Le Français a signé une énorme première victoire en Coupe du monde à Gurgl pour prendre le maillot rouge de la discipline, six jours après sa 6e place à Levi. Un résultat inattendu et rempli d’émotions. Réactions.

Il a dû regarder passer 13 skieurs avant que son triomphe ne soit confirmé. Parmi eux, de véritables champions. Mais à Gurgl samedi, Paco Rassat a enfin atteint le sommet de son sport en signant sa première victoire en Coupe du monde, devant l’élite mondiale et sous les yeux de ses parents émus qui avaient roulé toute la nuit pour venir le voir. Un énorme moment pour le skieur des Aillons qui a si souvent produit des performances inégales.

« Incroyable résultat ! Je suis super content. Je ne m’y attendais pas. C’est une belle surprise », nous a confié le slalomeur, qui a fêté son 27e anniversaire il y a une semaine, après la course. « C’est vraiment une belle journée, ça récompense beaucoup de travail pour arriver ici. Et ça se termine de la plus belle des manières. »

De la 14e place à la victoire

L’émotion était déjà grande chez le Français lorsqu’il a réalisé que le podium était assuré. Embrassé par son coéquipier Victor Muffat-Jeandet, il s’est ensuite laissé aller contre la barrière de sécurité, la tête dans les bras, secoué par les sanglots. Mais il a vite retrouvé le sourire, poussant un hurlement de joie lorsque la victoire a été confirmée.

Le Savoyard n’était que 14e après la première manche, mais il a véritablement survolé la difficile piste Kirchenkar en seconde, skiant avec une assurance et une fluidité qui a manqué à tant de favoris. C’était simplement son jour. Et le fait d’avoir battu des champions comme Loïc Meillard, Clément Noël ou Manuel Feller, n’a rendu la victoire que plus belle. « Je ne pensais pas que c’était possible de le faire un jour. Ça donne beaucoup de fierté, du baume au cœur. Il faudra un peu de temps pour réaliser tout ça. »

Des hauts et des bas

Paco Rassat – son prénom vient d’Espagne « mais je n’ai aucune origine espagnole ! » dit-il en riant – n’a pas toujours eu les résultats qu’on attendait de lui sur le Cirque blanc. Samedi, il a marqué des points pour seulement la 10e fois en 35 départs de Coupe du monde. L’hiver dernier, il n’a réussi à finir les deux manches d’une course qu’une fois sur deux.

Cette saison par contre, il s’envole. À Levi il y a six jours, il a terminé 6e, son meilleur résultat jusque-là. Avec sa victoire à Gurgl, il prend maintenant le maillot rouge de la discipline. « Arriver avec un dossard rouge à Val d’Isère, c’est complètement fou », a-t-il noté, émerveillé. Cet excellent début de saison présage des bonnes choses alors que des Jeux olympiques se profilent en février. « Mais on a encore une petite dizaine de courses jusqu’aux Jeux. Je vais essayer de skier le plus vite possible à chacune », a-t-il tempéré. « Je ne pensais pas gagner aujourd’hui, et pourtant, j’ai réussi à le faire. Donc, je vais faire mon meilleur ski à chaque course, et on verra où ça mènera. »

Des surprises et des émotions

Le résultat de samedi a aussi confirmé une belle nouvelle tendance en slalom cet hiver de podiums surprises. À Levi, c’était une première brésilienne et le retour de la Finlande. À Gurgl, c’était la victoire de Paco Rassat devant le Belge Armand Marchand. « Ça met un peu de diversité sur les podiums ! En deux semaines, trois nouvelles personnes sur la boîte, c’est cool pour le ski. En tout cas, je suis content d’en faire partie », s’est amusé le Français.

Cerise sur le gâteau : ses parents avaient fait le voyage jusqu’à Gurgl et ont pu assister à son triomphe. « Ils ont fini le boulot hier tard. Ils sont arrivés à 3h00 du matin en Autriche et ont dormi dans un camping-car. De partager ça ensemble aujourd’hui… Il y a déjà eu des premières larmes, il y en aura d’autres. Je suis content qu’ils soient là. C’est incroyable. » Son papa étant moniteur et sa maman pisteuse secouriste, ils n’ont pas toujours l’occasion de se déplacer sur ses courses. « Ils ont bien choisi leur jour », a observé le skieur en riant.

« C’était son rêve, déjà tout petit »

Son papa, quant à lui, ne cachait pas ses émotions dans la zone mixte après la course. « Très, très heureux. C’est magique, c’est fabuleux ! » nous a confié Yann Rassat. « Déjà tout petit, c’était son rêve de devenir un grand champion. C’est un aboutissement », a-t-il ajouté, sa voix se brisant soudain.

Yann Rassat a entraîné son fils quand il était petit, mais même lui a été impressionné par sa performance samedi, par sa confiance et sa maîtrise de soi. « Ce n’est pas trop son fort de croire en lui des fois. Mais là, je crois qu’il a franchi un petit cap, qui fait que ça l’aide beaucoup et qu’il arrive à poser son ski. »

Savourer ces moments

Une chose est certaine, les bouchons de champagne vont sauter ce soir. « C’est sûr qu’on va fêter, il n’y a pas de soucis ! Déjà dimanche dernier à Levi, on a bu du champagne parce qu’il avait fait un très bon résultat. Alors celle-là, on va l’arroser. Il faut toujours arroser, de toute façon ! »

Les effluves de Sekt (vin mousseux autrichien) émanaient déjà de la combinaison du skieur après la remise des trophées, ce pour quoi il s’est excusé en riant. Mais la fête ne s’arrêtera pas là. « Il faut savoir savourer ces moments-là. Dans le ski, il y a plus de moments difficiles que de bons moments. Donc, il faut savoir en profiter. Et on va le faire, j’espère. » « En plus, on n’a pas encore pu fêter mon anniversaire, donc on pourra faire les deux en même temps », a noté le héros du jour. On espère que Gurgl a assez de bouteilles au frais.

Sim Sim Wissgott, Gurgl