Solides 3e et 7e du slalom d’Alta Badia, le Valaisan et le Genevois confirment leurs excellentes dispositions du moment dans la discipline. De quoi aborder la suite de l’hiver avec des ambitions. Réactions.

Avant d’arriver en Europe, Loïc Meillard était encore très loin de son meilleur niveau, tâtonnant pour trouver son ski, alors qu’il sortait pourtant d’une saison phénoménale. Mais avec le retour sur le Vieux Continent après la tournée nord-américaine, le skieur d’Hérémence a véritablement lancé sa saison et retrouvé d’un coup la possibilité d’exposer tout son talent. D’abord à Val d’Isère, où il a vécu un week-end de rêve, mais aussi à Alta Badia ces deux derniers jours. Dixième en géant et excellente 3e en slalom, il pourra fêter Noël au chaud.

Loïc Meillard: « Fier des intentions »

« Je crois qu’il n’y a aucun souci, en fin de compte », s’est réjoui le champion du monde de slalom, qui n’était pas tout à fait prêt en début de saison. « On a toujours envie de skier bien tout de suite, mais ça ne fonctionne pas toujours comme on l’espère. Il y a eu beaucoup de blabla alors qu’il n’y a eu que deux courses de slalom jusque-là, donc voilà, il n’y a rien de grave. On fait notre chemin et c’est tout ce qui compte. » Auteur d’une grosse faute en deuxième manche, il a su rebondir avec la manière ce lundi sur la Gran Risa. « C’est clair que je sais où je laisse la victoire, il n’y a pas de doute. Mais par contre, je peux être fier des intentions qu’il y avait sur cette deuxième manche et du ski que j’ai montré. Le fait de revenir directement dans la manche après la faute, c’est ce qu’il faut faire. Donc je peux être très content d’être sur la boîte. »

Surtout que cette deuxième manche a été tracée par son entraîneur Julien Vuignier. « J’ai tracé pour ce qui semblait lui convenir le mieux. A priori, tout allait bien, sauf ce petit couac », souriait l’Évolénard, soulagé. « C’était des conditions où il ne faut pas trop en mettre. Lui, avec sa technique, parfois il veut trop en faire. Là, il fallait trouver le juste milieu. Je pense qu’en slalom, il est vraiment sur le bon chemin par rapport à ça. Il a fait de gros pas en avant. » Libéré de la pression d’un potentiel Globe de cristal après son début de saison moyen, Loïc Meillard arrive à skier beaucoup plus libéré. « Quand on est en confiance, le corps se crispe moins aussi. C’est comme une boule de neige qui grandit », image son mentor.

S’il a dû laisser la victoire au Norvégien Atle Lie McGrath en Italie, le natif de Neuchâtel fait le plein de confiance pour la suite de sa saison, et notamment le mois de janvier qui s’annonce extrêmement chargé pour lui. Avant cela, le skieur de 29 ans se rendra à Livigno entre Noël et Nouvel An pour y disputer le super-G, après avoir profité « d’être en famille deux jours ». « Les jours de pause se comptent sur les doigts d’une main, mais c’est comme ça. Ce sont toujours des périodes stressantes, donc il faut bien récupérer quand j’en ai l’occasion, » a encore ajouté l’actuel 5e du classement général de la Coupe du monde, qui a encore de beaux objectifs devant lui, avec peut-être les Globes de slalom ou de géant, et des éventuelles médailles olympiques, entre autres.

Tanguy Nef: « Bien se préparer pour les Jeux »

Autre Suisse à avoir brillé ce lundi, Tanguy Nef aura lui une pause un petit peu plus longue « qui me fera du bien car je suis quand même assez fatigué ». Le slalomeur genevois va pouvoir savourer sa nouvelle course de haut vol réalisée ce lundi à Alta Badia, où il a terminé au 7e rang, malgré deux grosses fautes sur le premier tracé. « C’est du bon ski, mais ce n’est pas forcément une bonne course », lâchait l’ancien étudiant de Dartmouth. « Après, le résultat reste quand même bon, parce que j’ai pris beaucoup de risques en première manche après mon erreur. La deuxième manche était plus à l’image de ce que j’aurais voulu faire. Il manque encore un tout petit peu de réussite. »

Le vice-champion du monde de combiné court toujours après son premier podium en Coupe du monde. « je crois que je me suis gentiment fait à l’idée que je faisais partie des meilleurs slalomeurs de la planète », avouait-il. « Mais la réussite, c’est encore autre chose. Il y a un nombre défini de courses et il faut saisir les occasions quand elles se présentent. Aujourd’hui, après la première manche, c’était compliqué. Le mois de janvier va être primordial pour passer des caps. Ce sont peut-être aussi des profils de pistes qui me conviennent mieux. Là, ce sont des pistes où il faut s’engager. Je sais le faire, mais les pistes où il faut skier solide, je pense que c’est assez mon fort, et je me réjouis de ça. » Autre bonne nouvelle pour le skieur de 29 ans, il est tout proche d’intégrer le top 7 mondial et donc de bénéficier de meilleurs dossards à l’avenir.

Et l’avenir, c’est notamment les Jeux olympiques, dont les courses masculines auront lieu à Bormio, sur le bas de la Stelvio, qui peut être comparé à la piste d’Alta Badia. Même si les conditions seront évidemment différentes, Tanguy Nef s’y projette avec optimisme. « Je sais que je peux être très rapide sur le plat, tant qu’il n’y a pas de départs à plat », relève le Genevois. « On verra aux Jeux olympiques quand ce sera le cas. Il faudra bien se préparer. J’espère qu’on aura de bons entraînements. On est dans la meilleure équipe du monde et on aura, je l’espère, les meilleures prédispositions pour arriver et performer. » Pour Loïc Meillard, les Jeux sont encore loin. « Il n’y a jamais personne qui a skié la piste de Bormio comme elle est en ce moment, donc on verra bien à quoi elle ressemble », souligne l’Hérensard.

Daniel Yule: « Pire que tout ce que j’ai montré »

Les Jeux olympiques, Daniel Yule n’est encore pas sûr de les vivre. Le Valaisan n’a pas encore réussi à tout mettre en place cette saison. Ce lundi, il n’a pu faire mieux que 26e. De quoi s’inquiéter? Peut-être un petit peu. « Aujourd’hui, c’était pire que ce que j’ai montré jusqu’à maintenant », avouait le skieur du val Ferret, réaliste. « Je n’ai pas vraiment d’explication. J’ai vraiment essayé de m’engager mais peut-être que j’en ai un peu trop mis. Et dès qu’on met un peu trop de pression sur cette piste, ça freine. Il va falloir analyser ça précisément, mais je suis très déçu aujourd’hui car les sensations étaient correctes. Il reste encore ces détails à aller chercher pour jouer tout devant. »

Daniel Yule ne veut pas utiliser son changement de matériel à l’intersaison comme excuse. « Si j’ai changé de matériel, c’est pour aller vers quelque chose de mieux, pour faire un pas en avant », insiste-t-il. « Et là, c’est vraiment moi-même, dans mon approche et dans mon ski, qui dois faire un pas en avant et trouver quelque chose. » Désormais, l’homme au bonnet vert va se reposer à Noël avant de « refaire quelques kilomètres » à l’entraînement, histoire de valider le cadeau espéré de la part du Père Noël, à savoir « des virages vites ».

Laurent Morel, Alta Badia