Depuis trois ans, il est celui qui se rapproche le plus de Marco Odermatt, le grand dominateur du cirque blanc. Depuis trois ans, Loïc Meillard ne fait que réduire son écart au niveau des points qui le séparent du Nidwaldien. Champion du monde de slalom, le technicien d’Hérémence qui a déjà conquis six médailles mondiales, est venu rendre visite à l’Après-Ski en ce début de semaine. Morceaux choisis.
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La santé: vivre avec les douleurs dorsales
C’était il y a un peu plus d’un an. Juste avant le géant d’ouverture de Sölden, Loïc Meillard avait dû déclarer forfait. Le diagnostic révélait une déchirure de l’enveloppe du disque intervertébral. Un an plus tard, il doit toujours composer avec des douleurs. «Et ce sera peut-être le cas pour toute ma vie. Cela fait désormais partie de mon quotidien. C’est aléatoire: je peux avoir de bonnes journées où tout va bien, alors que dans les mauvaises, il faut en faire un peu moins et adapter le programme. Avec ce souci au dos, chaque jour est différent», explique le skieur d’Hérémence. «J’ai, par exemple, manqué quelques jours d’entraînement lors de nos quatre semaines en Nouvelle-Zélande cet été. Je dois accepter d’avoir un peu moins de kilomètres, tout en essayant de skier vite.»
Le duel: Odermatt, l’homme qui le pousse
Quand Odermatt cite ses principaux adversaires, le nom de Loïc Meillard est presque systématiquement prononcé en premier. «C’est le principal homme à battre pour nous», sourit le Valaisans aux origines neuchâteloises. «Mais il y a beaucoup d’autres athlètes aussi qui sont rapides et capables de tout changer en une course», relève-t-il, ajoutant. «Je pense qu’on apprend de nos courses respectives. Notre rivalité est très saine. Elle nous rend meilleurs.» Loïc Meillard, de son côté, assure ne pas avoir réfléchi à ce que sa carrière aurait été si Marco Odermatt avait skié à une autre époque. «Peut-être que sans lui, je ne serais pas le skieur que je suis aujourd’hui, parce qu’il nous pousse à progresser et à nous dépasser. Je suis donc content de vivre cette ère du ski alpin, surtout en Suisse.»
Le chiffre: 6 médailles mondiales
En février dernier, Loïc Meillard a atteint le Graal en devenant champion du monde de slalom. Cette médaille, la troisième lors de ces seuls Mondiaux de Saalbach, venait s’ajouter aux trois premières conquises à Cortina et Courchevel. Contrairement à Wendy Holdener et Alexis Pinturault qui disaient lors de la première émission de l’Après-SKi avoir mis en évidence leurs nombreuses médailles dans une armoire à trophées ou un lieu public, Loïc Meillard les a posées sur une étagères dans une pièce de son domicile qui fait office de bureau. «Je ne savais pas où les mettre. Il y a quelque temps, elles étaient encore dans une boîte», sourit-il. «Elles ne sont pas en évidence dans le salon. Il n’y a d’ailleurs aucun élément qui montre que je fais du ski. Cela me permet de couper un peu aussi.» Sur cette étagère, la médaille d’or est posée à côté de celle de champion obtenue au ski-club. «Toutes les deux ont été remportées après une course où je me suis donné à fond et au cours de laquelle j’ai réussi à performer comme je le voulais.»
La passion: la photographie
On connaît Loïc Meillard le skieur, mais peut-être moins Loïc Meillard le photographe. «La photo est un moyen de capturer les moments spéciaux qu’on vit. On a la chance de voyager à travers le monde, de se retrouver à 6h30 le matin sur les skis, avec un lever de soleil, de la neige qui vient de tomber. J’aime immortaliser ces instants magiques.» Sortir son appareil photo lui permet aussi de rester pleinement ancré dans le présent. «Et donc d’éviter de se laisser embarquer dans toutes les pensées ou tout le tumulte de la Coupe du monde», précise le skieur, qui confie préférer se retrouver derrière l’objectif plutôt que devant. Humble et discret, il aime rester en retrait.
Le jeu de l’interview? Il se montre lucide et détendu. «Ce n’est pas quelque chose que je recherche à tout prix, mais je suis conscient qu’il fait partie du métier, et je prends du plaisir à le faire. Mais disons que si on me dit que je n’ai aucune interview à faire dans les six prochains mois, ça me convient très bien aussi», se marre Loïc Meillard. «J’essaie de livrer une partie de moi-même, mais certaines parties de ma vie, je tiens à les garder pour moi.»
La question: à quand la Streif en descente?
Profitant de la présence de Loïc Meillard, Marco Odermatt a voulu poser une question au Valaisan en vidéo. «Quand vas-tu faire ta première descente à Kitzbühel?», a demandé le Nidwaldien.
«Le jour où je ne serai plus au départ du slalom le dimanche à Kitzbühel. Pour l’instant, je ne sais pas exactement quand, mais ça sera le plus tard possible, parce que je veux rester performant en slalom encore quelques années», a répondu Loïc Meillard, qui n’a pris part à une descente de Coupe du monde qu’une seule fois, en 2022. «J’ai énormément de plaisir à skier en descente à l’entraînement, mais aussi en super-G en course. Mais en Coupe du monde, il faut connaître ses limites. Faire toutes les disciplines, ce serait trop.»
Gregory Cassaz, Le Nouvelliste
Les émission de la saison 3:
