Le super-G de Beaver Creek n’a pas été un cauchemar pour tout le monde. Du moins pas pour ceux qui sont partis dans les 14 premiers et ont encore bénéficié de conditions correctes sur la Birds of Prey malgré le vent et la neige. Marco Odermatt et Stefan Rogentin, 5e et 8e du jour, avaient ainsi de bonnes choses à prendre de la journée. Réactions.
Après une course comme celle de vendredi, les réactions des skieurs vont inévitablement dépendre des conditions dans lesquelles ils ont skié et de leur placement au final. Pour Marco Odermatt et Stefan Rogentin, les deux meilleurs Suisses du jour, quoiqu’au pied du podium, le super-G de Beaver Creek était donc bien mouvementé, mais cela fait juste partie du job.
« Oui, il y avait beaucoup de neige, beaucoup de vent, le temps n’a pas arrêté de changer. Ce n’était peut-être pas la meilleure course, mais je pense que ça allait. On a déjà disputé d’autres courses folles ! », a opiné le Nidwaldien, 5e du jour. Le champion de Buochs a été le 7e skieur à prendre le départ vendredi, juste après l’Autrichien Vincent Kriechmayr, qui a réussi la course parfaite sur cette Birds of Prey pour signer la victoire, sa 10e dans la discipline. Ce n’était donc pas tant les bourrasques de vent — ou pas que cela — qui l’ont séparé du podium.
Une course en deux parties
« J’ai perdu beaucoup de temps en haut mais pas seulement à cause du vent : j’ai fait une grosse faute à la première double porte, j’ai skié sur l’extérieur et perdu ma ligne », a expliqué le vainqueur de la descente de jeudi, en ajoutant, toujours fair-play, « J’espère pour Vinc qu’on peut finir la course. » L’Autrichien a pour sa part avoué que cette victoire avait un goût un peu amer, et que ce n’était plus une course équitable après les 14 premiers skieurs (ndlr : l’épreuve a été interrompue pendant près d’une demi-heure à ce stade en raison du mauvais temps).
« Je pense que tout le monde voulait faire une course », a noté Marco Odermatt, diplomate. « Je ne voudrais pas échanger ma place avec Markus Waldner (directeur des courses de Coupe du monde masculines) et devoir prendre les décisions ! Bien sûr, c’était limite, mais tous les athlètes, tous les entraîneurs voulaient faire une course ».
Satisfait de la 5e place
Même si voir Marco Odermatt franchir la ligne d’arrivée avec 1’23 de retard sur le leader est inhabituel, il était plutôt satisfait de son résultat final. « Je suis à seulement deux dixièmes du podium, et avec une faute comme celle que j’ai faite. C’est dommage mais c’est une 5e place, c’est 45 points, ça me va ! » a noté le champion, plutôt joyeux, et pas du tout fâché que les responsables aient lancé la course malgré les conditions difficiles. « J’ai déjà une victoire cette semaine, j’ai gagné 100 points et ça fait du bien, je suis détendu. Mais peut-être est-ce cette tension qui me manquait aujourd’hui : je n’ai pas ressenti le besoin de tout risquer. Et on a besoin de ça pour gagner. » Ce qui ne veut pas dire qu’il ne va pas attaquer dimanche en géant.
En forme au Colorado
Stefan Rogentin, parti juste après son coéquipier, a aussi bénéficié d’une brève accalmie de la météo pour finir 8e, à 14 centièmes de Marco Odermatt. Alors que ceux qui ont suivi bien plus tard avaient de la peine à retenir leur colère, lui aussi avait le sourire aux lèvres après ce 4e top 10 d’affilée en super-G. « Oui, il y avait un petit peu de vent au départ, et pendant la course, la visibilité n’était pas très bonne par endroits. On sentait des bourrasques par moments, et en haut il a neigé, en bas il a neigé, c’était un peu un défi », a-t-il dit en riant. « Ça a empiré par la suite, mais lorsqu’on a pris le départ, c’était tout à fait correct ». Huitième déjà en descente jeudi et 7e en super-G à Copper Mountain la semaine dernière, le Grison n’a en tout cas jamais signé de meilleurs résultats au Colorado et lance l’hiver de manière solide. De quoi repartir avec le sourire.
Laurent Morel/SSW, Beaver Creek
