Septième de la dernière Coupe du monde de slalom, Luca Aerni s’élançait dans ce nouvel hiver avec des ambitions légitimes. Malheureusement, le slalomeur de Crans-Montana reste en retrait de ses attentes, peinant à trouver les bons réglages, lui qui visait le haut du tableau. Avec comme meilleur résultat une 16e place à Levi – si on excepte la 15e du City Event d’Oslo, Luca Aerni ne se trouve pas à son rang.

Mais le Valaisan l’assure, il va mieux, malgré une sortie de piste à Adelboden dimanche dernier. Après six années à arpenter les pistes de Coupe du monde, son expérience et son talent vont lui permettre de rebondir rapidement. 

Luca Aerni, comment analysez-vous ce début de saison compliqué?

J’ai connu beaucoup de difficulté à trouver de la vitesse. J’avais modifié deux ou trois éléments techniques comme être plus haut sur mes skis. Mais cela n’a pas payé.

Vous avez récemment choisi de changer de chaussures de ski.

Effectivement, j’ai repris mes souliers de l’année dernière. J’avais de bons souvenirs avec. C’est surtout une question mentale. Mais il est vrai qu’avec, je me sens beaucoup mieux comme en témoigne ma première manche à Zagreb (ndlr: 11e). Je pense que depuis le début de l’année 2019, j’ai retrouvé cette vitesse qui me manquait et je vais revenir plus fort. J’ai aussi la chance de pouvoir m’appuyer sur une équipe de Suisse très forte qui pousse vers l’avant.

Depuis vos débuts en Coupe du monde en décembre 2012 à Madonna, comment percevez-vous votre progression?

Je me rappelle qu’au départ, c’était un combat pour rentrer dans les trente. Je devais skier à 110% pour me qualifier. Je réalisais des gros résultats, mais il me manquait la constance. Chaque saison, je sens toutefois que je progresse. Le travail a commencé à payer avec mon premier podium en Coupe du monde l’année dernière (à Madonna) et ma victoire aux Mondiaux de Saint-Moritz en combiné en 2015. Mais il faut continuer à avancer.

A 25 ans, avez-vous atteint l’âge de la maturité sur les skis?

Je dirais que désormais je sais ce que je dois faire. Les premières années, je ne savais pas pourquoi j’étais rapide. Avec les années, j’ai gagné en constance, c’est justement le métier qui rentre, l’expérience. Je sais quand cela va bien ou non. D’ailleurs, il est parfois plus difficile à comprendre pourquoi cela ne tourne pas toujours rond.

L’objectif reste-t-il d’intégrer le top 7?

Je ne pense pas trop aux places, mais plutôt à travailler techniquement pour avancer.

Vous avez un titre à défendre à Are en combiné. Vous y pensez déjà?

C’est sûr. Surtout que c’est la première fois que je peux participer à un grand événement sans devoir me qualifier dans une discipline (ndlr: le champion du monde est automatiquement qualifié). Mais, j’accorde aussi beaucoup d’importance au slalom même si je dois encore aller chercher cette qualification.

D’ailleurs, qu’est-ce que titre mondial en 2015 a changé pour vous?

Il m’a apporté de la confiance. De savoir que je faisais les choses correctement. Avant de réussir, on se demande toujours si tout est réglé comme souhaité, la condition physique, le matériel, le ski. Et un tel résultat donne de la motivation, car au final on skie pour gagner.

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Quelles sont vos sources d’inspiration?

Plus jeune, mon idole était Jean-Baptiste Grange. Il avait, et même a toujours, une facilité à danser entre les portes. Sa fluidité m’impressionne et c’est ce que je recherche. Après, compte tenu de mon petit gabarit, je regarde plus facilement Marcel Hirscher, naturellement.

Vous avez également connu des problèmes de dos durant votre carrière. Ces soucis sont-ils désormais oubliés?

Je réalise des petits exercices tous les matins, sans quoi j’aurais toujours de la peine à skier. Mais désormais je connais mon corps et je parviens à le gérer.

Comme d’autres athlètes, faites-vous attention à votre alimentation, consultez-vous un préparateur mental afin de progresser?

J’ai beaucoup appris par moi-même. Au niveau de la nourriture d’abord, j’essaie de manger sainement et au bon moment. Je me sens d’ailleurs plus frais plus longtemps. Ensuite, je pratique la visualisation. Je parle également beaucoup avec mes entraîneurs, mon serviceman. Ce sont des détails importants, des pièces de puzzle que l’on doit mettre en place pour être performant. Et aujourd’hui je sais que si je skie bien, je suis dans les quinze en slalom.

Que pouvons-nous vous souhaiter pour le reste de la saison.

Merde (rires).

Propos recueillis en deux parties à Val d’Isère et à Adelboden.

Johan Tachet