À Alta Badia, Loïc Meillard, Luca Aerni et Marco Odermatt n’ont pas réussi à surfer sur leur triplé réussi à Val d’Isère. Rien d’inquiétant toutefois pour les trois géantistes, qui retiennent du positif de leur course italienne. Réactions.

Les skieurs suisses nous ont trop bien habitués. Que ce soit dans les disciplines de vitesse ou en géant, ils enchaînent les performances de haut vol, les podiums. Alors quand le meilleur d’entre-eux ne termine que 6e, comme c’était le cas de Marco Odermatt ce dimanche sur la Gran Risa d’Alta Badia, c’est presque la soupe à la grimace. Loïc Meillard, Luca Aerni et le Nidwaldien avaient réussi un incroyable triplé à Val d’Isère, ils se contenteront d’un top 15 en Italie, Thomas Tumler complétant le tableau. Pas de quoi tout jeter pour autant, au contraire, tant le résultat d’ensemble est ainsi plus que correct.

Loïc Meillard: « Il y a eu de bonnes choses »

Pour Loïc Meillard, finalement 10e, une grosse faute en deuxième manche lui a coûté cher. « J’ai essayé d’attaquer et ma chaussure a touché un petit peu trop le rail qui s’était formé, je suis donc parti sur le ski intérieur », a décrit le Valaisan. « On n’a pas le droit à ce genre d’erreur. Ce n’était pas facile à skier, il fallait trouver le rail, on ne le voyait pas, c’était noir. Mais je pense que c’était plus que faisable et donc il fallait oser y aller, trouver le bon timing. Malheureusement, ma faute m’a coûté en rythme pour le reste de la manche. »

Après son début de saison très compliqué, le frère de Mélanie n’est toutefois pas vraiment retombé dans ses travers d’avant-Val d’Isère. Sa dynamique est intacte, confirme-t-il. « Il y a eu des bons secteurs, il y a eu des bonnes choses et c’est ça qu’il faut garder pour la suite. » Reste que pour l’instant, le champion du monde de slalom n’a pas encore réussi à apprivoiser véritablement la Gran Risa. « Je cherche encore les clés, en géant du moins. » Car en slalom, il aura une nouvelle chance lundi de briller. Avec l’avantage d’avoir déjà skié sur cette piste ce dimanche? « Pas vraiment. Je connais la neige, je sais qu’elle est facile mais c’est la seule chose que je peux prendre. C’est une nouvelle discipline, il faut se réadapter. » Seizième du géant il y a un an, il avait pris une solide 2e place en slalom. Pourquoi ne pas faire encore mieux…

Luca Aerni: « Des secteurs très réussis »

Luca Aerni de son côté cherche à se rassurer dans sa discipline de prédilection. Car s’il enchaîne les performances de très haut vol en géant, il reste largement en retrait en slalom, spécialité dans laquelle il n’est encore pas parvenu à prendre une qualification parmi les trente meilleurs depuis le début de l’hiver. « Je pars de plus loin qu’en géant donc ça risque d’être un peu plus la guerre », rappelle le champion du monde de combiné en 2017. « Mais je l’accepte et je vais au combat ».

Après son splendide podium, il a confirmé qu’il faisais désormais partie des tous meilleurs géantistes de la planète alors qu’il s’élançait pour la première fois parmi les 15 meilleurs mondiaux. Solide 6e de la première manche, il a reculé au 13e rang en raison notamment d’une grosse erreur sur le second tracé. « Cette faute m’a quand même coûté pas mal de temps. Faire des erreurs, ce n’est jamais drôle. Ma seconde manche était moins propre que la première », reconnaissait le skieur de Crans-Montana. « Mais cela reste une bonne course, même si on peut faire mieux. Après, ce n’est jamais simple de retomber sur ses pattes après un podium alors je tire du positif avec du bon ski et des secteurs très réussis. »

Marco Odermatt: « Mon corps répondait bien »

Des secteurs très réussis, il n’y en a pas eu beaucoup pour Marco Odermatt, qui restait pourtant sur quatre succès sur la Gran Risa. Mais le Nidwaldien semblait émoussé, après avoir disputé deux entraînements et trois courses lors des cinq jours précédents à Val Gardena (pour une victoire et deux deuxièmes places). « Non, physiquement, j’allais bien », a toutefois coupé le leader de la Coupe du monde. « Mon corps répondait bien, je n’étais pas fatigué. Par contre, j’ai commis quelques fautes et ça m’a coûté le podium. »

Et c’est extrêmement rare pour le champion de Buochs, qui lorsqu’il finit un géant, n’a raté le podium qu’une fois depuis mars 2021. C’était aux Championnats du monde de Saalbach l’hiver dernier… Alors il y a des explications. « Si tu ne peux jamais vraiment t’engager à fond, si les décisions avec le matériel ne sont pas totalement en accord avec la façon dont tu veux skier, alors tu te retrouves vite derrière. Avec une seconde et demie de retard, c’est difficile de gagner une course comme celle-ci. »

Pas de quoi s’alarmer non plus pour Odi. « Une sixième place, ce n’est pas si mauvais », relativise-t-il. Et avant d’aller à Livigno pour y disputer un super-G juste après Noël, le champion olympique de géant va pouvoir profiter de quelques jours à la maison. « Ces jours vont faire du bien, c’est sûr. » On veut bien le croire!

Laurent Morel, Alta Badia