Les larmes coulent sur son visage rougi par l’émotion. Souvent, Corinne Suter a pleuré après des contre-performances ou après avoir manqué de peu le podium en Coupe du monde. Cette fois-ci ce sont des larmes de joie qui perlent sur la joue de la Schwytzoise, toute fraîche médaillée de bronze du super-G des Championnats du monde de Are. « Jusqu’à maintenant, je n’ai pas compris ce qu’il se passait. J’ai l’impression que cela ne s’est jamais passé », confiait l’héroïne du jour avec un large sourire.
Deux saisons de galère
Sur son nuage duquel elle n’est pas prête de descendre, Corinne Suter, souvent malchanceuse, se rappelle ses nombreuses places d’honneur, elle qui a souvent vu le podium lui filer sous les spatules pour une poignée de centième. « C’est incroyable de réussir le tout premier podium de ma carrière, ici aux Mondiaux », a poursuivi la Schwytzoise qui devance l’Allemande Viktoria Rebensburg pour deux petits centièmes ce mardi.
Elle se rappelle aussi ces deux dernières années de galère. Deux longs hivers durant lesquels la Schwytzoise trainaient son spleen entre les places 15 et 20, elle qui en 2017 et 2018 n’a dénombré que 4 top 10 en 36 courses. « J’étais souvent rapide aux entraînements, lors des essais chronométrés avant les descentes, mais je ne parvenais pas à confirmer en course. » Pour surmonter ses problèmes, Corinne Suter s’est notamment entourée d’un coach mental qui lui a permis de « trouver la maturité » et devenir « plus égoïste ».
Une qualification à la dernière minute
Mais la Suissesse a dû attendre le début de la nouvelle année à Cortina, où elle est parvenue à prendre la 4eplace de la descente, pour connaître le déclic. « C’est là que j’ai compris que je pouvais être rapide aussi en compétition et que je pouvais viser une médaille mondiale. » Une médaille qu’elle attendait davantage en descente, sa discipline de prédilection. D’ailleurs, sa qualification pour le super-G ne s’est concrétisée que samedi dernier à Garmisch où elle s’est classée 6e. En forme, Corinne Suter a été préférée à Joana Hählen par les coachs helvétiques pour disputer cette épreuve d’ouverture. Bien leur en a pris. « Je n’ai eu que trois jours pour préparer cette course, mais au final c’était bénéfique car par le passé j’avais toujours tendance à trop réfléchir. »
La déception au moment de franchir la ligne d’arrivée
Dans le portillon de départ, la Schwytzoise s’était mis beaucoup de pression, car elle avait le sentiment qu’elle pouvait réellement réussir quelque chose ici à Are, sur une piste où elle s’est immédiatement sentie à l’aise. Pourtant, avant de lever les bras, c’est la déception qui a submergé Corinne Suter, avec son dossard numéro 4, au moment où elle franchit la ligne d’arrivée trois centièmes derrière Sofia Goggia. « Je n’y croyais pas. J’ai enlevé mon dossard et ma combinaison. Puis après le dossard 30, le chef de presse est venu me dire que je devais me rhabiller pour le podium. Je n’y croyais pas. J’ai attendu ce podium depuis tellement longtemps et il est enfin arrivé. »
Et la moisson n’est peut-être pas terminée pour la Suissesse qui, après avoir terminé 2edu premier entraînement de la descente lundi, figurera parmi les outsiders de la course reine dimanche. « Ce résultat me donne la confiance pour la suite. Je suis en pleine forme physiquement », expliquait-elle en mentionnant s’entraîner avec son père qui pratique le bodybuilding. « Je travaille davantage avec des altères qu’avec un vélo », se marrait-elle avant de prendre la direction du centre de la station d’Are pour recevoir un premier trophée tant mérité.
Johan Tachet, Are