C’est mardi que s’élance à Oberstdorf les qualifications pour le premier concours de la 70e Tournée des Quatre Tremplins. Et pour la première fois depuis les grandes années de Simon Ammann, la Suisse peut se mettre à rêver d’un podium. Pas vraiment du génie saint-gallois, mais grâce à son principal successeur, Killian Peier. En pleine confiance, brillant depuis le début de la saison pour son retour après une saison blanche en raison d’une grave blessure au genou droit, le Vaudois reste sur deux solides 4es places à Engelberg et peut rêver de s’immiscer parmi les meilleurs.

Déçu d’avoir manqué le podium lors de son week-end obwaldien (« personne ne veut terminer 4e s’il est possible de monter sur le podium »), le sauteur de 26 ans a profité d’une journée d’entraînement dans la foulée, mardi dernier, à Oberstdorf, sur le tremplin du concours initial de la Tournée. Les Suisses ont pu réaliser une préparation optimale en compagnie des Allemands. Ensuite, l’actuel 8e de la Coupe du monde s’est entraîné chez lui à Einsiedeln avant de s’offrir trois jours de repos pour Noël en compagnie de ses proches, ses parents ayant notamment fait le déplacement dans le canton de Schwytz. Avant de prendre la route pour la Bavière lundi midi.

Killian Peier, dans quel état d’esprit abordez-vous cette Tournée des Quatre Tremplins?

Je me réjouis tout simplement d’y aller et voir à quel niveau je me situe, si j’arrive à être compétitif.

Ça s’annonce assez ouvert cette année.

Oui, mais le niveau va être super élevé. Ryoyu Kobayashi et Karl Geiger sont un petit peu au dessus en ce moment. Le Japonais est en grande forme et il l’a déjà gagné avec la manière. L’Allemand commencera à domicile, ce qui lui ajoute peut-être un peu de pression, mais il sait la gérer. Après, c’est très ouvert avec le reste du top 10 de la Coupe du monde.

Mais votre but, c’est bien d’aller chatouiller les tous meilleurs?

C’est clair! L’objectif est de jouer tout devant. Après, il y a plein de paramètres à prendre en compte mais oui, j’espère pouvoir titiller les meilleurs.

Pouvoir dire ça alors que vous revenez de blessure, c’est plutôt agréable, non?

Evidemment, c’est très satisfaisant. Ça fait plaisir d’en être là en ce moment.

Vous avez eu la chance de vous entraîner à Obserstdorf récemment, c’est un vrai avantage?

Oui, c’est un petit plus, surtout qu’on a pu profiter de superbes conditions. C’était intéressant dans l’optique de la Tournée et mieux que de rester à Engelberg, où on avait également la possibilité de se préparer. C’est vraiment cool de pouvoir bénéficier d’un entraînement sur place juste avant un concours. La bonne nouvelle, c’est que je me suis bien senti. J’ai eu de bonnes sensations sur le tremplin allemand, c’est positif pour le mental.

Et parmi les autres étapes, il y a notamment Innsbruck, sur un tremplin qui vous a plutôt bien réussi jusqu’ici (il y avait signé son premier top 10 lors de la Tournée et décroché le bronze aux Championnats du monde en 2019).

C’est sûr que j’y ai de bon souvenirs et que c’est un site que j’apprécie. Mais ça reste un tremplin « tricky », assez particulier. Je reste lucide, rien n’est joué d’avance. De toute façon, il faudra que je me prépare de manière ciblée pour chaque tremplin de cette Tournée.

Avec la situation sanitaire actuelle, il n’y aura pas de public cette année sur la Tournée. Une déception?

Bien sûr, mais on s’y attendait et on fait avec. On a déjà de la chance que nos compétitions se déroulent comme prévu. C’est sûr que l’ambiance sera moindre, mais ça n’enlève pas la valeur à la Tournée.

Aurez-vous la possibilité de rentrer un petit peu à la maison avant les Jeux olympiques?

Oui, heureusement. Là, on enchaîne avec la Tournée et un concours dans la foulée encore à Bischofshofen. Mais ensuite, je pourrais rentrer entre chaque concours d’ici aux Jeux olympiques.

Les Jeux olympiques auront lieu sur un site que peu de monde connaît, excepté certains athlètes qui ont pu y disputer une Coupe continentale en décembre. C’est compliqué à gérer?

Nous avions un Suisse sur place (ndlr: Sandro Hauswirth). C’est bien car l’équipe a pu prendre passablement de photos. Ca aide pour visualiser l’endroit, comment se passeront les trajets, etc. C’est exactement ce genre d’informations dont j’ai besoin. Plus on a d’informations, mieux c’est.

Et le tremplin, à quoi devez-vous vous attendre?

Sauter sur un nouveau tremplin, c’est quelque chose qu’on connaît. La plupart des sauteurs, dont tous les meilleurs, seront dans la même situation. C’est assez cool d’un côté car tout le monde a les mêmes chances. C’est un tremplin moderne avec un élan assez plat, assez rond et un atterrissage plutôt plat. Je pense qu’on sera assez vite haut. Il devrait ressembler un petit peu aux tremplins de Nizhny Tagil, Garmisch ou Zakopane peut-être.

Laurent Morel