Dans le chaudron de l’aire d’arrivée de la Planai de Schladming, le bilan était mi-figue mi-raisin dans le camp helvétique à l’issue du slalom nocturne mercredi. Si les cinq meilleurs slalomeurs suisses ont marqué de bons points, tous rêvaient d’un petit peu mieux sur la mythique piste autrichienne. Loïc Meillard (5e) a manqué le podium pour moins de deux dixièmes, Tanguy Nef (11e) le top 10 pour à peine plus de deux dixièmes tandis que Daniel Yule (14e), Marc Rochat (21e) et Luca Aerni (25e) sont restés en-dessous de leur potentiel.

Au lendemain de sa cruelle 4e place en géant, Loïc Meillard a subi une nouvelle petite déconvenue, après avoir pourtant réussi le troisième temps de la première manche. « Il y a de la déception car le podium était jouable », a-t-il regretté. « Quand on sait qu’on peut skier tout devant, on n’a pas envie de finir 5e. » Pour la cinquième fois d’affilée dans le top 15, Tanguy Nef n’était lui pas mécontent d’enchaîner un nouveau résultat solide. « C’était une bataille. J’ai fait deux manches assez solides. Il a n’a pas manqué grand chose. » Même constat pour Daniel Yule, qui enchaîne lui un 6e top 15 de suite. « C’était un combat. J’ai eu beaucoup de peine à trouver le rythme mais au moins, je ramène quelques petits points à la maison », s’est rassuré le skieur du val Ferret. « Le mois de janvier n’a pas été comme espéré mais il y a eu des bonnes choses malgré tout. Maintenant, il faut essayer de trouver de la constance. Il y a deux semaines pour se préparer. »

Marc Rochat devrait être appelé

Car tous les regards sont désormais tournés vers le grand rendez-vous de l’hiver, les Mondiaux de Saalbach. Loïc Meillard, Tanguy Nef et Daniel Yule sont certains d’être au départ. Ils devraient être accompagnés par Marc Rochat, qui n’a toutefois pas rempli l’entier des critères demandés par Swiss-Ski (un top 7 ou deux top 15) après son début de saison cauchemardesque mais qui devrait malgré tout être préféré à Luca Aerni, qui se concentrera probablement sur le géant. La décision finale en reviendra au staff dirigeant de la fédération.

« Je ne suis pas encore en pleine confiance », reconnaît le Vaudois, qui progresse toutefois de jour en jour. « La forme était là avant la saison. Oui, j’ai vécu une période extrêmement compliquée mais j’ai réussi à la surpasser. Je me trimballe toutefois encore quelques cadavres derrière moi. » Reste que sur une course comme celle des Mondiaux, le skieur de Crans-Montana peut prendre tous les risques et pourquoi pas viser une médaille. « Je bosse dans l’ombre et je plante les clous petit à petit », rappelle-t-il, alors qu’il prendrait part à son deuxième grand rendez-vous international après Courchevel en 2023.

Des ambitions à Saalbach, Loïc Meillard en aura beaucoup. « J’espère évidemment jouer tout devant aux Championnats du monde », sourit-il. « Il faut arriver en forme le jour J. Je me suis toujours bien senti lors des grands événements, je l’ai déjà montré. On verra si c’est assez pour aller chercher une médaille. » Du métal, c’est également ce dont rêve Tanguy Nef, alors qu’il tourne autour d’un premier podium depuis plusieurs mois. « Les Championnats du monde, c’est toujours différent. Le format est fait pour viser les médailles. J’espère m’en sentir capable ce jour-là et aller à fond. Je peux être fier de moi, d’avoir franchi les étapes jusqu’à ces Mondiaux. Après, on dit qu’il faut avoir fait un podium pour faire une médaille aux Championnats du monde, on va faire exception à la règle. » Son éducation sportive « à l’américaine », grâce notamment à ses années d’études à Dartmouth, dans le New Hampshire, parle en sa faveur. « Le ski est là, la tête va faire la différence. À Saalbach, tout peut arriver, c’est une piste facile. Il faudra y aller avec le coeur, à fond. »

Des paires Daniel Yule – Justin Murisier et Tanguy Nef – Alexis Monney en combiné?

Avant d’espérer briller en Autriche, tout ce beau monde va devoir se reposer après un mois de janvier très intense. « Place désormais à beaucoup de récupération, déjà mentalement et aussi physiquement », se réjouit Tanguy Nef. « Ensuite, on va empiler les assiettes pour arriver en forme à Saalbach. » Si la vaisselle s’emboîte parfaitement, tout est possible. « On va refaire un petit bloc physique avant de préparer le combiné, qui peut être intéressant pour donner quelques repères sur la piste », ajoute Daniel Yule. Le slalomeur suisse le plus titré de l’histoire espère être aligné avec son grand pote Justin Murisier pour cette nouvelle épreuve qui va faire son apparition cette année aux Mondiaux, et pour laquelle quatre équipes suisses seront au départ.

Outre la paire Daniel Yule – Justin Murisier, un duo Tanguy Nef – Alexis Monney est pressenti. Loïc Meillard pourrait-il être associé à Marco Odermatt pour une « Dream Team » helvétique? « Odi ou un autre, tous peuvent aller vite. Si on va au départ, c’est pour aller chercher une médaille. » Le Valaisan sera plus probablement aligné avec Franjo von Allmen. Un dernier duo pourrait donc réunir Marc Rochat et Marco Odermatt, à moins que Luca Aerni soit préféré au Vaudois et que le Nidwaldien préfère renoncer, selon son état de fatigue, et cède sa place à un Stefan Rogentin, Marco Kohler ou Lars Rösti.

Un autre doute persiste encore dans cette sélection helvétique concernant les représentants helvétiques lors de l’épreuve parallèle par équipes, qui ouvrira ces Championnats du monde mardi prochain déjà. Côté masculin, Luca Aerni pourrait être au départ, avec Thomas Tumler. Wendy Holdener a elle déjà confirmé sa présence.

Laurent Morel, Schladming