À 20 ans, Sue Piller disputera dimanche son premier géant d’ouverture à Sölden, et seulement sa troisième course en Coupe du monde. Une étape majeure dans la jeune carrière de la Fribourgeoise. Rencontre.
Sue Piller s’apprête à vivre un moment fort: dévaler le mythique géant d’ouverture à Sölden. Une première sur le glacier du Rettenbach pour celle qui aime se définir comme «la Fribourgeoise qui habite à Berne». C’est une preuve de la montée en puissance de la jeune skieuse qui a découvert la Coupe du monde à Sestrières – deux non-qualifications – l’hiver passé et qui skiait encore en courses FIS il y a deux ans. «Lorsque je vois les vidéos, les différences sont énormes», sourit-elle. «J’avais déjà fait un grand pas durant la préparation l’hiver passé, mais cet été aussi, notamment à Ushuaïa.
Ces derniers mois, elle s’est entraînée avec le groupe de Coupe d’Europe et a multiplié les camps d’entraînements, notamment en Argentine. «Ushuaïa, c’était trop cool! Au début, j’étais un peu sceptique parce qu’on ne sait jamais quelles seront les conditions et c’est un très long voyage… Mais c’était incroyable: de la glace, de la neige de printemps… On a tout eu. Et ça m’a vraiment aidée à progresser.»
Un style calme… mais efficace
Naturellement, Sue Piller s’inspire des meilleures et notamment de Lindsey Vonn, Mikaela Shiffrin et Lara Gut-Behrami. « Ce sont des styles différents, mais j’essaie d’apprendre de toutes », poursuit la Fribourgeoise qui se décrit « calme et posée » dans son style de ski. « On ne dirait pas que je vais vite, mais ça fonctionne plutôt bien», dit-elle en riant. Son prochain objectif technique est de prendre plus de risques. «Je dois m’approcher des limites et pouvoir le faire dans toutes les conditions de neige et de course.»
C’est en géant qu’elle s’exprime le mieux, comme en témoigne sa médaille d’or aux Universiades de Bardonecchia en janvier dernier ou son titre de vice-championne de Suisse en avril à Zinal derrière Vanessa Kasper. Elle n’oublie pas pour autant le slalom. «Je veux en faire plus que l’an passé. Je n’ai de loin pas encore le niveau Coupe du monde dans cette discipline, donc on va d’abord se concentrer sur les courses FIS et peut-être un peu de Coupe d’Europe », poursuit la jeune athlète, désormais installée à Gsteig, qui profite pleinement de sa double culture: «Au cadre C, j’étais toujours avec les Romandes, Julie Deschenaux, Justine Herzog, ça fait du bien de pouvoir aussi parler français. Être bilingue, même si je ne le suis pas encore totalement, c’est une vraie chance.»

Un rêve olympique dans un coin de la tête
Dans l’équipe, tout le monde l’appelle « Sushi », un surnom donné par un entraîneur, au point d’en faire un tatouage et de rêver de se rendre prochainement au Japon. Et sur les skis, quels sont ses objectifs? « C’est d’être heureuse… et championne olympique un jour, peut-être», glisse-t-elle en riant. Et une participation olympique n’est peut-être pas utopique dès cet hiver. Derrière Lara Gut-Behrami, Camille Rast et Wendy Holdener, il restera encore un ticket à pourvoir en géant chez les skieuses suisses. «Ce n’est pas un objectif, mais un rêve. Un bonus. Dans ma salle de force, j’ai un petit logo olympique, ce n’est pas pour Cortina… mais peut-être pour plus loin.»
Les Jeux de 2030 en France sont déjà dans un coin de sa tête, mais son futur immédiat, c’est le géant de Sölden. Une étape parmi d’autres, mais sûrement l’une des plus marquantes de sa jeune carrière.
Sophie Rey/JT, Sölden
