« Ce n’était pas du tout une course régulière » Plusieurs skieurs, dont Alexis Monney, Justin Murisier et Loïc Meillard, ne comprennent pas comment le super-G de Beaver Creek a pu aller au bout tant les conditions étaient difficiles. Réactions.
On se demande encore comment les organisateurs des courses de Beaver Creek et la FIS ont pu lancer et surtout laisser aller à son terme le super-G ce vendredi. Les conditions étaient exécrables sur la station du Colorado entre rafales de vent, très mauvaise visibilité et une neige qui s’est mise fortement à tomber par intermittence.
La chute de Franjo von Allmen ne leur a pas mis la puce à l’oreille. La course a pu reprendre après l’accident heureusement sans gravité du Bernois. Le ciel s’est légèrement dégagé, mais le vent ne s’est pas calmé pour autant. « Pendant la descente, on ne voyait parfois pas grand-chose. De temps en temps, une rafale arrivait et soulevait la neige, en haut comme en bas. C’était exigeant », nous a expliqué Stefan Rogentin, qui n’a été épargné par les conditions.
Marco Odermatt freiné par le vent
À l’image de tous les skieurs suisses, à commencer par Marco Odermatt qui s’est élancé face à un fort vent contraire et qui accusait déjà une seconde de retard au premier temps intermédiaire (certes après avoir commis une erreur). Le Nidwaldien, qui restait sur cinq podiums dans la discipline, n’a pu faire mieux que 5e, à deux dixièmes du podium. Stefan Rogentin se classe tout de même dans le top 10 au 8e rang, alors que Justin Murisier termine et Alexis Monney terminent hors du top 15 en se classant 16e et 17e.
« Il y avait des immenses rafales. La course n’était pas du tout régulière. On a senti que la FIS voulait juste envoyer 30 skieurs en bas pour valider les résultats. Pourtant, depuis plusieurs années on parle de sécurité… », s’est emporté Justin Murisier, qui s’est élancé de très longues minutes après les premiers mais n’a pas cherché d’excuse pour autant. « On sait qu’il peut y avoir des conditions difficiles, mais on a envie d’avoir des courses équitables. C’est bien d’essayer, mais il faut aussi oser arrêter. »
Le Valaisan est suivi dans son raisonnement par Alexis Monney. «Je n’ai pas envie de parler des conditions de course, sinon ce ne sont pas des jolis mots qui vont sortir de ma bouche», a pesté le Fribourgeois. «La visibilité allait encore, mais c’est dommage qu’on laisse partir les athlètes avec cinq centimètres de neige fraîche sur la ligne de course. Ce n’était pas très équitable, je sentais freiner comme pas possible sur les plats. Il aurait fallu des lisseurs et des ouvreurs en plus après les interruptions. On est en Coupe du monde tout de même.» Le médaillé de bronze de la descente des derniers Championnats du monde ne se souvient de conditions pareilles qu’en courses FIS ou CIT…
Loïc Meillard: « Je ne voulais pas risquer ma vie »
Loïc Meillard a décidé d’arrêter les frais après quelques portes seulement. « Je ne voyais pas où j’allais et le but n’était pas de risquer ma vie. Je me suis protégé, je n’étais pas prêt à risquer », a lancé le skieur d’Hérémence. « On ne voyait pas la ligne, les trous, les bosses. Et on n’a pas le droit de se plaindre, sinon on a une amende… » Avec son dossard 31, le Valaisan aura été le dernier athlète à prendre le départ avant que la course ne soit définitivement annulée, même si le résultat a été validé après le passage de 30 concurrents.
Dans des conditions très difficiles et aléatoires, Vincent Kriechmayr a fait parler sa classe. L’Autrichien a réalisé un récital notamment dans le mur pour cueillir la 19e victoire de sa carrière. Il devance le Norvégien Fredrik Møller d’une demi-seconde et son compatriote Raphael Haaser.
JT/LMO, Beaver Creek
