tracé exigeant, faisant notamment la part belle aux sauts. «Cette année la piste est un peu plus technique, elle convient parfaitement à mon petit gabarit. »

Une motivation toujours aussi intacte

Outre un parcours taillé pour ses qualités, c’est surtout la perspective d’évoluer à domicile qui réjouit le plus la skieuse de Villars. « Même si on est focalisé dans nos runs, on entend le staff et les volontaires qui nous encouragent. C’est une belle source de motivation. » Ce week-end, elle pourra également compter sur la présence de son fan club, qui ne se privera pas de faire du bruit pour soutenir sa protégée. « Ma famille et mes amis seront là. Ça amène toujours de l’énergie supplémentaire ». De quoi la porter vers une 33e victoire en Coupe du Monde?

La skieuse vaudoise a en tout cas toujours aussi faim de victoires. Alors qu’elle a quasiment tout gagné sur le circuit, sa motivation, elle, reste toujours aussi intacte. « Ce qui fait que je continue, c’est cette envie constante de me surpasser et de m’améliorer pour rester au plus haut niveau », confie-t-elle. Si elle apprécie toujours autant l’adrénaline de la compétition, c’est surtout sa vie d’athlète qui lui plaît tant. « Je prends énormément de plaisir à skier mais j’aime aussi tout ce qu’il y a autour d’une carrière de sportive de haut niveau, parce que finalement la compétition ne représente qu’une faible proportion de la vie d’un athlète. C’est un peu la carotte devant l’âne », illustre-t-elle.

Aucune trace de lassitude donc. Même si elle avoue que des changements sont nécessaires pour sortir de la routine. L’été passé, la Vaudoise est notamment partie s’entraîner à Ushuaïa en compagnie de l’équipe féminine de ski alpin. « Ces dernières années, j’ai effectué énormément de changements, que ce soit au niveau du staff, de mon matériel ou de ma manière de m’entraîner. Cela demande de l’adaptation mais c’est aussi ultra-stimulant. »

Les Championnats du Monde de St-Moritz dans le viseur

À l’intersaison, Fanny Smith est également revenue aux origines pour skier à nouveau sur sa marque de toujours (ndlr Stöckli). Une volonté de boucler la boucle en prévision de la fin de sa carrière? Pas vraiment si l’on en croit la skieuse de Villars. Mue par sa passion pour le ski, elle se voit bien continuer encore quelques saisons et rêve d’un nouveau départ aux Jeux Olympiques de Milan/Cortina l’hiver prochain.

À plus court terme, la double médaillée de bronze olympique a les Championnats du Monde de Saint-Moritz dans le viseur. « Dans ma carrière, ce sera l’unique occasion de courir des Championnats du Monde à la maison. Après, il va falloir réussir à gérer son pic de forme car ils arrivent tard dans la saison. » Contrairement aux dernières éditions agendées en plein mois de février, les Mondiaux en Engadine se dérouleront fin mars.

Toujours est-il que la skieuse vaudoise ne fait pas forcément de l’événement grison sa priorité. « J’ai déjà 6 médailles mondiales… c’est clair que j’aimerais bien figurer parce que c’est un grand rendez-vous à la maison mais quoi qu’il advienne ça reste du bonus ». Le parcours ne devrait pas non plus forcément l’avantager. « C’est un tracé qui n’est pas du tout adapté à mon gabarit. La topographie favorise vraiment les coureurs ‘lourds’. Si je veux réaliser quelque chose, il faudra skier intelligemment et stratégiquement ». Nul doute qu’en dépit de sa petite stature, la talentueuse skieuse saura tirer son épingle du jeu sur les neiges grisonnes.

Quentin Hiroz, Veysonnaz